Comment poursuivre une quête du Bien et préserver son humanité lorsque l'individu se voit réifié de toute part ?

Dana, chercheuse berlinoise sur la Dynamique du Client (théorie sur les relations clients-entreprise), passe une folle nuit d'amour avec Jarron, rencontré dans un bar, qui, au réveil, prétend la payer.
Blessée d'être prise pour une prostituée et de s'être trompée sur ce qu'elle pensait être un coup de foudre mutuel, elle refuse. Non-transaction originelle qui deviendra un enjeu tout au long de la pièce. L'homme se présente alors comme un diable mais aussi comme travaillant pour l'ONU. Il ira (apparemment) jusqu'à orchestrer l'effondrement social et économique de l'Europe pour punir Dana de l'avoir déstabilisé.

Lorsque nous avons découvert Comment retenir sa respiration, fable épique, à la fois fantasmagorique, grinçante et brutale, nous avons subis un électrochoc.
Très vite, nous avons voulu mettre en lecture puis en scène cette pièce, qui dresse un portrait sans demi-mesure de notre société.
On s'y pose d'éternelles questions sur l'amour, la sororité, la maternité, mais il s'agit bien de parler du temps présent et d'interroger notre regard occidental. La force de cette écriture réside dans la capacité de Zinnie Harris à déplacer notre imaginaire par plusieurs procédés de renversement que nous voulions mettre en relief.
Avec des codes proches des séries populaires des années 2000 nous permettant de nous atteler à la représentation du fantasmagorique au théâtre, ce texte nous permet aussi de redécouvrir nos fictions intimes, de porter un récit inspiré plus largement de nos mythes fondateurs mais surtout de chercher à identifier quels démons nous entourent aujourd'hui.

Thomas Harel

Collaboration artistique : Délia Espinat Dief
Création lumières : Victor Bégué
Scénographie : Salma Bordes
Musique live : Nabila Mekkid
Production Collectif Gwen