La guerre, on nous la conte depuis des siècles à travers l'oeil des soldats glorieux et des héros. Ici, Cassandre brise le mythe. Elle peint une fresque de la violence au fil des âges, incarne victimes et bourreaux, à la recherche d'une consolation.

Après Eurydice aux Enfers, la Cie de l'Eau qui Dort présente cette seconde création, un duo en scène épuré et libérateur mêlant violoncelle, jeu, et danse.

Le Léviathan, monstre marin, annonciateur d'apocalypse, est ici incarné par Cassandre. Princesse maudite de la guerre de Troie, elle use du prétexte de sa posture pour dézinguer l'esthétisation des figures guerrières dans nos récits fondateurs. Alliant la puissance poétique du mythe à la contemporanéité d'un langage cru, elle cherche à comprendre l'origine de la violence : mais sa colère se cogne aux murs. Une violoncelliste lui ouvre les portes. La parole musicale devient une échappatoire poétique, permet de passer sous la vague de l'émotion. Nous assistons à un long cri du corps : il change de forme, se ratatine, s'enflamme. La danse est ici l'expression cathartique de la colère et de l'espoir ; guérir d'un viol, d'un traumatisme, d'une guerre, passe par l'expression de la violence subie. À deux voix, s'entraidant l'une et l'autre, violoncelliste et comédienne se fraient un chemin vers la guérison.