Azal Belkadi, jeune chanteur lyrique, trace une nouvelle voie dans la chanson amazighe. Un vrai génie d'artiste, esthète, à la sensibilité et à la générosité débordantes : en ceci que tout ce qu'il touche se transforme en merveille, en quelque chose de magistral et de beau. Issu de l'école de Beaux Arts, il manie avec autant de dextérité ses cordes vocales, son pinceau, son crayon et son corps (déjà exercé comme danseur professionnel). L'Art est sa vie, et il le vit pleinement depuis qu'il est installé à Paris, il y a quelques années de cela. Styliste modéliste, le Zénith de Paris a accueilli à maintes reprises ses défilés de mode. Il est aussi sculpteur sur bois et sur métal, percussionniste, maquilleur de cinéma, décorateur et restaurateur. Plusieurs chorales berbères sont à de sa création, ainsi que des ateliers de dessin, de peinture, de bendir et d'expression artistique.

Sa magnifique voix de baryton en fait frémir plus d'un. Du jamais vu depuis la diva Taos Amrouche, dont il chante aisément le répertoire, et dont il est, incontestablement, un digne héritier. En 2001 il interprétait ses chants au théâtre de l'orage -parrainé par Arianne Mnouchkine-, dans une pièce écrite par Mohamed Zaoui : " Le tiers restant ".

Militant pour la sauvegarde de sa culture ancestrale, il mène un travail de recherche acharné, avec comme terrain les hauts villages de Kabylie, afin de restituer de la mémoire encore vivante, ce qui subsiste des textes et des airs anciens, qu'il cueille principalement auprès des doyennes - la femme kabyle étant connue pour son rôle de gardienne de la culture, à travers les siècles-. C'est dans cette même région natale, qu'enfant, il commençait déjà à exercer sa voix, en écoutant Icewiqen, chants traditionnels kabyles interprétés par les femmes de sa famille, notamment sa mère. Le chant pour ces femmes accompagnait tous les gestes quotidiens de la vie, des dures tâches ménagères, au tissage jusqu'au travail dans le champ ou encore tout rituel lié à la joie ou à la tristesse. Tout était chant.

Ces chants qui ont bercé son enfance, au même titre que les couleurs et motifs des tapisseries de tout genre – oeuvres de ces mêmes femmes kabyles- il s'en inspire encore aujourd'hui.
Le résultat sur scène : une voix émouvante, authentique, puissante et intense, émanant des profondeurs de son être. Une voix qui traverse les siècles, pour transporter son public, et qui n'a d'égale que la pérennité de ses racines amazighes, de sa culture qui est toujours là, qui a résisté et résiste malgré toutes les tentatives de son étouffement.

Une voix chargée en émotion. Enchanteresse. Nul besoin de comprendre la langue pour se sentir transporté. Tant de sensibilité est forcément contagieuse. Et son public en sort toujours bouleversé.