Pour échapper à la solitude, Lys comble les silences, remplit les vides. Elle s'échappe dans un monde de mots dans lequel elle voudrait entraîner ceux qu'elle aime. Au coeur de la vallée, dans la Cité, Lys rencontre Démétrio qui règne en maître sur le bitume. Chez elle, le soir, elle retrouve une mère essoufflée par un quotidien qui lui échappe et qui a encore laissé " sa tête dans le tiroir de son bureau ".

Lys contemple. Elle observe, cherche à regarder les choses autrement, loin du quotidien de ceux qui l'entourent : la réalité du monde du travail pour sa mère, la réalité du petit écran et des grands ensembles pour Démétrio. Finalement, qui – de Lys, de sa mère ou de Démétrio – voit vraiment le monde tel qu'il est ?

Le texte foisonnant de Sylvain Levey est une promenade aux frontières du réel et de l'imaginaire. Dans une mise en scène aérienne, Émilie le Roux nous propose un véritable " manifeste du Beau " et pose la question suivante : en quoi notre regard permet-il d'agir sur le monde ?

" Lys – Qu'est-ce que tu vois ?
Démétrio – Un papier.
Lys – Quelle couleur le papier ?
Démétrio – Gras.
Lys – Le papier quelle couleur je t'ai dit.
Démétrio – Bleu.
Lys – Bleu. C'est un bout de ciel qui t'est offert.
Démétrio – C'est un papier gras jeté là par une main paresseuse.
Lys – Chacun voit ce qu'il veut avec les yeux qu'il peut. "

Par la compagnie Les Veilleurs