Une histoire de deux frères, une femme, une relation étrange, dangereuse. Un huis clos. Cela m'intrigue, me tente. Quelques critiques, bonnes, très bonnes, parfois dithyrambiques. La pièce commence joliment. Dans un clair-obscur. Un dialogue comme un monologue. Cela peut paraître étrange, pourtant c'est juste, on est touché, déjà. On est dans une banale cuisine, la nuit... On parle avec sérénité et pourtant le danger est là. On le sent. Cette histoire nous touche malgré son exceptionnelle tension, ou peut-être grâce à elle. De la légèreté, de la force.... Je pense aux " Deux femmes courant sur la plage " de Picasso : elles si rondes, si lourdes semblent prêtes à s'élever. Mais le ciel n'est en l'occurrence jamais bleu ici. L'humour même est source de danger. Enfin, on le craint. Et si l'on rit parfois, on n'est pas loin de s'en repentir. Un texte dur, féroce, ciselé. Un texte moderne dans son sens juste, à l'image de ses personnages, d'aujourd'hui. Fiers, forts, fragiles. Ils sont incarnés par trois jeunes acteurs tous remarquables. L'un tout en tension, parfois en violence. Epoustouflant. Hypnotisant. L'autre, au charisme plus sous-jacent, s'affirme au fil de la pièce et montre un jeu plus subtil que ne le laissait entrevoir son personnage typé. Elle, la jeune femme, celle par qui le drame arrive, un peu malgré elle, arbore un sourire qui charme mais qui peine vite à dissimuler un vrai malaise, une confusion. L'actrice, Joana Cartocci, ne commet jamais l'erreur de tomber dans la facilité, et si elle semble par moment à contre-courant du drame qui se trame c'est juste que son personnage ne peut le voir, on ne le veut. Un trio d'acteur finalement au diapason d'un texte et d'une mise en scène au plus près de l'humain... Où l'inhumain n'est forcément pas loin. La folie, finalement, nous guette tous. Bravo et encore bravo. Ne ratez ce moment sous aucun prétexte. Voilà du théâtre vivant et vibrant ! # écrit le 09/11/14