Dans leur recherche sur la banalité du mal qu'hannah Arendt a brillamment mise en lumière, les comédiens se confrontent au fossé abyssal entre les vies privées doucereuses de ces hommes prêchant la respectabilité et leurs actes politiques d'une extrême violence.

À l'heure du divertissement culturel, Bérangère Jannelle que nous avons accueillie la saison dernière avec Z comme Zigzag et Le petit Z, poursuit avec audace son investissement pour le développement d'un théâtre éthique. Elle nous pose ces questions : quel regard porter sur une démocratie européenne qui s'abîme ? Comment, à force de se persuader que le mal a le visage d'une bête immonde, fait-on de la haine ordinaire un animal de compagnie que chacun pourrait apprivoiser ?

Partant d'une approche documentaire, les comédiens basculent vers la fiction en créant de multiples liens avec l'actualité, dans une dérive spectaculaire mise en résonance avec des projections vidéo sur les grandes figures de monstres antiques. Pour qu'enfin, sur un plateau dépouillé, dans une guerre poétique et politique, les " mots " du poète se dressent nus contre la folie du monde.