En prenant comme fil rouge, cette phrase, essentielle, de Peau noire, masques blancs en 1952, Christiane Chaulet Achour souhaite pointer certaines étapes du parcours intellectuel et militant de Fanon et certains points forts du devenir de la lecture de ses oeuvres aux États-Unis, car c'est là que son oeuvre – surtout Les Damnés de la terre – a pris son essor ; puis dans ses trois pays d'appartenance : les Antilles et singulièrement la Martinique, l'Algérie et la France.

Fanon a initié toute une gamme de réflexions à la jonction forte des années colonisation/décolonisation : sur le racisme, sur le statut et la fonction de l'intellectuel, sur la distance et l'exil, sur la construction du continent africain. Son désir de faire émerger " l'homme total que l'Europe a été incapable de faire triompher " et les moyens qu'il s'est donné pour concrétiser ce désir ont rendu ses textes incontournables dans la critique de l'européocentrisme dont les effets s'exercent toujours dans les inégalités d'aujourd'hui et dans les recherches postcoloniales qui déplacent et transforment la lecture du monde et des textes dans la confrontation de regards.

A Savoir :
Le musée Dapper a le plaisir d'accueillir Mahogany March*, manifestation culturelle proposée par l'écrivain Léonora Miano, auteur entre autres des Aubes écarlates et de La Saison de l'ombre.