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Théâtre musical: Barbara, voyage d'une rive à l'autre

-Manon remonte aux sources... de Barbara !
Parler d'un spectacle est toujours difficile, car chacun sait que c'est le résultat du travail considérable de toute une équipe, une troupe, de sueur et de volonté, de désir et d'amour. Mais quand l'alchimie est réussie, au point d'offrir pareille grâce, il faut louanger ! Et nous sommes en présence de cette alchimie... Barbara est sans doute à la fois l'auteur-compositeur, et l'interprète idéale (et si personnelle !) des douleurs et des émotions de tous, et de chacun de nous... C'était donc évidemment une gageure de vouloir retransmettre, retranscrire cet univers. Je ne dis pas recopier car à aucun moment on n'est là en face d'une rétrospective d'artiste, prétexte à la commémoration de la disparition de cette "longue dame brune" (10 ans déjà !), mais on assiste à un spectacle tout neuf, composé de chansons comme sorties toutes chaudes du four de la création de cette confiseuse de textes et de musiques, reine du sucre filé. Attention, ça brûle encore ! Et tout cela est dû aux talents ajoutés, mixés, d'une formidable équipe! Une triste coutume veut (même si ici, cela ne veut rien dire !), qu'il faille distinguer les vedettes, Manon Landowski et Marie-Thérèse Orain, vraies (je ne peux dire mieux !), dans les chansons en solo comme dans les duos, où leurs voix ne se complètent pas, mais colorent ensemble les émotions, (deux peintres tenant un seul pinceau !) Le spectateur sera charmé, ébloui par les chorégraphies de deux danseuses rehaussant de leur talent et grâce plusieurs chansons. Et emporté par "le" musicien, funambule glissant avec légèreté sur les portées musicales à l'intimité universelle, passant habilement du piano à l'accordéon (parfois les deux en même temps !), apportant sa petite touche de vérité musicale à cet ensemble. Personnellement, je fus plus que troublé par l'émotion brûlante de l'interprétation d'une chanson, moins connue que l'Aigle noir ou Gottingen: Cet enfant-là... Mais ce spectacle s'offre aussi une âme, par la sobriété et la douceur de la mise en scène. Chaque geste est pur, chaque mouvement et placement pudique, la metteuse en scène Catherine Le Cossec ayant eu l'intelligence d'être présente, et de se faire oublier à la fois. Souvent, le metteur en scène phagocyte le texte et les interprètes, tentant d'imprimer son empreinte sur le spectacle. Là, elle s'est appliquée à "offrir" à chaque interprète la même valeur. Tout y est grâce, amour et volupté... Ne vous attendez pas à assister à un concert de Barbara proposé par une vague imitatrice ! Ouvrez vos yeux et vos oreilles, ouvrez aussi votre coeur, et laissez entrer en vous, au plus profond de vous, la magnificence poétique, parfois rebelle, des textes "barbaresques", les mélodies suaves et douloureuses, en un spectacle "protégé" par cinq amants épris pour qui "la plus belle histoire, c'est vous !" Merci de la magie, de la lumière, de la vérité de ce sublime spectacle !
# écrit le 05/12/07