Parler de l'enfance n'est jamais chose facile, surtout si l'on s'y emploie avec des mots d'adultes. Musique pour petits et grands enfants, l'expression était toute trouvée : Schumann lui-même l'a inscrite en épigraphe de son recueil de piano à quatre mains opus 85, oeuvre liminaire de ce récital. Avouons-le d'emblée, la tentation était grande d'y ajouter un petit adverbe : et surtout pour grands enfants... Car, malgré la présence du texte de Jean de Brunhoff, c'est bien à nous autres, grands, que s'adresse ce concert ; ou plutôt à cette part de nous-mêmes qui est restée enfantine. Car ne subsiste-t-il pas quelque chose de ce petit miracle de simplicité que nous étions à dix ans, et que nous avons un jour abandonné à ses jeux pour endosser le frac de la grande personne? Et quel moyen de l'atteindre, sinon par la musique.