Patrick Niedo

Théâtre musical: Femme(s)

-Tranches de vie
Pour se faire plaisir et faire plaisir, on peut se rendre à un spectacle sans en connaître ni le thème, ni la forme. C'est ce qui m'est arrivé hier soir en allant voir l'extraordinaire show de MTATIANA. On se dit que l'affiche suggère le tour de chant d'une vamp à la ditavonteesienne et on est prêt à voir cela. Et puis, force est de constater qu'on se trompe. Les chansons s'enchaînent et ne se ressemblent pas. Elles racontent toutes quelque chose de beau, de triste, de fou, des pans de vies de femme(s) qui vous touchent, vous font rire ou vous émeuvent aux larmes. Au-delà des chansons, il y a l'enchaînement de celles-ci, parfaitement orchestrées par la mise en scène de Julien Alluguette. On passe d'un univers à un autre, d'une femme à une autre, d'une histoire à une autre... Chaque chanson est un clip en live, avec ses costumes, ses deux musiciens, ses perruques, son thème et le formidable jeu d'actrice de MTATIANA. Car oui, si elle nous cueille aussi aisément c'est qu'elle sait raconter une histoire. Elle joue ces femmes joyeuses, un peu folles ou meurtries, reprenant à peine son souffle et passant d'un personnage à un autre comme un caméléon en l'espace de quelques secondes. C'est absolument bluffant. Tout ça va à 100 à l'heure et je me demande encore ce matin comment elle fait ce tour de force. La salle s'est levée à l'unisson après la dernière chanson, pour saluer une belle chanteuse, certes, mais aussi une grande actrice.
# écrit le 15/11/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Spectacle Musical: Vous avez dit Broadway ?

-Un voyage passionné et passionnant
Raconter une passion n'est pas la même chose que se raconter. Il n'y a pas d'égocentrisme là-dedans. Alors, même si le spectacle est à la première personne, on est entraînés de théâtres en théâtres et de musicals en musicals avec les yeux et le coeur d'un artiste sincère. Antoine Guillaume raconte sa passion pour Broadway qui n'est pas la même que celle pour Londres... Il y a autre chose à Broadway et il a bien raison. Les chansons sont bien choisies pour ne pas donner dans l'élitisme et le grand inconnu (même si on aime aussi ça, le but n'est pas là). Le but c'est de raconter une passion et l'histoire de la comédie musicale, en 1h30. Une gageure ! Les grands jalons sont bien là, de Show Boat aux megamusicals de Cameron Mackintosh en passant par West Side Story et La Mélodie du bonheur. Antoine Guillaume et sa pianiste Julie Delbart se parlent sans s'adresser la parole, c'est fascinant. Ils se connaissent bien et Julie est extrêmement à l'écoute de son partenaire de jeu. C'est frappant de professionnalisme. La pianiste a son petit intermède musical qui est formidable et qui ravit le public (et pour cause, mais je ne dirai pas pourquoi). J'ai adoré. Antoine Guillaume est drôle, sans trop en faire. Il est authentique dans son partage. Il a une petite bouille rieuse et des yeux qui pétillent, comme tous les passionnés. La conséquence est que le public l'écoute et acquiesce. On entend de discrets "ah oui", "oh" ou des spectateurs qui murmurent quelques notes. Je ne sais pas s'il s'en rend compte mais il réveille de jolies choses chez les gens, de beaux souvenirs, sans aucun doute, parce que la vie n'est pas assez une comédie musicale. A aucun moment ce garçon est ridicule et pourtant il aurait pu l'être dans certains rôles. Eh bien non ; il est à l'aise et s'impose. Ce spectacle est l'une des révélations d'Avignon 2018 et on a de la chance de le voir à Paris. Allez écouter l'histoire de Broadway et les tribulations d'un écolier qui découvre ce qu'il y a derrière ces grands rideaux rouges...
# écrit le 03/09/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Comédie musicale: La poupée sanglante

-Une autre oeuvre de Gaston Leroux...
A l'heure où nous accusons le coup de l'annulation du Fantôme de l'Opéra, on peut découvrir un autre ouvrage de Gaston Leroux mis en musique par Didier Bailly et Eric Chantelauze (aussi à la mise en scène). Je me souviens de la série de Marcel Cravenne des années 70, très intrigante, avec de grands comédiens comme Jean-Paul Zehnacker ou Yolande Folliot, Sacha Pitoëff ou le très beau et très énigmatique Ludwig Gaum dans le rôle de Gabriel... La version en théâtre musical est très intelligente car elle ne fait appel qu'à 3 comédiens qui jouent les 15 rôles (et Didier Bailly qui est en même temps conteur et pianiste). La Poupée sanglante raconte l'histoire d'un horloger et de son futur beau-fils qui créent un robot mécanique d'apparence humaine (Gabriel) d'une grande beauté, à qui ils greffent le cerveau d'un criminel, Bénédict. Mais ce criminel était-il innocent ? Même si nous ne sommes pas toujours sûrs si les scènes sont au 2e degré ou non (c'est-à-dire qu'on se demande si les auteurs ont cherché les rires à certains endroits où le public s'esclaffe), on admire la dextérité des comédiens dans le passage d'un personnage à l'autre grâce à une mise en scène intelligente, fluide et sans beaucoup de moyens (ce qui rend les effets encore plus remarquables). Pour les rires (nerveux, peut-être ?), je pense que cette oeuvre musicale est plus profonde qu'elle en a l'air. Les acteurs se font plaisir et nous font plaisir en jouant au maximum de la caricature pour certains effets (notamment ceux du génial Alexandre Jérôme). Charlotte Ruby joue tous les rôles féminins, elle est parfaite, et Edouard Thiébaut réussit à s'enlaidir et à souffrir dans le rôle de Bénédict, c'est fascinant. Ce spectacle est d'une très grande cohérence et d'une très forte inventivité. Il n'y a aucun temps mort, ça joue sans arrêt, on passe d'une scène à l'autre, d'un personnage à l'autre (quelquefois deux rôles en même temps) de façon adroite, par un coup de peigne ou un gant que l'on glisse sur sa main... Du théâtre musical comme on aimerait en voir plus souvent...
# écrit le 25/12/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Seul(e) en Scène: La voix des sans voix

-Merci L'Abbé
Raconter l'Abbé Pierre en une heure quand on sait que sa vie est une oeuvre, c'était une gageure. Ce spectacle écrit et joué par Nicolas Vitiello à partir des écrits et des discours de l'Abbé Pierre nous narre les combats de cet homme, de son enfance à sa députation et à son fameux appel de l'hiver 1954, la fondation d'Emmaüs, ses combats, ses interrogations,... On ne peut rester indifférent à cette histoire si bien racontée par un comédien à la diction parfaite. On sort de ce spectacle en étant ému et en espérant laisser un peu de côté le moi-je qui nous caractérise tous, pour un temps au moins ; penser un peu plus aux autres. Ecouter parler de la misère, se délecter de ses merveilleux textes et de son message d'amour et d'espérance en un monde meilleur nous fait penser que les temps, malheureusement, ne changent pas. Même si sa foi en l'être humain était grande (et on le sent bien dans ce beau spectacle), il s'est battu contre un système qui nous bouffe encore aujourd'hui. Je suis encore sous les larmes de cette merveilleuse pièce et de son acteur.
# écrit le 08/09/16 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Spectacle Musical: Miss Carpenter

-She is back !
MISS CARPENTER, Théâtre du Gymnase 17 avril 2015, première Il fallait à Miss Carpenter un théâtre, de l'espace, un rideau d'Au Théâtre Ce Soir. OUI un rideau rouge qui se lève, un écrin à l'italienne, des coulisses, des pendrillons... Le spectacle n'est plus le même. Il a pris de l'ampleur, il occupe la scène, toute la scène. Miss Carpenter peut bouger, tourner, virevolter et ses danseurs/comédiens/chanteurs/petites filles/metteur en scène espagnol/Childérik ne se marchent pas dessus. Miss Carpenter respire, Miss Carpenter s'amuse, Miss Carpenter nous emmène dans la réalité du cinéma, ou la fiction du cinéma, on ne sait pas trop. Marianne James s'en donne à coeur joie. De la joie, elle en a cette femme exquise et généreuse. Elle se nourrit des rires et des applaudissements. Dès la première blague hier soir c'était gagné... puis pendant 2 heures, un florilège de situations cocasses : une actrice, Best Actress 1967 aux Oscars raconte sa vie et la folie des castings, en paroles et en chansons... Pour moi, Miss Carpenter a toujours appartenu à la Rive Droite, celle des Grands Boulevards, celle des théâtres populaires qui font plaisir aux gens, ces salles qui sont là pour faire oublier le quotidien depuis bien plus de 100 ans. Enfin Miss Carpenter Is Alive and Well in Paris.
# écrit le 18/04/15 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

One Woman Show: Julie Victor dans Julie Victor fait ce qu'elle veut

-plaisir partagé
Julie Victor est heureuse d'être sur scène et nous, heureux d'être dans cette salle comble du Sentier de Halles. Julie nous raconte sa vie... Sa vraie vie ? Avec de l'invention ou pas ? On s'en fiche. C'est truculent à souhaits, drôle, bien chanté, avec une voix puissante (mais ça on le savait qu'elle chantait bien). Julie nous ballade dans son passé d'apprenti chanteuse-comédienne (ah il faut choisir! chanteuse ou comédienne, sinon on passe pour une indécise!), les voix de publicités, les profs un peu barjo, l'arrivée à Paris from sa Normandie natale, tout y passe. Elle nous embarque dans le tourbillon de sa vie, sans faire des sketches ; elle raconte bel et bien une histoire. Elle a une énergie qui se transmet et qui donne envie de participer (à en juger par l'enthousiasme du public). Dès son entrée elle bouffe notre capital sympathie grâce à son sourire et la façon dont elle se pose sur scène. C'est une performeuse et c'est assez rare pour qu'on n'oublie pas de le souligner. Elle est accompagné par Jérémie Pontier, un musicien qui sait tout faire (encore un indécis, tu joues du piano ou de la batterie?) et la mise en scène enlevée est de Tatiana Werner. Mais ce qui transparait chez Julie Victor c'est que c'est une actrice (oui oui, une chanteuse-actrice) mais une actrice qui sait faire passer toutes les émotions. On quitte la salle rassasié de belles choses.
# écrit le 29/01/15 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Théâtre musical: Isabelle Georges

-L'entertaineuse française
Quand Isabelle Georges arrive sur scène elle a envie de tout donner. On le sent à son sourire, à sa façon de communiquer avec son public, de regarder un à un les spectateurs pour leur dire individuellement "c'est pour toi que je fais le show". Moi ça m'a toujours bluffé. Avec elle, on ne se sent pas un nobody, elle joue pour nous, personnellement. Vous en connaissez beaucoup des artistes comme ça ? Moi pas. Chante! est une succession, mise en scène, de chansons du répertoire. Quel répertoire ? La belle chanson ! Qu'elle fasse partie du Great American Song Book (Sondheim, Herman, Styne, Cole Porter...) ou des standards que l'on connait tous en France : Aznavour, Brel, Nougaro... Un soir de Rosh Hashanah, écouter "Ne me quitte pas" en Yiddish (et même si c'est un peu triste), avec une clarinette qui rappelle les Shtetl et les origines de beaucoup de musiques de Broadway, quoi de mieux ? Isabelle Georges a tous les talents mais celui qui est le plus important à mes yeux c'est cette joie et cette volonté de transmettre. Elle a besoin de partager son art, coûte que coûte, elle fait le show. On sent que son spectacle est écrit et que les protagonistes (5 musiciens et les techniciens) ne sont pas venus pour faire de la figuration. Il y a un réel professionnalisme dans tout ce qu'elle fait. Vous me direz, "c'est indispensable non ?" Oui, mais c'est très rare.
# écrit le 25/09/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Comédie: Le Porteur d'Histoire

-"La suite de l'histoire ! La suite de l'histoire !"
Rarement spectacle aura tenu autant en haleine ses spectateurs. Le Porteur d'histoire est une ingéniosité d'écriture, à tel point que je ne suis toujours dit que les auteurs qui arrivent à nous faire tant rêver et voyager ne sont pas des êtres normaux. Ils doivent avoir des chromosomes en plus, ou venir d'une autre galaxie et sont là pour nous faire supporter les vicissitudes de la vie sur la planète bleue. Le Grand Ordonnateur de tout ça, sorte de gourou des galaxies et mondes parallèles appelé Zoltakus, a du se dire : "Tiens j'enverrais bien Alexis Michalik faire un tour en France, histoire de leur raconter ce qu'étaient les Lysistrates. Alexis, fais ta valise, tu pars par la prochaine navette!". Depuis 2011, cette pièce à 5 personnages triomphe et je ne la vois que maintenant, Quelle honte !... Ils sont 17 comédiens en France à la jouer, à Paris, en tournée et bientôt en Avignon. Raconter la pièce serait un sacrilège. Sachez que Le Porteur d'histoire est un feuilleton, que tout s'imbrique d'une merveilleuse façon, que les acteurs jouent plusieurs personnages et que tout est fiction même la Grande Histoire du Monde. Que l'on soit en 2011, en 1822, ou au 14e siècle, tout a un sens et le savoir est la source de la vie. Quelle soirée exceptionnelle, à avoir la chair de poule, les yeux humides dès que l'histoire s'installe, dans une salle archi bondée (récompenses des Molières obligent) et silencieuse, pas un toussotement, pas une mâchoire qui mastique un chewing gum. Alexis Michalik pose les questions suivantes dans sa note d'intention : Qu'est-ce que l'Histoire ? Qu'est-ce qu'une histoire ? Qui sommes-nous ? Il n'y répond pas forcément mais il nous laisse réfléchir à ces questions essentielles d'une façon ludique et haletante.
# écrit le 02/07/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Comédie: Revenir un jour

-REVENIR c'est revivre un peu
En novembre dernier j'avais vu le showcase de ce spectacle et je m'étais dit que je ne voyais pas comment un producteur pourrait passer à côté de ça. Eh bien des producteurs, Jean-Manuel Dupont et Le Palais des Glaces, ont en effet décidé de produire cette pièce formidable. Même si on se refuse de l'admettre, les boys bands d'il y a une quinzaine, voire une vingtaine d'année, ne nous ont pas laissés indifférents. On s'est moqué d'eux, on s'est quelquefois empêché de les aimer pour ne pas avoir la honte, mais le fait est que beaucoup connaissent la chanson "Partir un jour", c'est donc qu'on a été marqués par le phénomène. On ne se moque plus, on écoute avec intérêt (ou nostalgie) certains titres formatés, très formatés, de l'époque. Des années après la gloire, puis la déchéance, un boys band décide de se reformer pour une tournée des Zéniths. Entre rivalités intestines, rancoeurs, histoires amoureuses et regrets, l'histoire (bien construite signée Franck Le Hen) nous fait vivre de l'intérieur ce que ces pauvres gosses ont connu. Des gosses, oui, qu'on a propulsé au rang de produit markété comme des cornflakes jusqu'au jour où l'on a découvert la télé réalité avec Le Loft, puis les différents télé-crochets, de la Star Academy à La Nouvelle Star, véritables machines à rêves souvent éphémères. On avait changé le packaging mais pas les conséquences... Certains produits iront même jusqu'à être jury pour d'autres produits, la boucle est mal bouclée ou fermée de façon sarcastique. Comme des invendus, les boys bands des années 90 se sont retrouvés aux rayons soldes, puis sans rayon du tout. Descente aux enfers, ne plus exister médiatiquement, fut le lot de beaucoup d'entre eux, avec le sentiment de ne plus " être " tout court. D'autres, moins tourmentés par le retour à l'anonymat, continuent de vivre tout à fait normalement en faisant autre chose, ou en ayant amorcé une carrière artistique moins sous les feux de la rampe mais toujours sur scène néanmoins. REVENIR UN JOUR raconte tout ça avec un humour certain, une nostalgie non cachée mais surtout une tendresse qui fait penser que les personnages et les situations ne sont pas si fortuites qu'elles en ont l'air. Des dialogues rappellent même des événements bien connus d'un certain public comme la sex tape de l'un des personnages. Quatre garçons (plus trop dans le vent) et leur productrice (excellente Christine Lemler) partagent des situations cocasses et dont on se doute bien qu'elles sentent le vécu. Edouard Collin et Rodolphe Sand donnent quelques belles leçons de comédie, tandis que le personnage joué par Franck Le Hen, très à l'aise dans ses répliques qu'il s'est concoctées lui-même, parle un franglais VanDamien extrêmement drôle. Le moment où David Tournay téléphone à ses enfants reste, je l'avais déjà dit, une scène de réalité délicate, une pause dans un spectacle qui va à 100 à l'heure. Au delà de l'histoire d'Alex, Chris, Steeve et Jordan (les 4 personnages du show), je ne peux m'empêcher de penser à Filip et à Quentin, à leurs vies brûlées, à leur discernement peut être tronqué par une flamme beaucoup trop brûlante à laquelle ils s'étaient un jour accoutumés... On peut aimer ou ne pas aimer cette pièce mais force est de reconnaître que le sujet abordé ne l'a jamais été et que l'écriture est bien plus profonde que la simple superficialité d'une histoire de boys band. Il s'agit en fait d'un plaidoyer (très drôle, qu'on se rassure !) sur la souffrance de la célébrité perdue. Celle qui tourne la tête, qui la fait perdre et qui, au final, fait penser que la médiatisation n'est pas aussi enviable qu'elle en a l'air...
# écrit le 18/05/14 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com

Comédie: Revenir un jour

-La gloire retrouvée
" Les personnages et les situations de ce récit étant purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé ne saurait être que fortuite. " Les boys band sont "partis un jour", il fallait bien qu'ils reviennent. Bon nombre de groupes se sont reformés ces dernières années histoire de refaire un album, une petite tournée nostalgique... REVENIR UN JOUR raconte la re-formation, pas facile, de l'un de ces boys band, les OneAgain4. Précédé de clips de ces années là où l'on voit la ferveur des fans des 2Be3 ou du groupe Alliage, le spectacle raconte la descente aux enfers après la célébrité, les propositions de téléréalité, les magazines people... L'affiche fait envie (elle est belle cette affiche!). Le show aussi. C'est drôle, avec des répliques qui deviendront cultes et qui furent souvent ponctuées d'applaudissements. C'est concocté par Franck LE Hen qui ne verse pas dans le pathos et, même si certaines situations sont téléphonées, les dialogues ne le sont pas. Showcase vous avez dit ? Moi j'ai assisté à un vrai spectacle, avec de très bons comédiens et une mise en scène enlevée d'Olivier Macé. De la bande des 4, amis de jeunesse, l'un est en décrépitude physique, l'autre morale (Edouard Collin / Rodolphe Sand), un troisième fait ce qu'il peut, y compris du strip tease ou des vidéos gays (Franck Le Hen) et le quatrième, propre comme David Charvet (David Tournay), a trouvé un équilibre grâce à ses deux fils (la scène où il téléphone à ses enfants est très belle). Avec tout ça, et l'aide de leur ancienne manager (Christine Lemler), reformez donc un boys band ! Finalement, avec des péripéties et une première fin qui n'annonce pas la deuxième, le groupe se reforme. Ces quatre jeunes hommes (Alex, Chris, Steeve et Jordan - des faux prénoms comme dans beaucoup de groupes de l'époque, je vous laisse découvrir les vrais quand vous irez voir le spectacle!) racontent comment ils ont vécu, comment ils vivent la non célébrité, comment on peut tomber dans l'oubli et, de fait, ne plus exister réellement sauf à continuer sur d'autres bases. J'ai assisté une fois à un concert des 2Be3 à Bercy, invité par Filip, Frank et Adel. C'était absolument phénoménal (dans le sens "étonnant" du terme). L'engouement populaire (apporté par les jeunes filles et les enfants et les homos en cachette comme le dit si bien la pièce!) m'avait sidéré. On peut tout à fait rapprocher ça de l'engouement pour les spectacles musicaux de nos jours. Les quatre comédiens sont excellents, avec un sens de la répartie et du dialogue. Edouard Collin a décidément pris de l'assurance et de l'envergure (et peut-être un rôle qui montre toutes ses facettes?), tandis que Rodolphe Sand m'a totalement subjugué. Il est polisson, drôle, émouvant, avec un sens de la mimique incroyable (et servi, lui aussi, par des dialogues ciselés). Si ce spectacle ne se monte pas à Paris et ailleurs, je ne comprendrais pas. C'est le type même de bonne soirée qu'on a envie de passer. Les donateurs de KissKissBankBank ne s'y sont pas trompés. Un Monsieur, lors des saluts et du speech final de Frank Le Hen, s'est exclamé "c'est formidable!". C'est un peu étrange de crier ça mais après tout, c'est tellement vrai, pourquoi ne pas le dire très fort ? Oui, Monsieur, vous aviez raison, c'était formidable. J'ai pas eu le cran de le crier au théâtre alors je le dis là.
# écrit le 26/11/13 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com