Le texte nous entraîne tout en douceur dans le voyage imaginaire – et imaginé – de deux enfants confrontés à l’absence de leur mère.

Confiés aux soins d’un vieux monsieur plutôt comique, et d’une buandière pleine de bons sentiments, Petit Navire et sa grande sœur Roxanne attendent impatiemment le retour de leur mère partie en voyage vers les plus hauts sommets du monde. Pour combler le manque étouffer la colère qui les étreint parfois, les enfants nourrissent d’incroyables projets : Petit Navire veut quitter l’école pour faire de la politique et changer le monde, Roxanne s’immerge dans l’étude pour traquer les secrets de la chlorophylle ou ceux de la gyroscopie du mouton… Mais leur mère ne rentre pas. Quel est donc ce voyage qui l’arrache à sa famille ? Avec grâce et délicatesse, cette pièce aborde le thème de la maladie, du secret qu’elle engendre dans les familles. S’il transparaît en filigrane, le terme tragique de ce voyage n’entame en rien la vitalité des enfants. Courageux, terriblement attachants, ces quatre personnages abritent une même émotion. Ensemble ils poursuivront le chemin parce que la vie est une suite de découvertes et de bonheurs.

Petit Navire est un texte drôle, séduisant, léger et grave. J’aime cette écriture qui allie le goût de la langue classique à des audaces contemporaines ; j’aime cette pièce qui traite avec humour et délicatesse des rapports humains ; j’aime la question qu’elle pose : faut-il, pour protéger les gens qu’on aime, leur cacher la vérité ? (Dominique Catton)