Issue d'une réflexion personnelle autour du tromba, ma mise-en-scène veut faire de la voix une entité insaisissable. Le tromba est une cérémonie que l'on ne convoque qu'en temps de crise, crise collective ou crise personnelle, et seulement lorsque les moyens de guérison classiques ont échoué.

On convoque le tromba, l'esprit d'un ancêtre connu par la puissance de son verbe. L'esprit possède le vivant et sa parole guérit. Ici, le poète porte le tromba, lui-même porté par la musique. La voix devient chant, le chant redevient voix. La langue devient étrangère et convoque une autre perception de la parole, une perception lointaine, enfouie en nous.

L'étrangeté amène à l'interrogation du sens, la beauté de la voix et de la musique efface la grammaire des langues particulières. Il s'agit d'une projection violente et esthétique du sens.