Une belle soirée. les comédiens sont sympas mais le scénario est faible, le son aussi n'est pas bon, les micros ne sont pas à la hauteur! Par contre l'orchestre de jazz et les danseurs sont impressionnants. # écrit le 06/07/08 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Pierre Assouline a écrit dans son blog : "Je l'avais raté il y a deux ans à l'Atelier-Théâtre de Montmartre. Dès que le Théâtre du Lucernaire à Paris a mis à l'affiche Lettre à mon juge le 23 avril dernier, je me suis promis d'y aller voir. Quelques séjours à l'étranger m'en ont empêché. Fort heureusement, le spectacle rencontre un tel succès qu'il a été prolongé jusqu'au 30 août. J'y étais donc hier soir en compagnie de mon ami John Simenon, fils de l'écrivain et gestionnaire de son oeuvre. Robert Benoît nous a soufflés. Littéralement. Et les spectateurs également. Une table, une banquette, un tabouret, des barreaux de cellule. Deux heures durant au paradis du théâtre, dans une petite salle choisie pour l'intime proximité qu'elle impose avec le public, seul face à une cinquantaine de personnes, Robert Benoît ne lit pas le texte, contrairement à ce que beaucoup imaginent étant donné la vogue de ce type de lecture publique ; il ne joue pas davantage un rôle, au sens où on l'entend généralement ; il est Charles Alavoine confessant ce que fut sa vie à la veille de se donner la mort. Son adaptation (suppression du procès et de tout ce qui "faisait roman", raccourcis, mise en valeur des images) ne trahit en rien le grand livre , sobre et discret, dont il s'est échappé. Ce monologue confère au texte des accents dostoïevskiens, ceux de Carnets du sous-sol sans leur dimension hystérique. Comme une redécouverte, à l'oreille cette fois, pour ceux qui ont déjà lu ce livre à maintes reprises. Rarement ses personnages masculins ont paru aussi accablés et dépassés par l'amour qu'ils vouent à une femme qui confie sa volupté à d'autres hommes. Soudain Simenon s'impose, plus que jamais incarné à travers son héros tel que Félicien Marceau le définissait :"l'homme des cavernes plus quelques névroses". On ressort de la salle hanté par cette voix et cette présence, dont on ne saurait dire si elles sont du comédien ou du personnage. Etrange expérience de ressentir ce qu'ils ressentent. Et l'on se prend à rêver à ce que donnerait au théâtre un autre monologue tout aussi puissant, Lettre à ma mère, ainsi que des romans à deux personnages, en duo dans Le Train ou en duel dans Le Chat. Plus encore que le cinéma (Granier-Defferre avait très justement et finement porté ces deux titres à l'écran) ou la télévision, le théâtre pourrait témoigner de l'intemporalité de cette oeuvre et, avec ses moyens propres, révéler sa modernité à tout un public, lecteurs et spectateurs mêlés, qui l'ignore. Que vous en soyiez ou pas, ne passez pas à côté de Lettre à mon juge." # écrit le 03/07/08