Aurélia Thiérrée est l'héritière d'une illustre lignée de saltimbanques. Petite-fille du grand Charlot, la voici sur le devant de la scène avec ce spectacle d'une puissance poétique incroyable. Un oratorio visuel et raffiné, avec une vraie dimension dramatique et lyrique. Un vent de folie l'habite et apporte avec lui bien des sortilèges et des métamorphoses. Sur scène une commode ; dans la commode Aurélia. Une fée, une muse, troublée par cette vie rangée, dérangée... Elle nous entraîne hors du temps, dans le monde de l'enfance et de l'imaginaire. Les scènes s'enchaînent avec rythme, entre rêve et réalité, dans un monde où les objets et l'absurde ont la part belle. Dans ce cirque-là, les fauves sont de minuscules et inquiétantes marionnettes cannibales, leur dompteur se laisse dévorer par ses songes et la trapéziste s'endort dans un hamac... Un monde sens dessus dessous où rien ne ressemble aux apparences. Les rencontres sont inattendues, les personnages incongrus et les renversements insoupçonnés...

À la fin, femme-sablier, elle aura retrouvé le temps, en une image magnifique, une des nombreuses que compte cet oratorio taillé dans l'étoffe de ce rêve que l'on nomme spectacle, qui nous apprend à résister à la trivialité. Le Monde – février 2007