Le décor tout rouge de la pièce est un peu vieillot et impersonnel, mais je me suis dit : " Le texte peut venir gommer tout ça ". Qu'un éditeur du XXIème siècle soit choqué par l'orientation sexuelle somme toute banale de son écrivain n'est cependant pas très plausible, encore moins quand on découvre la sienne ; que le manque de loyauté de son amoureux soit à ce point pris à la légère par cet écrivain qui éprouvait pourtant des sentiments pour lui, ça éloigne. Les personnages sont tous très stéréotypés, mais je me suis dit : " Le jeu théâtral peut compenser et apporter de la profondeur ". Ce soir-là à Asnières, malheureusement, la distribution devait être pressée : les dialogues étaient expédiés sans un minimum d'écoute entre les répliques, sans ce silence naturel propice à l'émergence naturelle des sentiments qui permet au spectateur d'adhérer aux relations qu'on lui propose. Mais je me suis dit : " La mise en scène peut convoquer ce surplus de vérité ". J'ai cherché en vain dans le jeu des corps entre Jean et Teddy cette proximité, cette chaleur, de la tendresse, du désir... Même Sylvie avait une partition dramatique à jouer dans sa mort symbolique par l'oubli : désolé, je n'ai vu que des mots, que de l'intellect... Les noirs entre les séquences, meublés de musiques d'ascenseur, n'ont pas contribué à ce que l'on s'attache davantage aux personnages, interrompant nos tentatives d'identification comme des pages de pub un feuilleton télévisé. Pauvres lectrices de Leneuve ! Pauvres spectateurs ! # écrit le 11/04/24