La fulgurante carrière de Sir John Falstaff, monument de graisse et d'intelligence, sera présentée en deux soirées. EPISODE 1, La Dolce Vita : dans Henry IV, deux Angleterre sont confrontées constamment : les grands féodaux s'entre-égorgent ; le jeune héritier détrousse les marchands sur les grands chemins et avec une bande de va-nu-pieds mène joyeuse vie dans les tavernes... EPISODE 2, La Décadence : c'est une autre vie de Falstaff qui recommence. Falstaff n'est plus mort. En tant que personnage de théâtre, il revient quand il veut et pour nous faire rire. Cette farce tragique, détaillée parfois comme un documentaire, retrace l'existence irrémédiablement précaire de cet énorme bouffon échoué du côté de Windsor. "Je consens qu'on prenne ma cervelle, qu'on la fasse cuire au beurre et qu'on la donne à un chien pour ses étrennes. " (Falstaff, Les Joyeuses Commères de Windsor)

Intrigues politiques, ambiances de carnaval ou de fin du monde, rires bien édentés d'une humanité qui se bat pour sa persistance, hantise de l'exclusion et de la misère : en ces périodes troublées, le langage est affaire de survie. Et même le plus abruti de la bande d'acolytes de Falstaff saura éblouir par la virtuosité d'un parler inventif, regorgeant de surprises. Multipliant les registres, Falstaff fait la démonstration de la force des mots, de l'humour et de la pensée. Ses pirouettes sont des leçons de savoir-survivre. Ici, les plus gros mensonges et autres sottises servent une vérité qui consacre la victoire de la joie sur la tristesse, car Falstaff assure, avec sa sauvegarde, un climat de jovialité où s'affirme l'amour de la vie : une vie joyeuse, dangereuse, vivante, sans mesure, comme le ventre de Falstaff, cette " mappemonde d'incontinences.... "