Julien Beauchêne

Seul(e) en Scène: Loretta Strong

-L'or est à Maïté Lottin
Le texte de Copi est l'un des plus drôles et imaginatifs qui fussent, à cette époque où le théâtre Panique d'Arrabal et Jodorowski secouait la scène de création en France. C'est plutôt à Topor que Copi emprunte sa vision déconstructiviste et brutaliste du boulevard. Parfois, Bourdet n'est pas loin, mais dans une vision pervertie, quasi post-apocalyptique. Le mal est fait. Nous vivons dans l'après. C'est dans ce mouvement que s'inscrit Maïté Lottin (qui connaît très bien le théâtre de Copi par ailleurs). Son seul en scène est maîtrisé de bout en bout ; il nous réserve son lot de surprises. La culture est solide, mais les allusions qui pourraient être autant de coups de coude et de connivences sales adressées aux plus avertis, ne sont pas envahissantes. C'est kitsch et Art-Déco. Il n'est pas interdit de penser au curieux film de Charles Matton, Spermula, dont la scénographie signée Lucie Meyer, patchwork architectural de plusieurs époques, lovée dans un écrin très seventies (Copi fustigeait en quelque sorte cette Science-fiction de supermarché) sert la morosité quotidienne d'une femme par trop seule et la vitesse d'un vaisseau spatial "camp". Une sorte de crise de l'image-mouvement. Courez voir Loretta Strong, solo d'une formidable comédienne formée à l'ENSATT, qui ne cesse de bousculer et réinventer un texte fou, constamment original, plus que jamais d'actualité.
# écrit le 03/03/20