Savoureux spectacle aux Mathurins pour cette dernière de 2024 de cette pièce qui traite de l'amitié, jamais corrompue par les pires turbulence, je n'évente pas plus. Mille fois hélas pour moi, après 45 mn confortablement assis au premier rang, une fatigue accumulée et probablement un virus saisonnier ont eu raison de ma concentration qui s'avéra de plus en plus épuisée. Que les acteurs, qui m'ont bien vu, me pardonnent, leur tandem était génial. C'est partie remise, je l'espere, et eux aussi, car l'argument et leur prestation ont été magnifiques. # écrit le 02/12/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
J'ai trouvé la pièce assez pesante (ou en apesanteur) et rompant avec la programmation plutôt tranchante et pétillante de la Scala St-Martin. L'idée est bonne, dériver à partir de Marivaux, sauf qu'on ne n'y retrouve plus son scintillement, hors quelques éclats de beau langage par intermittence. Ça ne marivaude pas vraiment ou plus du tout dans cet entraînement dystopique de l'argument du dramaturge (ie La Dispute, isoler de tout contact avec l'extérieur et le sexe opposé deux filles et deux garçons pour savoir et disputer d'où proviendrait la fameuse inconstance amoureuse ) qui se dirige vers un sombre scénario SF aux relents d'eugénisme et de contrôle des personnalités , ou encore vers une parabole de la caverne de Platon où, dans le noir, les lumières de quelques uns ne valent pas bien mieux que l'ignorance crasse des autres. On perd le fil constamment de l'artifice pédagogique fantaisiste créé par un Prince de conte de fée du Xviiie siècle, et dans cette disputation galante promise la liste des pour et des contre est à la peine, glanés au hasard de la concentration du spectateur mise à rude epreuve. Reste une belle mise en scène, des bons acteurs, bien plus les femmes, au jeu plus spontané , que les hommes au jeu affecté et manièré, très salon de mode. Tout cela laisse un goût d'avant-garde qui confond l'emballage et le vif du sujet. En soi, la démarche est pourtant très intéressante. À resserrer peut-être, pour que le public tout-venant adhère. Il n'est pas si idiot que ça. # écrit le 30/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Un hymne à la ténacité, avec de nombreux passages cocasses. Pièce familiale qui se laisse voir avec plaisir. L'histoire est véridique,d'où l'attrait supplémentaire. # écrit le 28/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Beau spectacle de Xavier Guelfi pour un seul-en-scène en equilibrisme, tout en faux departs et avancées tortueuses, façon work in progress cumulant des souverains ratés de Charlot et qui m'a rappelé un peu l'esprit pince-sans-rire de Frédéric Ferrer dans La Morue. L'argument du risque de ne pas arriver à faire un spectacle comme vecteur de ce spectacle, parabole d'hommage à la poésie pure et au farfelu, marche ici à fond. La fausse improvisation titubante, rodée dans ses moindres mécanismes cachées, prend le risque d'une salle plus ou moins attentive, qui dort ou qui retient son souffle. Ce soir, elle s'avère une quintessence d'une voltige sans filet eoù le pas sérieux nous donne effectivement de l'air face aux postures sérieuses de ce monde et de l'actualité. Brasser de l'air et s'envoler, marché concluant. Ne ratez pas cette heure de divagations qui raconte d'une autre manière l'histoire. Merci à la Piccola Scala de la Porte St-Martin. # écrit le 21/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Sous son titre balzacien en diable se devoile une heure trente d'un panier de crabes politiques incroyable de réalisme. Très bien informé, sans doute par des gens de "l'interieur", le livret laisse Victor Rossi et Matthew Luret se déchaîner dans le portrait sans filtre, sans donc plus de distance révérente entre citoyens et elus, de deux intriguants pris dans le petit cénacle de la machine à faire des hommes soi-disant d'Etat, des grands Commis de la République, et confirme la desaffection de pas mal de Français pour une certaine idée de la politique, c'est-à-dire dans un entre-soi coupé des électeurs et dégagée de toute responsabilité, tout en marmonnant la bouche pleine des grands mots qui tournent à vide. Il n'est pas difficile d'y reconnaitre des tenors du moment ou des jeunes gardes avides de postes. L'argument qui fait également contraster deux énarques, dont l'un est né une cuillère dans la bouche et l'autre provient d'un milieu modeste, est parfaitement bienvenu et boucle la boucle d'une méritocratie de facade circonvenue dans les faits par un pantouflage systemique. On sort du spectacle éberlué, car, hélas, tout est vrai et rien n'est faux, et ce n'est pas forcément la bile de Mediapart ou du Canard mais la triste réalité connue de tous. Franchement, je n'ai pas ri jaune, au contraire, malgré le risque populiste du tous pourris . Vive la catharsis du théâtre salutaire et ses acteurs, et cette pièce sophistiquée n'a rien d'une pochade simplette. N'hésitez pas à aller voir sa charge désopilante qui décrypte et décape les arcanes du pouvoir et qui, ce faisant, donne de l'air frais et l'espoir d'alternative . Le prix de l'engagement. # écrit le 17/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Satie Satie à l'envers de l'endroit Nouvelle première hier soir au Funambule de cette pièce sur Satie qui m'a laissé une impression mi-figue mi-raisin . Si j'étais content d'approfondir ma connaissance de l'energumène, le texte embarque rapidement sur des anachronismes (Aznavour) et des digressions ou ruptures historiques. Pourquoi pas ? Tout est permis au théâtre et on n'était pas venu assister à une conférence, mais ce qu'a été réellement Satie prend le risque d'être dilué. Par contre, si on suit le partie de la fantaisie et d'un prétexte d'hommage musical, la pièce procure de très belles réparties, une pièce, au fond, d'aujourd'hui, avec un tandem qui se chamaille, qui danse, et un incroyable moment poetique sous un voile. Ce mélange des célèbres traits d'humour sarcastique, de raideurs, de provocations avec le développement d'une histoire de famille putative, mais qui vaut parabole de la vie de misère de l'écrivain, sera étonnant, détonnant, agréable, déconcertant, profond, agaçant . À vous de voir, les acteurs sont, eux, excellents pour ce moment de bio fictive (ou augmentée) qui compose un morceau sur Satie en forme, non de poire, mais de femme-espoir(e) au soir de sa vie. # écrit le 16/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Délicieuse romance sous forme de comédie, un genre effroyablement difficile si l'on se rappelle l'âge d'or des comédies américaines, tout à fait approché . Ici, à l'image de Tinder, de l'IA , de la terrible solitude urbaine, Brigitte Froment et Olivier Hardouin sont malicieux à souhait dans cette pièce de Hugues de Rosamel, brillante et espiègle réflexion sur les attentes amoureuses. Venez marivauder sans hésiter au théâtre Hébertot. Un match épique pour le perfect match. # écrit le 13/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Belle interprétation au théâtre Clavel de la pièce d'Euripide par quatre jeunes actrices très convaincantes, car tenir une heure alors que le public connaît le dénouement n'est pas aisé. Mais, puisque cette forme de théâtre est celle du constat d'événements irrévocables, rien n'a manqué, la description incarnée des passions, la douleur et les râles de la femme trompée, le cortège venimeux des Erynnies (les Furies des Romains) la mecanique implacable chère aux Tragiques, tout y est avec le souffle qui emporte jusqu'au bain de sang final, sans compter l'effroi particulier que donne, par moments, le recit en mode rapporté, et non sur la scène, de tel ou tel désastre et qui saisit, non les yeux, mais l'imagination. . Affliction, drame de l'extrême, ces vicieux de Grecs nous font réfléchir et bondir de nos strapontins en mode, là, crash-test, en poussant les situations aux limites, par le sacrilège, les franchissements de l'infranchissable. Dans cette restitution de Louise Le Coz, Manon Reyniers, Flavie Taillefer, Philippine Vahé, dans la mise en scène de Quentin Caillot-Gueugneau, on sent particulièrement la femme trahie et perdue, traquée, exilée, une migrante démunie avec trois enfants à charge, porteuse également d'une rationalité autre, magicienne d'ailleurs, de Colchide et non pas d'Athènes (Euripide) ou de Corinthe (Jason). Coincée, la femme bafouée, l'Étrangère pas d'ici? Sortie grandiose, façon hara-kiri plus d'hémoglobine tu meurs, mais quelle critique des bien propres-sur-eux Créon et Jason! Et quelle descente dans nos effrois les plus profonds, de nos blasphèmes redoutés, la trahison de l'aimé et/ ou le meurtre d'enfants. Couvrez-vous les cheveux de cendres, tremblez, les Grecs viennent vous ouvrir le ventre. Quelle tornade ! # écrit le 09/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Sam Karmann signe un magnifique seul-en-scène autobiographique qui tient presque plus du manifeste que du théâtre de "fiction", mais ce genre du seul-en-scène est précisément propice à cette expression (voir ces dernières semaines Eva Ramy, Melanie Page, Clothilde Aubert ). L'emouvant est que Sam Karmann fait se fondre travail d'acteur, qu'il est professionnellement, et mise à nu d'un roman familial qui nous transporte d'Egypte à Paris en passant par l'Italie, et de la médecine au théâtre. Dans ce jeu dangereux pour l'acteur qui est là son double et qui se joue lui-même devant nous, Kaufman est somptueux de narration amusée et grave, tour à tour tous les protagonistes dont il a les tics et les accents dans le sang, tour à tour ses émois d'enfant, d'ado, de jeune adulte qui ne comprend que partiellement les choses, ni qui il est vraiment , dans une longue transformation qui l'amènera à savoir quels sont les secrets bizarres de son identité et quelle est la vocation qui l'attend "au hasard" d'une croisée des chemins. Sous ses mots de confessions d'un acteur, l' aventure d'un homme devient une épopée, ce qu'elle est d'ailleurs, debordante d'un hommage ému et rétroactif aux aimés, aux proches disparus et dont, devant nous, il denoue le labyrinthe de faits et gestes, celui qui fait qu'il est Sam Karmann, acteur, né une fois de paternité étrange, deux fois né par la scène, trois fois maintenant devant nous à la Scala. Soirée souveraine. # écrit le 03/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Parmi les spectacles de lectures qui sont proposés à Paris, celui-ci, au magnifique Studio des Champs-Elysées, ne m'a pas très emballé. Dulery est très enthousiaste vis à vis de ses morceaux choisis , amoureux des lettres, mais curieusement ne donne pas l'impression de s'effacer assez devant eux. 19.5 en ce moment à l'Essaïon m'a paru plus convaincant dans un registre similaire . À la décharge de Dulery, la lecture en solo est très difficile : pas de dynamique entre acteurs, art consommé de la recitation et de la restitution, plus difficile que le doublage à cause de la scène . Ce que doit être une bonne incarnation, c'est au goût de chacun, y compris des spectateurs, mais la corde est encore plus raide quand s'ajoute au defi une multiplicité de textes divers. En passant, j'ai beaucoup aimé le Francis Carco où Dulery se lâche, et s'efface de plaisir. Excellent laïus aussi quand il explique que dire un texte destiné à être lu est tout un problème. On lui pardonnera volontiers d'être un peu poseur. # écrit le 01/11/24 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com