Comédie dramatique: Le Monte-Plats

-du rire à la reflexion
Là assis sur un siège, dans cette salle remplie d’histoire, sous la voûte de pierre centenaire du théâtre Essaïon, on va vivre l’attente, la tranche de vie, le rire, l’angoisse, l’absurde, la prise en compte et l’aveuglement se côtoyer. Pinter par son texte drôle, dense, aux multiples entrées nous entraîne dans un univers confiné, où le suspens, la tension et l’humour font bon ménage. Ils sont deux, deux personnages dans une cave avec un monte-plats pour lien avec l’extérieur. Que font-ils ici ? Qu’attendent-ils ? Qui sont-ils ? Peu à peu ses questions se posent, et peu à peu les protagonistes, par leurs mots et leurs attitudes nous apportent des réponses. La mise en scène épurée est en parfaite adéquation avec l’atmosphère ressentie par le texte. La traduction de se dernier est très fine et rend subtilement la verve de l’auteur britannique. Et que dire des deux comédiens, si ce n’est la justesse de leur interprétation, à la fois capable de donner une âme à leur personnage et une humanité basiques faites de lâcheté, de peur, d’angoisse, de non dit, et pour finir d’interrogation qui peut entraîner le plus grand danger comme leur délivrance, celui du libre arbitre, d’être face à soi. Alexis Victor (Ben) et Anatole de Bodinat (Gus) captent notre attention dans un duo de bretteurs qui donnent à leurs silences, à leurs accrochages, à leurs réflexions une densité au drame qui se déroule sous nos yeux. En sortant de cette cave, pour retrouver l’air libre, on est encore habité par ce que l’on vient de voir, et cela se poursuit les jours à venir. Assister à cette interprétation de cette œuvre du prix Nobel de Littérature anglais, c’est lire du Kafka version Monthy Python, c’est nous interroger sur le pouvoir et la lâcheté, sur sa propre condition lorsque les questions commencent à naître en soi. Bravo à eux !
# écrit le 03/04/07