Ils attendent Betty, amie de jeunesse, revenue dans cette bourgade reculée après treize ans d'absence. Ce qui frappe, dès la première scène, c'est la violence verbale et physique utilisée par les deux personnages masculins : banalisée, elle a envahi leur façon de parler, de penser.
Elle régit leur relation à l'autre, triste résultante de cette misère intellectuelle et sociale où ils sont plongés. Leur vie est rythmée par leur travail éreintant : des petits boulots manuels qu'ils cumulent pour des salaires dérisoires. En dehors du drame qui les liera à jamais, c'est cette misère et cette violence qui marquent le fossé entre les deux hommes et Betty Palumbo.
Elle a quitté la ville, elle a fait des études, elle a réussi. Ces retrouvailles teintées de sarcasmes, de tendresse faussement romantique, de jeux puérils et absurdes laissent percevoir un terrible drame passé sous silence et que les années n'ont pas effacé. L'héroïne vengeresse tisse la toile d'un macabre scénario, nous rappelant que l'arme des humiliés reste la vengeance.