Femme au soleil couchant,
D'où nous vient la voix de Médée ? De quelle nuit profonde, de quel jour en feu ? D'entrée Médée fait penser aux terribles paroles de Saint-Luc : "C'est un feu que je suis venue que je suis venue apporter sur terre et comme je voudrais qu'il soit déjà allumé !" De quel monde nous parle-t-elle ? De celui des dieux ou de celui des hommes ? Baigne-t-elle dans l'atmosphère crépusculaire qui accompagna la fuite irrévocable des habitant de l'Olympe ou incarne-t-elle l'aurore d'une nouvelle humanité libre et livrée à elle même, hantée par la conscience ?

Ces questions autour desquelles nous allons cartographier notre mise en scène se posent à nous, lecteurs et spectateurs lointains de cette tragédie passionnée qui vit le jour sous le ciel de l'Attique aux alentours de 430 avant JC. A l'égal de grands textes sacrés, cette tragédie nous interpelle comme productrice du sens et par conséquent dynamique, se débordant sans cesse en ce que ne s'éteint jamais son foyer énigmatique.
En effet, l'acte qui la fonde et l'ordonne, le meurtre de ses deux enfants pour un lit délaissée, échappe radicalement à toute explication, quelles que soient les motivations avancées elles sont condamnées à rester en deça du geste, échouant à combler le fossé insondable entre l'intention et sa réalisation.

Seule l'invocation de l'inconscient permet, peut-être, de déterminer la clé d'un tel crime "contre-nature", du moins le lieu psychique où il s'est tramé. Mais de quel inconscient s'agit-il ? Déterminations ? Impulsions incontrôlables ? Brasiers de désirs ?