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Théâtre contemporain: La Confession

-Trouble, foi et passion
10/10

Deux actes, deux duels spirituels, deux affrontements. Ici qu'importe que vous soyez croyant, athée ou agnostique, qu'importe que vous ayez la foi ou pas, quelle que puisse être votre religion vous ne pouvez pas être indifférent à la question que Jean-Luc Jeener soulève dans sa remarquable pièce, celle du secret de la confession. " La confession est l'un des sept sacrements reconnus par l'Eglise catholique et les Eglises orthodoxes. Elle permet au pénitent qui reconnaît ses péchés de recevoir le pardon de Dieu et de se réconcilier avec la communauté chrétienne. " (Le Monde – 2021) Le canon 983 du droit canonique énonce que " le secret sacramentel est inviolable. C'est pourquoi il est absolument interdit au confesseur de trahir en quoi que ce soit un pénitent, par des paroles ou d'une autre manière, et pour quelque cause que ce soit ". Ainsi la confession oblige le prêtre qui recueille l'acte de pénitence à ne jamais le révéler, sous peine d'être excommunié. Ce rituel est une spécificité des religions chrétienne et judaïque. Depuis deux ans le sujet est brûlant d'actualité, le secret de la confession, bien qu'assimilé selon la loi au secret professionnel des avocats et des médecins , est-il au-dessus des lois de la République ? Selon Gilles Clavreul, le secret de la confession ne peut en aucun cas être " supérieur " aux lois de la République, pour la bonne raison qu'il est reconnu par les lois de la République : autrement dit, il ne peut pas être au-dessus de la loi puisqu'il est dans la loi. Si dans l'Église catholique, le secret de la confession est un droit absolu et inaliénable, dans le droit français, le Code pénal autorise la levée du secret professionnel qui s'applique aux ministères du culte lors de sévices sur des mineurs et des personnes vulnérables. C'est la raison pour laquelle le rapport Sauvé demande que cette jurisprudence entre dans le droit canonique. Ce sont les deux facettes de ces engagements auxquelles nous assistons sur la scène du Théâtre du Nord-Ouest. Dépouillement et sobriété mettent en valeur la force du propos. Le premier acte nous permet d'assister à la confession d'un prêtre pédophile auprès d'un autre prêtre qui d'emblée nous submerge de sa foi inébranlable en l'Eglise catholique. Un duel étonnant entre les deux hommes se déroule devant nous, le premier voulant tester la force et les convictions du second par peur qu'il trahisse le secret de la confession. Le second voulant être persuadé de la sincérité de la rédemption du pêcheur pour s'autoriser à lui donner l'absolution. Le second acte se déroule trois années plus tard et confronte le prêtre confesseur à une juge d'instruction qui l'a convoqué suite aux révélations du prêtre pédophile auteur d'un crime abominable sur un adolescent de 16 ans qu'il a violé et assassiné. La juge n'aura de cesse d'accuser le confesseur de complicité dans ce crime, pour n'avoir pas dénoncer trois ans plus tôt le futur assassin. C'est, selon moi, ce second acte qui est le plus troublant, le plus bouleversant. L'auteur utilise tous les arguments des deux protagonistes, sans en oublier le moindre aspect. Nous assistons à un théâtre ancré dans une réalité saisissante, l'écriture est incisive, moderne, puissante, digne des plus grands auteurs dramatiques. Nous ne pouvons qu'évoquer Sartre, Shakespeare, Anouilh, Bernanos. Mais un texte théâtral, quel que soit sa force, n'est rien s'il n'est pas porté par des comédiens remarquables. Dans le cas présent nous assistons à trois incarnations totales des personnages. Pas une seconde nous doutons de la perversité et des tourments d'Olivier Bruaux.La crudité de sa parole pour confesser les crimes qu'il a commis, nous est assénée avec une telle vérité que l'on se surprend à le haïr tant il s'identifie à son personnage. Dans le rôle du confesseur, Didier Bizet compose un prêtre plus authentique que nature. Nous vivons de l'intérieur tous les doutes, les craintes, les troubles qui le submergent. Son intelligence du texte nous fait penser à celles des regrettés Michael Lonsdale et Jean Topart. Louise Lemoine Torrès campe en ce qui la concerne, une juge impitoyable, éprise d'une justice humaine purement républicaine, elle tentera jusqu'au bout de faire plier ce prêtre dont la fidélité à la loi canonique est inébranlable tant il ne se considère qu'un passeur de la loi divine, afin qu'il prenne conscience de sa responsabilité de citoyen. Elle tentera de le faire douter, selon moi sans y parvenir. Un spectacle qui remplit de bonheur tant il oblige à se sonder soi-même pour connaître notre propre conviction. Car l'intelligence de son auteur, qui signe également la mise en scène et la direction d'acteurs, est de ne pas révéler sa propre conviction pour nous laisser libre du choix de la nôtre.
# écrit le 10/09/23




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