JePlussoie

Danse contemporaine: Un poyo rojo

-Extra !
Le décor ? Très réduit : au fond du plateau, les casiers d'un vestiaire, un banc, une radio, des bouteilles d'eau. Sur ce plateau presque vide, deux hommes, des athlètes à la musculature charmante, ne parlent pas, ils évoluent avec aisance, utilisant leurs corps avec une dextérité étonnante. Et c'est tellement drôle ! Entre combats de jeunes coqs et rapprochements amoureux, toute une panoplie d'interactions plus ou moins hilarantes est proposée. Des situations qu'on ne voit pas ailleurs, des trouvailles inédites, des rapprochements fous, des gestes réinventés. C'est incroyable ce que l'on peut faire avec son corps ! J'y ai vu un tango argentin (tiens tiens, nos deux compères sont de là-bas), ou la métaphore de l'approche dans la séduction (je t'aime, moi non plus / je te convoite, je te fais mariner, je te reprends, je te repousse, je t'embrasse). Ces deux hommes ne semblent pas se prendre au sérieux, pourtant ce qu'ils nous donnent à voir est le résultat d'un très gros travail. CHAPEAU alors !
# écrit le 01/03/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Théâtre contemporain: Paroles d'étoiles

-Un voile pudique recouvre l'horreur
A la manière des jeunes enfants qui demandent à ce qu'on leur raconte à nouveau la même histoire, celle qu'on leur a déjà racontée des dizaines de fois, nous avons, ce soir réécouté l'histoire de la déportation des juifs, alors que nous la connaissons déjà presque par coeur. Sauf que cette version-là est précisément celle des enfants, ceux qui, à l'époque, n'étaient pas encore considérés comme des êtres humains accomplis, ceux dont on ne savait pas encore qu'ils éprouvaient les mêmes craintes, angoisses, besoins que leurs aînés. Alors pourquoi retourner écouter cette Histoire, même s'il s'agit d'une version différente ? Sûrement parce que, comme pour les enfants, la répétition permet de mieux digérer l'atrocité. Voilà pourquoi il est intéressant de faire la démarche d'aller voir ce spectacle. Mais aussi parce que la comédienne, bien que le démarrage soit un peu moins comestible (poursuivons la métaphore de la digestion), est de plus en plus juste, à mesure que le spectacle avance. Les entrelacs incessants dans les rideaux du fond m'ont quelque peu agacée, mais ils ont le mérite de souligner le désir de ne pas être cru, de ne pas verser dans le mélo, de voiler pudiquement l'horreur de la guerre : inutile de traumatiser encore davantage. Aussi parce que, je le répète, ce sont des points de vue d'enfants, intelligents, sincères, bouleversants.
# écrit le 21/02/18

Théâtre classique: Marie Tudor

-Une Marie haute en couleur
Un jeu d'acteur très au point. Un décor dépouillé au service d'un texte très beau, efficace, parfois drôle et percutant. Une tragédie comme on aimerait en voir plus souvent. Et une Marie Tudor qui devient humaine et haute en couleur. Du grand théâtre. Vraiment.
# écrit le 31/10/17

Théâtre contemporain: Projection Privée

-Même pas drôle !
Un texte et une mise en scène décevants. Une série de clichés et la désagréable sensation de "déjà-vu" dans la plupart des propositions de jeu. Des comédiens cabotins, j'ai trouvé le jeu de deux d'entre eux faux. Seule la comédienne qui joue l'épouse semble jouer juste. Je me suis ennuyée. Je ne comprends pas.
# écrit le 22/10/17

Théâtre classique: La peur

-Un prétexte à l'écriture théâtrale
Une sensation oppressante nait très tôt devant ce spectacle, et il grandit à mesure que la pièce déroule son histoire. Un événement somme toute assez banal vient déséquilibrer ce couple. Pourtant il prend très rapidement des proportions démesurées, il l'envahit et finit par le faire imploser. C'est toute la montée du drame qui est mise en avant ici. L'accent étant mis sur le processus qui conduit à l'irréparable : d'abord la honte et la culpabilité auxquelles s'ajoute la peur qui devient angoisse. Le décor sert aussi à faire grandir la sensation d'oppression. Les comédiens sont justes. Cette pièce est donc efficace. Pourtant j'ai la sensation que ce drame n'est qu'un prétexte à l'écriture théâtrale et, du coup, ne parle pas vraiment de la vraie vie. Finalement, je crois que je n'ai pas réussi à croire à cette histoire, je suis restée en retrait. Il m'a manqué l'empathie et l'accès à l'identification aux personnages.
# écrit le 12/08/17 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Comédie: Bigre

-Extra !
Je me méfiais de la critique de Télérama. Mais au bout du compte j'y adhère totalement. De plus, je ne savais pas que le burlesque pouvait être, par moments, si émouvant. J'ai ri comme rarement. Un grand merci pour ce spectacle de très grande qualité, abouti, généreux, étonnant, et si drôle !
# écrit le 16/08/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Théâtre contemporain: Autour de ma pierre, il ne fera pas nuit

-Noire ? En apparence seulement.
Des cimetières, des morts, des pillages... Oui, mais, en réalité, il s'agit surtout d'une famille paumée, complètement paumée... mais très attachante. Des personnages loufoques dans une quête du meilleur, du bonheur, sans en trouver la clé. Ce décalage nous fait sourire, voire rire. Bizarrement, les personnages deviennent progressivement des membres de notre propre famille et nous nous y attachons.
# écrit le 23/04/15

Théâtre dramatique: Les Vaisseaux du Coeur

-Superbe !
Superbe pièce portée par une comédienne remarquable. Toutes de voiles vêtues, la scénographie et la mise en scène oscillent entre pudeur (notamment pour les scènes de rapprochement des deux amants) et dévoilement (ici on appelle un chat un chat) mais toujours dans une finesse infinie qui confine à la douceur de caresses amoureuses. Avec le couple, nous progressions entre les drapés d'écume d'une mer bretonne, les rideaux de brume blanchâtres, les draps blancs des lits des hôtels, les voiles clairs recouvrant pudiquement l'érection de monsieur, les nappes blanches des restaurants qu'ils fréquentaient, etc. Cette blancheur ne fut jamais entachée, pas même par les couleurs vives de la chemise hawaïenne de monsieur, comme leur amour qui, bien qu'inexplicable, jamais ne vacilla !
# écrit le 08/03/14