Admeunier

One Woman Show: Julie Danlébac dans Digne

-Exceptionnelle Julie DANLÉBAC
Julie DANLÉBAC, artiste exptionnelle fait ici une démonstration de talents multiples. On vient pour rire et puis non, autre chose se passe. Quelque chose de plus fragile et de plus essentiel. Julie DANLÉBAC et son co-auteur nous emmènent là où nous ne voulons pas aller. Beaucoup plus qu'un simple one-woman show où on s'empiffrerait de vannes cousues, Julie DANLÉBAC incarne ici et pour notre plus grand bonheur un clown terriblement américain qui finit par être aussi effrayant que le Monde lui-même. Fragile spectacle de marbre où la palette de cetre actrice qui se bat éclate au grand jour: interprétation, autorité sur les 30 ou 40 personnes présentes, présence également, danse, magie tout y passe et l'on rit parce que le duo d'auteur ne veut pas nous emmener trop loin dans la hideur du Porc des Floyd qui planne curieusement en filigrane du début à la fin. Plus qu'un spectacle, une heure suspendue entre réalité et fiction ou cette petite bonne femme de 1 mètre 80 nous colle des baffes avec le sourire et a l'élégance de nous permettre une forme de divertissement drolatique au mitan de la satire. À voir absolument !
# écrit le 29/07/23

Théâtre contemporain: Göring, Surveillance rapprochée de l'ogre

-Un grand moment de Théâtre
Hier, derrière la chaleur de mon masque, j'ai pu apprécier avec douleur mon humanité. La pièce présentée à la Folie Théâtre "Göring, surveillance rapprochée de l'Ogre", écrite par André Agard et mise en scène par Yves-Patrick Grima en surprendra plus d'un. En effet, alors que l'on pourrait s'attendre à une confrontation entre un monstre d'horreur et un médecin psychiatre américain et démocrate, la pièce prend rapidement une ligne de crête extrêmement subtile et nous emmène là où nous ne voulons pas aller: vers nous-même et notre humanité. En effet, André Agard (dont le travail est documenté) nous présente le numéro 2 du régime nazi comme quelqu'un de normal et séduisant: extrêmement intelligent et sensible et cela nous bouscule tout autant que ce médecin qui doit en prendre soin avant le procès de Nuremberg et le maintenir en vie coûte que coûte pour que le procès ait lieu même si le verdict est connu d'avance de tous. Göring chante une comptine en allemand, Göring est contre la vivisection des animaux et dit délibéremment qu'il se positionnait dans une logique de pouvoir et rien d'autre. Les camps de concentration et d'extermination ? Rien d'autre pour lui que des camps d'opposants politiques. Sa haine pour Hitler ? Il lui barrait tou simplement la route vers le pouvoir. Crime contre l'humanité ? Göring répond au médecin de l'armée américaine: et Hiroshima et Nagasaki... Tout le monde dans la salle tombe des nues et on ose pas rire aux quelques saillies de Göring et son implacable intelligence nous remet en question en tant qu'hommes. Göring bon camarade en prison, Göring héroïque et élégant en 14 (il ne poursuit avec son avion que ceux qui sont armés)... Bref, André Agard nous conduit loin des sentiers battus et pose gravement la question de notre humanité faite d'ambition cruelle et despotique depuis la nuit des temps qui que l'on soit. Par ailleurs, l'espace de la petite salle de "La Folie Théâtre" permet au metteur en scène de laisser vivre le texte sans fioriture et les acteurs sont tous très juste: Göring a une voix subtile et tonique et le jeune acteur qui interprète le médecin est impeccable dans sa manière à esquisser son trouble face à ce personnage hors norme de manière très fine. Le colonel qui dirige la prison est également très bien: il incarne parfaitement cet homme "martial" qui répond aux ordres de sa hiérarchie et vient tenter de mettre un frein à "l'amitié" qui nait malgré elle entre le médecin et le le troublant Maréchal Göring. A n'en pas douter, un excellent spectacle.
# écrit le 07/01/22