Dans la voix de Sara, il y a toute une histoire que ses chansons racontent d'un simple souffle sans paroles. Car sa table de mixage est une table de métissage : un vent de Kabylie réchauffe les standards et Aretha Franklin fait le boeuf avec Idir, Norah Jones avec Selah Sue, Adele avec Tracy Chapman.
Il est loin, le premier disque que sa mère lui a acheté un jour, du côté de Saint-Etienne. Elle a six ans et en allumant le tourne-disque, c'est un éblouissement : la musique ne la quittera plus. Elle vient d'avoir rendez-vous avec elle-même. Alors seule à la maison, elle chante, chante, danse et met des baskets, et elle chante encore, explore les timbres, apprend les phrasés, se cherche en autodidacte pendant des heures, des jours, des semaines, l'oreille collée à la radio pour tout entendre de la musique que fait le monde. Chanson française, variété internationale, mais aussi funk, soul, new jack. Elle joue comme une gamine infatigable avec la corde à sauter de sa voix.

Un premier groupe au lycée, et c'est l'étincelle de la scène, quand les yeux des gens soudain s'illuminent, quand la magie fait trembler les coeurs et que les instants chavirent. Elle sait aussitôt qu'elle est dans le vrai, le seul qui compte : le vrai du rêve. Elle le sent, cent pour cent, la musique ne ment pas sur scène et dans le sang, et elle en redemande. Elle vient d'avoir rendez-vous avec les autres. Les concerts s'enchaînent et d'une rencontre à l'autre bientôt, les affinités musicales se dessinent, les amitiés fidèles avec des musiciens hors-pair qui l'accompagnent désormais sur scène, enrobant son chant de leur écrin de talent. Alors sa voix fait parler d'elle et d'une histoire qui lui ressemble, espiègle et sensuelle, douce et puissante, exotique et intime.
Aujourd'hui c'est cette histoire que Sara transmet à son tour aux chorales d'enfants qu'elle dirige, avec une curiosité toujours en éveil.

Attention l'abus d'alcool est dangereux pour la santé.