Thomas Roman

Théâtre contemporain: Fugue

-La vie devant soi
On pense au Xavier Dolan de "Juste la Fin du Monde", au "Vice Versa" de Pixar, bien sûr, mais on est là dans un registre adulte, européen, résolument complexe, à rebours des simplifications enfantines et américaines. Un côté "La Horde" aussi, pour les intermèdes chorégraphiques. Et pourquoi pas, aussi, "Euphoria" de Ron Leshem y Daphna Levin. Bref, un huis-clos pêchu, tourmenté, qui emporte, confrontant un jeune homme obsédé par un deuil à ses alter-egos psychiques, incarnations poétiques et dramatiques de toute une errance mentale : pulsions, colères, folie, poésie, nostalgie, et addictions virevoltent autour de l'être abattu par son chagrin. A moins qu'il ne s'agissent de simples amis ergotant autour du camarade pris dans une sorte d'hébètement ?... Peu importe. On entre d'emblée dans ce tourbillon d'émotions portées par une troupe convaincante, juste, touchante même, avec quelques personnalités fortes qu'on aimera retrouver. Et un très beau geste scénique, qui clôt la farandole sur une élégie émouvante dont la leçon serait peut-être que, plutôt que fuir, il faut courir au devant de soi.
# écrit le 23/07/22