En ouvrant le livre, en allant voir du côté de Rimbaud, ce qu'on entend est si jeune ! Un manifeste debout au centre d'un printemps vivant, violent et actuel. Et nous voilà surpris par ses mots percutants, par la charge d'éveil déposée par ses textes il y a de cela 150 ans. Ces écrits sont plus que jamais un programme avant-gardiste et novateur, énergisant et stimulant, la déclaration d'intention d'un jeune homme visionnaire ouvrant une fenêtre sur la modernité.
À partir d'extraits d'Un coeur sous une soutane et des Lettres du voyant, de poèmes comme Au Cabaret Vert, L'Éternité, Une saison en enfer ou Les poètes de sept ans, Laurent Fréchuret construit un spectacle singulier, expérimental, restituant avec une étonnante fidélité l'état d'âme du tout jeune poète.
Maxime Dambrin, acteur puissant, gourmand de mots et de sensations, incarne cet éveil avec l'ambition de métamorphoser l'enfer en illumination. Dans un simple décor fait de lumières, il est devant nous, se confiant d'une voix ténue, fervente et amoureuse. À ses côtés, un musicien improvise, d'abord discrètement, puis s'impose et défie le comédien. Il est, explique Laurent Fréchuret, " la réplique verlainienne au rêve rimbaldien de correspondance des sens ".