Cette pièce est une injustice. On pourrait croire que, dans son infinie mansuétude, Mère Nature a réparti équitablement entre les hommes vertus et valeurs. Qui aurait le don de la cuisine, qui excellerait à la course, qui saurait faire chanter un brin d'herbe en soufflant dessus entre ses mains. En matière de théâtre, certains auraient le don du costume, d'autres de la mise en scène, les derniers celui de l'écriture. Mais non. Mère Nature est injuste et cette pièce en est la preuve. Car Julien Le Pocher, jeune metteur en scène sorti d'on ne sait où, à le culot d'avoir le don des costumes ET de la mise en scène ET de l'écriture. C'est un peu comme si un seul et même nominé remportait tous les Césars ("attends comment tu as pu décrocher Meilleur montage, Meilleur acteur ET Meilleure actrice dans un second rôle ?!"). Si j'osais, je dirais que Julien Le Pocher est un peu la Meryl Streep du théâtre - mais n'exagérons pas, tout de même, un peu de retenue. Le temps d'un acte en plan séquence, on cherche la maladresse, le texte approximatif, la prise de risque un peu déplacée... mais en vain. On cherche un nez, aussi, mais on n'y prend que son pied (ok je sors). Cet homme, cette troupe, ce théâtre ont du flair et du talent. La rançon de cette injustice, envers nous qui ne sommes que spectateurs, c'est qu'ils ont le devoir de nous en donner encore à voir. Nous allons les suivre de près - et gare à eux s'ils ne font pas honneur à leur talent. # écrit le 16/04/15