Ses critiques -Un désastre 2/10 Je suis navré qu'un homme aussi évidemment talentueux que Bill François puisse se fourvoyer aussi gravement dans une voie qui ne devrait être celle de personne, mais surtout pas la sienne ; stupéfait que le public de ce soir ait pu rire à des plaisanteries à ce point convenues et dérisoires, sur des sujets éculés dont on épuiserait la substance à la fin d'un dîner en famille ; scandalisé enfin que personne, parmi ses amis ou l'équipe technique qui l'accompagne, n'ait osé lui faire prendre conscience du désastre artistique et humoristique que constitue "C'était mieux après". Le spectacle de Bill François représente sur scène ce que l'on aurait pu attendre sur YouTube d'un Norman ou d'un Cyprien il y a une dizaine d'années, dans la forme comme dans les sujets abordés. L'absolue indigence des thématiques - les voitures que l'on ne retrouve pas sur le parking, le dernier morceau de pâté que personne n'ose prendre - reflète une vacuité de propos qui ne peut que faire grincer des dents quand l'auteur, dans une stupéfiante absence de lucidité, laisse entendre à son public qu'il "s'encanaille" à un spectacle censément "disruptif". La vérité est que ce soir l'audience hilare du Studio des Champs-Elysées s'est moins "encanaillée" que celle d'un spectacle de Jean-Marie Bigard, mais guère différemment de cette dernière. La vision de Bill François plaisantant lourdement sur les convenances du moment, entamant une bouteille face à un public hébété et pourtant hilare, aurait suffi à elle seule à conjurer l'image de l'humoriste aubois. L'assistance parisienne de ce soir avait-elle seulement conscience entre deux inexplicables gloussements qu'elle communiait en cet instant au même humour que les beaufs de France et les jeunes à casquette qu'elle méprise ordinairement ? Rien n'est moins sûr. Venant d'un autre, la stupéfiante absence de prise de risque du spectacle de Bill François aurait traduit un esprit médiocre dont le sens de l'anecdote ne dépasse pas le périmètre d'un quotidien étriqué. L'esprit et le talent de l'auteur étant au contraire saillants dans chacune de ses interventions, il ne reste plus qu'à expliquer cette contribution avortée à la titanesque anthologie de l'humour d'observation par quelques poncifs auxquels personne, pas même le plus talentueux des auteurs-orateurs, ne saurait échapper : faire rire est difficile ; faire rire intelligemment l'est encore plus ; l'humour et son écriture ne s'improvisent pas. Et autres sorties qui, si elles sont d'une affligeante banalité, rappellent leur brutale exactitude à l'issue de spectacles comme celui de ce soir. Bill François, s'il persévère dans la voie qui lui a assuré aujourd'hui des applaudissements complaisants, récoltera sans doute son lot de rires faciles à force de plaisanteries sans risque. Je crois, cependant, que c'est avec une autre idée en tête qu'il est monté sur scène, et j'en veux pour preuve la pirouette finale reprenant la tirade du Nez qui, si elle était convenue et consciente de l'être, était assez légère et bien troussée pour suggérer ce qu'aurait pu et dû être "C'était mieux après" a l'aune du talent de son auteur : un travail capable de dérision et d'actualité, d'à-propos et d'originalité. Un travail d'humoriste en somme. # écrit le 27/10/21 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
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