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Théâtre contemporain: Le soupir de la Poupée

-Nous, marionnettes aussi futiles que sublimes...
Les spectateurs qui ont eu la chance d'assister à ce spectacle garderont le souvenir d'une soirée aussi originale qu' insolite qui tranche avec le rituel du protocole de la soirée théâtrale : ici, rien de compassé : pas de lever et de baisser de rideau solennels mais des fondus au noir marquant les ellipses entre les mouvements dramatiques, pas de révérences altières appelant à l'acclamation mais un congé en polka qui prolonge le spectacle, pas de troisième rappel mais des acteurs se fondant dans le public pour des embrassades fraternitaires et guillerettes (tant pis pour la grippe A...) Notons que le sujet de cette fantaisie est grave : la mort comme seul horizon d'attente de l'existence humaine, la cruauté imbécile des Moloch aux trois concupiscences (pouvoir, sexe, maîtrise) mais il est traité avec élégance sur les modes de l'Allegro et du Scherzo. Les genres s'y croisent : le drame romantique par le sort d'une des poupées nommée Octave, poète narcissique et amoureux infortuné d'une autre poupée de " collection " à qui il veut offrir ses petites productions symphoniques alors qu'une petite " broche " serait peut-être pour elle, un plus beau présent... ; le vaudeville par les traits d'esprit énoncés par la pétulante Lise Thibeault jouant le rôle de la poupée cynique ; la parodie de la comédie musicale par les pitrerie ; le sitcom par les conversations légères des poupées futiles entre elles ; la fantaisie par le décor ; le drame métaphysique par la convocation implicite du topos de la vanité des soupirs et des plaintes, (le memento mori). On a deviné que les soupirs de ces poupées désarticulées ont un air de famille avec nos cris (puérils, insignifiants et sublimes) que le temps efface, que le vent porte au loin vers un destinataire mystérieux ou inexistant.
# écrit le 18/10/09 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com