Un Feydeau de Carnaval :

"J'ai rêvé, depuis longtemps déjà, d'offrir à Feydeau, une réponse contemporaine à l'essentiel de son projet dont j'estime qu'il échappe au système épuisé du Théâtre de Boulevard, héritage avarié du Vaudeville.

C'est la découverte, il y a vingt ans d'un tableau de James Ensor, L'Intrigue, peint en 1890 qui m'a mis " la puce à l'oreille " ( !).
En préparant ce spectacle, j'ai découvert dans l'édition des Oeuvres Complètes établie par Henry Gidel en 1988 (Garnier Editeurs) une pochade : Monsieur Nounou, jusque-là inédite, découverte en Belgique et jouée sous un autre titre à Bruxelles l'année même où Ensor peignait L'Intrigue.

C'est sur cette coïncidence spatiale et temporelle que je fonde la légitimité de mes choix esthétiques et que j'y associe les oeuvres plus tardives des farces conjugales.
Feydeau ne chante pas le triomphe de la bourgeoisie française.
Il glorifie au contraire l'extraordinaire confusion sociale qui encombre la société d'avant la Première Guerre Mondiale.
Il renverse provisoirement, et par l'usage d'un procédé dramatique, la hiérarchie sociale.
C'est ce renversement temporaire propre au carnaval, mis en évidence par Mikhaïl Bakhtine dans un ouvrage célèbre, qui fonde notre démarche de mise en scène, sa traduction scénique et son esthétique ."
Lucien Marchal .