Théâtre dramatique: Camarades

-Le message est entier
J'ai observé la pièce intitulée Camarades d'A. Strindberg avec intérêt, avec le même intérêt que les acteurs semblent lui vouer. Quel est-il ? Est-ce un goût pour le drame ? Pour l'humiliation ? Pour la condescendance ? Pour les lieux communs ? Pour la sauvegarde de l'intégrité derrière des principes qui ne dépendent pas des êtres et de leurs actes ? Est-ce un goût pour les lieux communs et la provocation ? Est-ce un goût amer pour la femme ? Est-ce un pamphlet à l'encontre de ceux qui ne sont pas encore nés et qui feront tôt ou tard usage de la violence pour soumettre, pour abaisser, avilir l'autre ? Vous l'aurez compris, cette pièce touche à de nombreux thèmes et organise des liens perspicaces entre eux. Sous couvert des bouleversements socio-culturels relatifs à la peinture et à l'émancipation de la femme, dans une ambiance de décadence civilisée et propre, il est des êtres différenciés, tendus, nonchalents, las de vivre, automates malgré eux dans une société qui les réfrène, qui leur jète la menue monnaie. Attiré par l'esthétisme droit et fou, le cirque est là, présent, aux aguets, et il est habillé ; le vaudeville est classieux. Camarades, c'est, au départ, un groupe d'individus qui s'affranchit des convenances, de la bienséance, de la distinction des sexes et - bien qu'avec impotence. Les rires nerveux maintiennent les hommes en retrait, animal blessé dans toutes ses conceptions ; il est même nu à un moment de la pièce face à ce "tyran docile" qu'est la femme. Et lorsque la femme sort de sa condition de misérable procréatrice, l'homme entre en guerre par l'application de la misogynie, des lois faites par d'autres hommes. la miné par l'hystérie et la sentimentalité, si les hommes "se réalisent au contact de la femme", les victoires des femmes sont à l'arrachée comme sont les droits fragiles des ouvriers volés à leur patron. Si Bertha devient arriviste, elle est victime du succès et enchaîne la condescendance à la condescendance plus la rancoeur. Et comme si le système de surenchères ne suffisait pas, il subsistera toujours assez de reproches et de traumas pour que perdure la domination sur l'une ou l'autre partie. Voici donc une triste oraison funèbre dont aucun ne sort grandi.
# écrit le 07/02/10