Ses critiques
5 pages de résultats triés par | | -Charlène en scène : sur un nuage 10/10 Distribuée dans de belles perles et d'heureux bijoux - Yes, Paris Chéri(es)... - Charlène revient au concert solo après 3 ans de disette pour un public fidèle sevré de Seule en scène. La diva svelte au grand coeur et fines hanches se livre corps, âme et paillettes à La Nouvelle Ève. À deux pas du "Red Windmill" comme on dit à Las Vegas, l'artiste en grande forme malgré un petit rhume ouvre les ailes du temps et nous raconte : sa fuite en 1936 dans les bras de sa mère - elle est encore toute petite et l'Espagne en guerre -, ses grands rôles et les plus petits, ses rencontres improbables et des anecdotes incroyables. Comme ce "tube" la fourgonnette Citroën en tôle ondulée qui en 1948 fait le tour des salles de music-hall pour garnir les chorus finaux avec des artistes octogénaires prêtées par leur maison de retraite. Le panier à sopran'. "On me taxe parfois d'élitisme souffle l'artiste entre deux numéros... je dois bien me mettre au niveau de mon public." On rit, on chante, on tape du pied et des mains. On est aux anges. En ces temps de centenaires divers et variés voir cet artiste unique a du bon. Drôle, tendre et vraie amateure au sens propre, Charlène Duval nous rend la vie plus belle, défie le temps et joue avec les genres : standards d'opérettes et de caf'conc', extraits de musical, compositions originales, nous sommes pris dans un arc-en-ciel d'émotions, de culture et d'amour. Pygmalion inspiré et accompagnateur dévoué, Patrick Laviosa est aussi fin musicien que duettiste stylé. Le pianiste et ténor de Cinq de Coeur met toutes ses touches et son talent au service d'un show unique et parfait. On sort sur un nuage tendre et lumineux. Bonheur. # écrit le 15/11/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Toute la magie du théâtre et des acteurs 10/10 Un ami prête son théâtre à 2 acteurs pour 1:30 de répétitions. Les compères ont du métier et un texte en or, Dom Juan de Molière. Au début, Sganarelle est en retard : une bombe pulpeuse dans le métro. Il arrive, excuse son libertinage et déplie l'éloge du tabac. Le ton est donné : au théâtre tout est (encore) possible. Maître et valet, classique et moderne, hier et aujourd'hui dialoguent avec la science parfaite et le naturel confondant de deux comédiens qui ne cachent plus leur âge et dont les personnages règlent eux-mêmes les lumières depuis la scène. Jean-Philippe Ancelle apporte à cette joute intemporelle la vie et l'élan d'un texte ciselé, lucide et bienveillant et de deux caractères bien trempés. On ne la leur fait plus. Adapter 2 ou 3 tirades au nombre de leurs années : est-ce un crime et d'ailleurs, qui est anachronique ? Au plus raide des deux, la bouteille arrondit les angles et éclaire tous les accents. À l'autre, porter l'habit redonne souplesse et confiance. Ah le beau métier que celui d'enfiler une 2ème peau pour faire rire ou pleurer. Michel Pilorgé et Jean-Philippe Ancelle nous le prouvent avec grâce et font vivre avec eux : dans leur mise en abîme, la liberté est le fruit de la passion, de la fidélité et de l'engagement. Ce soir toutes les émotions nous traversent, sans aigreur ni lourdeur, pendant cette pièce parfaite aux nombreuses lectures et au plaisir constant. Il faut y courir dans cet écrin boisé à coeur du Ranelagh : en couple, en famille, avec sa classe d'enfants, ses ados d'appartement. Ou entre amis comme les 2 réunis ce soir sur scène et leurs deux personnages, jamais à l'abri d'une bonne surprise quel que soit l'âge. # écrit le 12/03/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Concert : L'entente parfaite 10/10 Paris fête le baroque italien, puits de poésie et de musique, et l'amour, fil invisible qui relie la grâce et la nature. La Salle Cortot est l'écrin sobre et intime d'un concert exquis et captivant. Lea Desandre et Thomas Dunford distillent leur programme parfait en belles et heureuses séquences d'airs italiens et toccatas flamandes. Couvant les mélodies sur le même chevalet, le duo aimante le public à sa musique inspirée et sa magie complice : Monteverdi, Strozzi, Merula, Händel et Frescobaldi ont la trame souple et sûre du souffle de la mezzo, les couleurs sensibles et profondes de son coeur. Thomas Dunford entoure cette flamme de tous ses soins, avec rythme, relief et reflets riches en improvisation et met sa virtuosité au service des toccatas savantes de Kapsbeger. En bis Charpentier et Lambert nous ramènent en France, près du feu qui brûle parfois plus fort pour l'un que pour l'autre. Ce soir l'équilibre est parfait sans ombre au tableau : la preuve ce Largo de Serse redonné en bis avec un médium savoureux et velouté tant pour la voix que pour le luth, comme un lien subtil et charnel entre grâce et nature. Magnifique. Le duo annonce un programme français avec le même esprit : on se régale d'avance. # écrit le 09/03/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Le cadeau d'une vie 10/10 Artiste libre, exigeante et généreuse Ludmila Berlinskaïa nous fait ce (vendredi) soir Salle Gaveau un superbe cadeau. Elle joue sur scène, en toute transparence, les 4 pièces immenses réunies pour Melodia comme piliers de sa vie. Le public salue son arrivée et offre au 1er joyau de la soirée l'écrin tendre et parfait d'un silence rare. On dit que Beethoven entend un quatuor quand il compose : sous les doigts de Ludmila l'opus 109 nous le confirme. Les voix chantent, respirent, s'attendent, se mêlent et se croisent. L'artiste nous dit ce qu'elle aime : le contraste, les frontières, l'onde subtile et légère qui balaie les sentiments contraires. La vie ne vaut d'être vécue que si la musique nous la fait vivre une seconde fois. Medtner trouve dans sa Sonate-Réminiscence le juste lyrisme et le relief précis pour dire l'unité de ce qui nous relie, à nous et à la vie. Ludmila Berlinskaia met son jeu fluide au service de cette évocation où le présent côtoie tous les temps. Après l'entracte et avec Schumann il est temps de ne plus être sage : la pianiste nous prend dans la folle spirale des Kreisleriana. Le tempo est vif et la virtuose aux anges. Elle crée devant nous la matière vivante, fruit du travail patient de l'artiste et de ses plus hautes aspirations. Elle en extrait chaque atome au creux de piani infinis qui ondulent et éclatent comme de fines bulles ouvrant vers d'autres pianissimi. Jouant il y a peu un Erard qu'il avait aussi joué, Ludmila Berlinskaia se demandait : "Ah ! Si la pensée intime de Ravel pouvait me parvenir à travers l'ivoire de cet instrument". Puisant dans sa science, elle ouvre ce soir son Steinway fier et fort de ses nuances, sur le coeur et l'âme des compositeurs qu'elle invite. Les Valses Nobles et Sentimentales semblent les réunir, avec la douce et savante ironie de Ravel. Amadouer ses souvenirs peut être un plaisir aussi vain que la valse, mais quelle grâce à le faire avec une aussi belle musique chante Ludmila. Et quelle joie de le partager avec nous battent nos mains veillant à ne pas rompre le charme. Liadov et Scriabine signent les 2 bis du concert immense et personnel d'une artiste unique. # écrit le 06/02/18
| -Sensible, unique et précieux 9/10 Humble, fervente et assoiffée de savoir Lou von Salomé a tout pour plaire et pour déranger. Dans son texte et sur scène Bérengère Dautun s'en saisit comme d'un double. Et ce que nous voyons et entendons est beaucoup plus que du théâtre. Lou naît à St-Petersbourg le jour où Alexandre II abolit le servage. Vision, courage et farouche liberté vont la guider. Et plus Lou s'affranchit, plus elle se découvre elle-même et révèle ceux qui l'entourent. Leur exigence, leur science, leurs amours et leurs renoncements. Là où une muse réveille les arts, Lou réveille les autres, bouscule les sciences et secoue l'ordre établi. Bérengère Dautun confie à Sylvia Roux le soin de jouer ce double : de l'enfance au coeur des uniformes à la mort au coeur des idéaux nazis, l'ombre du père perdu à 13 ans plane sur cette vie unique et dense et sur la scène. Anne Bouvier y tend une toile où les marqueurs de l'histoire s'allument pour chaque tableau. Elle dispose autour les objets signifiants du destin unique de Lou : son enfance, sa sensualité, l'image de l'autre. Bérangère Dautun s'amuse à camper les figures autour de Lou : sa mère et son père d'abord, Nietzsche, Rilke, Freud et les autres, puis une Lou âgée. Les deux actrices excellent à donner au ton de la correspondance d'un texte riche et ciselé le parfum des climats à cheval sur deux siècles et le sens d'une vie unique et absolue. On ressort sous le choc de ce destin libéré et révélé avec une lumière intérieure saisissante. # écrit le 23/11/17
| -[MasterClass] Coach Jennifer enflamme Cortot 9/10 Jennifer Larmore, la plus française des mezzo américaines tient sa master-class à Cortot. 4 élèves de l'ENM de Paris lui offrent leur art et goûtent le sien en retour devant un public ravi. Bienveillante, perspicace et engagée, la belcantiste accomplie écoute sans couper, salue les réussites et donne des clés pour avancer. Respirer depuis les coulisses, mimer l'air pour varier les couleurs, battre des mains pour trouver le coeur du public : elle parle à l'italienne, prend ses élèves par les bras, appelle les images et use de jeux pour inspirer. Phoebe Dinga, Juliette vibrante et résignée (I Capuletti e i Montecchi, Bellini), Théo Imart, brillant et fougueux Sesto (Giulio Cesare in Egitto, Haendel), Yi LI, Dorabella fluide et agitée (Cosi fan tutte, Mozart) et Estelle Rabaud, exquise et rieuse Cendrillon (Massenet) y puisent énergie, pulsation, volume et projection. Avec le soutien parfait et complice du piano de Jean-Baptiste Lhermelin. Professionnelle entière et généreuse, Jennifer Larmore met en avant ses qualités pour mieux les partager. Avec ses élèves comme avec le public. Un bonheur pour lequel on peut et doit aussi remercier et féliciter Vladimir Chernov, Mireille Alcantara, Anne-Marie Rodde et Daniel Ottevaere leurs professeurs à l'ENM. # écrit le 22/11/17 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Le duo d'amour et de piano enchante Cortot 10/10 Le duo qui rend les gens heureux nous reçoit dans son jardin avec l'exigence et la liberté comme marques de fabrique. Ludmila Berlinskaïa et Arthur Ancelle font ici ce qu'ils veulent et nous entraînent hors des sentiers battus. Ils ouvrent d'entrée un précieux flacon : la Suite n°2 de Rachmaninoff rompt 3 ans de silence et annonce des décennies musicales. Le duo inspiré, virtuose et complice y montre toute sa grâce, son lyrisme et sa fantaisie. Enlacés roulant dans l'herbe, ils tournent dans la pente douce : leur Valse nous ensorcelle, la Tarentelle étincelle. Ce siècle a un an et des années de guerre, d'amour et de paix à venir. They all sang Yankee Doodle raconte Brubeck mi-folk mi-jazz : le coeur de l'Amérique bat du sang des indiens versés à l'affront des alliés refoulés. Comme DW Griffith, Brubeck balaie l'histoire de champs-contrechamps : les motifs se suivent et se fondent sans qu'aucun n'efface l'autre et font le socle mélodique de la nation. Qui sont les véritables américains ? Après le court entracte les Jets et les Sharks luttent devant nous. West Side Story a 60 ans et Tony et Maria les yeux et les doigts de Arthur et Ludmila. Le duo semble improviser les Danses Symphoniques comme au sortir de Broadway. Nous revivons le drame de Roméo et Juliette à Manhattan saisis par deux pianos qui chantent, dansent et jouent la comédie. Un sommet. Benett répond à Rachmaninoff avec son Divertimento en fin de programme : les danses du début se muent en Samba Triste avec un superbe thème plein de poésie, en blues et en ragtime avant un Finale on ne peut plus jazz. Le duo triomphe et nous offre trois bis : nous redécouvrons Tsfasman "le Gerschwin russe" dont les Flocons de Neige virevoltants nous enchantent ici comme à Saint-Pétersbourg en juin dernier. Quel programme, quel concert... et quel duo : bravo ! # écrit le 20/11/17 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Unique et jubilatoire 10/10 Thomas Monckton est néo-zélandais, clown, mime, acrobate et déborde d'imagination. Avec The Pianist ce all-black du rire s'attaque en queue de pie au rituel d'un concert virtuose. Paris découvre (enfin !) et acclame un artiste visuel unique et jubilatoire dans un spectacle allumé, brillant et poétique. # écrit le 02/11/17 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
| -Intense et brûlant 10/10 L'avocat élève la voix, off, dans le théâtre encore éclairé. Il conseille à son client de plaider coupable pour sauver sa tête. L'accusé se rebelle : que veut dire la perpétuité quand on a toute la vie ? Le verdict tombe. Une nouvelle vie commence, terrible, jusqu'à la peine annoncée. À la fin du spectacle, le condamné gît au sol. Un autre avocat élève la voix. Nous sommes le 17 septembre 1981. Maître Badinter demande à l'Assemblée Nationale l'abolition de la peine de mort en France. Entre les deux, le héros de Hugo vit devant nous la lente agonie de tout espoir en lui. Son propre deuil et celui des siens avant même que d'être mort. La mise en scène de François Bourcier ouvre le texte de Hugo et la cellule du condamné au public pour un huis-clos proche et intense. Le dialogue intérieur du héros adapté par David Lesné affûte celui de nos âmes avec celle du condamné : que sont nos angoisses face à la panique d'une mort annoncée ? William Mesguich excelle à partager le vertige et la pesanteur d'un fil tendu vers le couperet final. Avec d'infinies nuances, nous voyons son âme se vider de sa substance jusqu'à devenir le pâle reflet d'un être absent à lui-même et retiré au monde. Comment vivre ce châtiment d'un homme par les autres hommes quand on a une mère, une femme, une fille de 3 ans ? Comment ne pas juger la barbarie de tous quand on a soi-même jugé la sienne ? Le miroir nous est tendu. Il faut voir et entendre cette pièce, capitale. # écrit le 11/10/17
| -Le jazz, la chanson et l'amour 9/10 On rit, on vibre, on aime et fait un triomphe à ce concert-spectacle qu'on écoute aussi avec les yeux. Bravo Mathilde pour la signature vocale, Maylis Balyan pour la signature chansigne LSF, Colombe Barsacq pour la signature en scène (et les ballons pleins de bonnes vibrations), Vladimir Medail pour la signature musicale (la Gibson demi-caisse est une perle sous vos doigts) et Sylvia Roux et son équipe qui les signe tous le samedi à 17 heures. # écrit le 11/10/17
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