Ses critiques -FATALITY JANE 9/10 "FATALITÉ JANE" ou UN FAUX PAS DANS LA VIE D'EMMA PICARD. A VOIR ABSOLUMENT!! Magistrale interprétation d'Emma qu'incarne à la perfection Marie Moriette, qui est dirigée dans une mise en scène dépouillée et très sobre par le metteur en scéne, comédien et adaptateur Emmanuel Héraut. "Magistrale Marie Moriette"? et pourquoi donc? Car ce rôle est trés ardu trés difficile : âpre... abrupt... délicat et sensible... Au fil de la pièce vous découvrirez un personnage hors du commun et magistraleent joué car si difficile à interpréter!... Emma... c'est donc son prénom... Ce n'est donc pas une "Calamity Jane" ou une "Ma' Dalton", malgré sa jupe sale de pétroleuse et ce fusil qu'elle tient serré, blotti contre elle comme un nourrisson ... Pourtant "Jane", ou "Ma'"... elle voudrait bien être de celles-là! Mais elle peut poing...Ce, malgré ce même fusil en bandoulière telle une guerrière de la révolution mexicaine Elle... c'est simplement EMMA...: une veuve et ses quatre orphelins. Emma....: toute en colère, roulée en boule comme un hérisson... écrasée elle aussi pourtant, sur cette grande route de transhumance, sur ce chemin de croix des colons blancs exilés de France. Écrasée par le poids des souffrances endurées. Tragique, poignante... hébétée par sa colère... Sans cesse à forcer sa force à de vains efforts -tel Sisyphe glissant tout en bas de la colline, où campent ses lopins de terres alloués par le gouvernorat colonial ... Emma oui, Emma qui glisse mais remonte... Et qui la gravit de nouveau cette colline... jusqu'à son sommet!... Là tout là-haut... tout en haut... Mais... pour aussitôt redégringoler en bas... Silhouette soudain assombrie et mangée par les essaims de nuées de sauterelles qui envahissent tout: terre...air... eau...! Tornade d'insectes incendiaires et innombrables ! Ou bien voici Emma qui vide... un puits vide!... Ou qui cultive sa terre sèche, dure, stérile, aride comme la pioche qui ricoche sur la roche... Emma et ses fils écrasés par les travaux forcés de colon pauvre, Emma, en femme prolétaire du patriarcat des hommes qui l'asservissent au nom de son beau pays, et en lieu et place du colonisé. Emma, laborieuse, enchaînée à son sort par la longue et interminable chaîne la rattachant aux colonies et aux indigènes -qu'elle spolie elle aussi pourtant-... Emma, éreintée et pourtant si rageuse. Et si endurante! Une embellie climatique? Et bien on voit se dessiner un grand sourire sur les lèvres d'Emma! Un homme qui l'aime ? C'est l'espérance retrouvée! Alors soudain, sous cette chaleur écrasante, dans ce brasier saturé par les degrés brûlants, l'amour lui donne des ailes et la désaltère. Et tout n'est plus que ferveur et vitalité, entrain et ardeur... frénésie au travail!... Emma irradie soudain, et de nouveau! Mais... ce sont des radiations radioactives...: fatales, implacables...qui à l'image de Madame Curie ne font que précipiter sa chute... Car au fond, quoiqu'accablée par son sort, Emma est lucide comme une tragédienne. Oui ...son sort...qu'un choeur grec d'une voix égale et à l'unisson ne cesse de psalmodier. Dans le murmure des éléments déchainés, à travers le chuchotis des tremblements de terre ou bien encore par la voix douce et insistante des défunts qu'elle ira peut-être rejoindre! Ce sort que l'on nomme le destin et qu'elle a croisé sur sa route! Ou bien s'appelle-t-il fatalité?... FATALITÉ JANE... # écrit le 09 Septembre
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