Pendant le goûter du mardi 9 mars 1971, je savoure les derniers moments avec notre maman souriante.
J'en frémis sur ma chaise haute, d'où j'observe goulûment les derniers instants du bonheur prêt à s'enfuir. Sournois, il fait comme si de rien n'était. Il prépare ses valises à la hâte, sous mes yeux, à l'abri du regard de Maman qui ne se doute de rien.

Dans ce seul en scène, Miguel-Ange Sarmiento raconte comment, à travers ses yeux d'enfant, il a vu ses parents prendre le chemin vers un inconsolable chagrin, oubliant que la vie les attendait.

De son côté, pour conjurer le destin, il sera artiste.

Avec ses mots, tout en délicatesse, Miguel-Ange, dans ce récit poignant et lumineux sur les liens familiaux, interroge sur le divin et invite chacun à ses propres souvenirs.

"Tu seras un artiste, mon fils. Ou tu ne seras pas."
Ces mots extraits de "Mon Petit Grand Frère" annoncent l'incontournable destin du petit Michel Sarmiento de Rians qui, très tôt, s'est mis à chanter pour couvrir les pleurs de sa mère et les silences de son père.

Il trouve son salut dans la carrière professionnelle de chanteur et de comédien qu'il entreprend à Paris, il y a plus de trente ans.

C'est dans le spectacle vivant que Miguel-Ange Sarmiento renaîtra pour entendre battre son pouls au rythme des paroles de théâtre de David Noir, Matéi Visniec, Alain Didier-Weill...
C'est le micro à la main qu'il ne cessera de prendre la parole pour se faire entendre dans les entrelacs de la chanson populaire, salvatrice.

Enfin, en radio, il recueille les mots de vies fragiles et abimées dans l'émission qu'il produit et anime. On n'oublie rien, on s'habitue. Cette écoute sensible est un prélude à son propre travail d'écriture qu'il livre aujourd'hui.

Ainsi, avec des mots tout droit surgis de son enfance, il se fait auteur cathartique pour libérer enfin les fantômes de son passé.