quel est donc le point commun entre la naïve Barjolaine partie en club à Djerba, une journaliste coincée qui interviewe une bimbo délurée de la télé-réalité, Capricia, la commerçante rusée et sa fameuse cabine d'essayage magique, Suzanne, l'alcoolique pas vraiment anonyme, un pro des réunions Tupeperware à la dérive ou encore cette starlette aux dents longues qui va plomber la soirée des Molaires d'Or? L'irrésistible Hélène Oddos, bien sûr, dont le One Woman Show est d'autant plus jubilatoire qu'elle est elle-même "possédée" par une entité mystérieuse et vaguement diabolique, le Chupit. Dérapages et fous rires garantis!

Déjà toute petite, elle était très drôle. La preuve : elle faisait beaucoup rire son papa. Quand elle faisait son rot, il éclatait de rire, l'appelait " Mon canard " et essuyait amoureusement le lait caillé dégoulinant sur le ravissant menton de son adorable progéniture. Son grand frère riait lui aussi chaque fois qu'elle gigotait en hurlant parce qu'il la bombardait de grains de riz crus à l'aide d'une sarbacane/stylo Bic évidé faite maison. Quand à Maman, elle riait elle aussi,enveloppant d'un regard de tendresse éblouie tout son petit monde, et remerciant nuit et jour le Seigneur de lui avoir envoyé cette petite fille, cette autre elle-même, mais en mieux, prophétisait-elle, car il ne lui serait jamais venu à l'idée de douter ne serait-ce qu'une seconde de la valeur du fruit de ses entrailles.

Elevée au Frédéric Dard (son papa mettait des San-Antonio dans son biberon) et chargée de toute cette rieuse tendresse sans limites, Hélène part à la conquête de Paris . Sa première action marquante est d'aller faire le Zouave sur le Pont de l'Alma, une façon comme une autre de marquer son nouveau territoire. Quelques ponts plus loin, elle pousse les portes du cours Florent, puis celles du Studio 34. Et cette grande voyageuse (un mètre soixante au taquet) qui, comme tous les grands comiques, rêve de faire pleurer les chaumières, n'aura de cesse de chercher la vraie vérité vraie que lorsqu'elle aura... Et puis ce fût le choc : elle rencontra John Strasberg. Un américain me direz-vous ! Oui, mais quel ! Celui dont le papa était le co-fondateur de l'Actor's Studio, celui qui a lui-même crée la prestigieuse école The Real Stage . Oui, çui-là ! Hélène la baroudeuse écume sous sa houlette le répertoire classique et moderne, français et américain, Shakespeare, Tenessee Williams,Tchékov, Strindberg...

Francis Perrin, dont la notoriété n'est plus à faire ne s'y trompera pas et lui offrira des rôles aussi drôles que saugrenus. Dans Georges Dandin, il lui propose de jouer le rôle d'une porte. Hélène accepte, à condition de pouvoir "parler": le décor s'humanise et la porte devient un personnage à part entière. Elle grince, claque, s'entrouvre, se bloque, prend parti et tombe amoureuse. "Toc toc toc! Hiii! VLAN! Pssst! Grrr! Smack!" Un rôle "cartoon" à la frontière de la B.D, qui fera le bonheur du public au Théâtre Montansier et tout au long de la tournée.