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Salle
où cet événement eut lieu :
La Manufacture des Abbesses, 75018 Paris

La Joconde a mal aux dents

de Pierre Astrié , mis en scène par Pierre Astrié

La Manufacture des Abbesses, Paris

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Monologue jubilatoire !

Sur une " route " blanche, un homme bouge et parle. Il parle son quotidien, ses sentiments, ses pensées, son roman. Il dit tous les mots qu'il dit et qu'il pense et qu'il écrit tout au long d'une journée faite de mots comme n'importe quelle journée. Mots qui se forment sans prévenir dans notre esprit, qui nous assaillent, nous tyrannisent, mots des autres qui font naître les nôtres, mots d'amour qui font naître un roman. Il est seul. Il parle. Sa solitude est peuplée des autres, ceux de la vie, ceux de l'amour, de l'amitié, du roman, ceux des mots, Léonard de Vinci, le plombier, la voisine, le chien, Monna Lisa, la fille adolescente, la femme aimée, les clients, la liste est longue de ceux qui se bousculent et le bousculent dans sa solitude d'homme ordinaire. Et lui, au milieu de tout ça, au milieu des bombes, les pieds rivés au pipi de son chien, la tête dans les nuages Renaissance, il bouge, et il parle, obsédé par les secrets de Léonard de Vinci, qui étudiait les battements d'ailes et disséquait des cadavres pour tenter de comprendre les hommes...

Un portrait. Les grossesses répétées de La Joconde dans son jeune âge sont‐elles la cause de la dégradation de ses jolies petites dents ? L'espace d'une journée dans la vie de Paul, romancier aux prises avec un quotidien parsemé çà et là d'attentats suicides, sont amenés à se côtoyer Monna Lisa Gherardini, le supposé modèle de La Joconde, monsieur Sanchez, le plombier, madame Roméro, la voisine, Attila, le chien, Léonard de Vinci, le peintre, France, la fille du patron, Éric, l'éditeur, Faustine, la fille, Omar, l'ami déjanté, Djamila, la vendeuse enceinte, Ettore, l'assistant de Léonard de Vinci et jeune amant de Monna Lisa, Paul lui-même et son voisin furieux... La seule absente est une autre Mona, la femme aimée, partie aux sports d'hiver avec le mari. En 1503 et en 2006, tous ces êtres en mal d'amour ou d'humanité nous livrent leurs désirs secrets et leurs funestes projets dans la voiture de Paul, au téléphone, au restaurant, dans l'atelier à Florence, tissent anarchiquement le tragi cocasse imbroglio d'une journée comme tant d'autres... Il s'agit d'évoquer, en une heure, par un déluge de mots et dans une tyrannique tension une vingtaine de vies, entre splendides et pathétiques, qui racontent une vie. Ou plutôt une tranche de vie. Ou mieux dire une infime tranche de vie. Celle de Paul. Un portrait. Pas celui de Monna Lisa. Celui de Paul Lemeur. Un homme parmi tant d'autres. Aujourd'hui.

Premières notes de mise en scène Comment le dire ? Paul nous livre en vrac son monologue intérieur et les paroles adressées à ceux qu'il rencontre au cours de sa journée. Le rythme effréné et sans passage à vide de sa pensée dicte le rythme de son monologue. C'est un flot ininterrompu, sans points et sans virgules, sans limites et sans cadres, une sorte de vomissement permanent de phrases venues du conscient, de l'inconscient, du subconscient et autres cients, nous préfèrerons parler d'une une partition, dont la découverte des divers mouvements fera l'objet d'une partie de notre travail. Si la structure proposée, les différents niveaux de jeu, exigent de l'interprète précision et virtuosité, nous éviterons toute démonstration et irons plutôt chercher un personnage tyrannisé, emprisonné, victime de ces excès, trop vite, trop de gens, trop de mots, trop de morts... trop de désamour alentour ? Comment le bouger ? Il y a bien sûr le vol des oiseaux étudié par Vinci. Le parallèle entre les battements d'ailes et l'acte érotique. La biomécanique. L'homme prisonnier de lois physiologiques et autres geôles humaines entre élévation et vilenie... Si l'on envisageait le texte comme une partition musicale, le bouger serait peut-être le danser. Mais si nous éviterons le réalisme (Paul ne conduira pas, ne tiendra pas un téléphone, ne classera pas des bouquins), nous ferons en sorte de ne pas tomber dans l'excès de formalisme. Un juste milieu ? Découvrir ou inventer ces gestes et ces actions de l'intime, concomitants à ceux du social, du concret. Y a-t-il en nous un être secret qui prend son visage entre ses mains alors que ces mêmes mains sont occupées à une froide besogne ? Quels sont ces gestes et ces déplacements de nous non perceptibles à l'oeil nu ? Où le dire ? Paul est dans sa salle de bains, en voiture, au travail, au restaurant, au téléphone, sur les quais de la Seine, dans la loggia où Léonard de Vinci peint Monna Lisa, chez le traiteur chinois, dans les escaliers de l'immeuble où il vit, chez son voisin... Où est Paul ? Dans quel espace scénique va évoluer François, qui l'incarne ? Certainement pas, cette fois non plus, dans un espace réaliste. Un espace " mental "? Un endroit inquiétant en dehors des espaces concrets, un décor secret, un espace indescriptible et unique, celui de notre intime.


Auteur(s) : Pierre Astrié
Artiste(s) : François Macherey
Metteur en scène : Pierre Astrié





Pour Tout public

Seul(e) en Scène

Langue : Français
Durée : 60 minutes soit 01h00





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