Le marchand de Venise

Bassiano, jeune vénitien ruiné, demande à son ami Antonio, riche marchand de Venise, de lui prêter une grosse somme d'argent pour conquérir la belle Portia. Antonio, dont toute la fortune est répartie sur quelques bateaux qui voguent, à ce moment-là, sur les mers, conseille à son ami d'emprunter, en son nom, la somme dont il a besoin au juif Shylok, usurier connu pour sa rapacité, Antonio lui-même se proposant à servir de caution.
Shylok accepte le marché, mais avec condition : au cas où, dans les trois mois, Antonio ne serait pas solvable, il exigerait une livre de sa chair prise à l'endroit du corps qu'il lui plairait. Celui-ci accepte en riant. An terme échu, les bateaux ne rentrant pas au port, Antonio se trouve ruiné. Shylok, au cours d'un procès, exige alors l'application du contrat.

Shakespeare a mis l'un de ses discours les plus éloquents dans la bouche de Shylock :

Un Juif n'a-t-il pas des yeux ? Un Juif n'a-t-il pas des mains, des organes, des dimensions, des sens, de l'affection, de la passion ; nourri avec la même nourriture, blessé par les même armes, exposé aux même maladies, soigné de la même façon, dans la chaleur et le froid du même hiver et du même été que les Chrétiens ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ?
Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ? Si vous nous empoisonnez, ne mourrons-nous pas ? Et si vous nous bafouez, ne nous vengerons-nous pas ?
Acte III, scène I [1]