Corneille, Alain, Saint-Exupéry, Gide, Aragon, ...qu'il les admire ou les dénigre, sont les compagnons de sa route étoilée, dans la recherche constante d'un bonheur espéré. Riche de la force de ses connaissances, ce boxeur humaniste défie Hemingway dans un pugilat amical, avec la même clairvoyance dont il fait preuve pour analyser un pastel de Quentin-Latour, un morceau de Bach ou l'architecture de la Tour Eiffel.

Un escrimeur des lettres comme le fût Jean Prévost, à la fois amusé et grave, concentré et lumineux, lors de sa soutenance de thèse sur Stendhal, à Lyon, en 1942.

Ce pédagogue original autant qu'exceptionnel maniera le discours aussi bien que le fleuret, ce qui ne l'empêchera nullement de pousser la chansonnette entre deux maximes, ou de boxer rageusement avant quelques notes au violoncelle.

Pour nous faire partager son amour de la vie, de l'étude, de l'exercice physique, il déclinera sur tous les tons son intime conviction que " nous n'avons que notre force pour agir, pour aimer et pour comprendre. Et c'est par elle que nous sommes grands et heureux. "

Résistant, sans relâche. Contre l'embonpoint de la médiocrité, tout le temps de sa courte vie. Contre la barbarie, pendant la drôle de guerre. Victime expiatoire d'une ordalie fantasque, il est tombé le premier matin du mois d'août 1944, dans le Vercors. Et dans l'oubli. Parce qu'il est entré dans la légende- celle qui aide à vivre-, parce que sa mort prématurée a soudain rendu amnésiques la plupart de ses pairs jusqu'à aujourd'hui, parce que son esprit est vaste comme un océan, il est une oeuvre complète inachevée. Jean Prévost était un ami précieux autant que rare. Il est.