Qui ne dit mot consent . Lorsque sous pression, par hasard, celui qui se tait d'habitude ouvre sa bouche, la Révolution n'est pas loin ! De quel recoin de l'histoire et de la psyché de chacun émane cette prise de parole pour se faire respecter ? Comment l'Ordre et le Pouvoir vacillent devant ce cri incongru ? Comment même la routine et l'équilibre de l'équipe de travail et de ses représentants sont profondément perturbées par cette sortie du rang inattendue. Comment les salariés finissent par faire leur cette insoumission, se soudent autour de cette parole opérante et déclenchent une lame de fond pour obtenir le respect Et comment cette prise de parole est un accomplissement qui les transforme dans leur amour propre, leur incarnation qui a enfin prise sur le réel par la sortie de la déshumanisation au travail. Sujet enthousiasmant, profond, nécessaire mais lourd au prime abord ! Sur un texte pétillant à la Devos au prime abord, intime et poignant par moment, Sarah Pepe organise avec minutie, entrain et humour comment l'expression spontanée de la révolte par quelqu'un qui d'habitude se tait, déclenche une réaction en chaîne où l'ordre s'effondre, les corps, les egos, les équipes s'entrechoquent et se disloquent, restent en suspens un moment, avant que de ne se réorganiser pour ne plus permettre qu'un ordre nouveau. Avec énergie et astuce, chorégraphies et bruitages, Sarah Pepe présente avec peu de moyens un spectacle foisonnant aux cent facettes Du très bon théâtre servi par d'excellentes comédiennes, la volubile voire tonitruante Sarah Pepe , l'émouvante, fragile mais forte Mayte Perea Lopez et la sidérante Sonia Georges, d'abord candide sincère alors qu'elle est bousculée comme une boule sur une table de flipper, qui propulse ensuite avec force et humanité le message poignant de l'ultime construction intime et socialement structurante qu'est l'affirmation de soi. # écrit le 12/07/23