HUIS CLOS, mise en scène d'Agathe Alexis et Alain Alexis Barsacq, à l'Atalante. C'est la pièce de jean-Paul Sartre la plus montée (quatre versions à Paris en un peu plus d'un an), car elle nous parle redoutablement. Elle nous dit que nous sommes nos actes, que nous sommes ce que les autres voient ; " l'enfer c'est les autres ", cela signifie que nous nous mettons nous-mêmes en enfer à travers ce que nous donnons à voir de nous à autrui. Afin de mieux souligner cet aspect fondamental de l'oeuvre, il a été choisi à l'Atalante de la jouer au milieu des spectateurs, en " bi-frontal ", et avec des objets inquiétants (d'ailleurs fort bien venus) : des sièges bizarrement déformés et un bronze fascinant qui soulignent l'inquiétude existentielle des protagonistes. C'est très bien joué, et, paradoxalement, malgré leurs fautes tragiques, on ressent de la sympathie pour ces trois personnages qui, il faut le craindre, nous ressemblent terriblement, quelque part... # écrit le 07/05/13 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Josefa au théâtre la Boutonnière, mise en scène de Habib Naghmouchin. Connaissez-vous Émilie Pinédo ? Si oui, vous savez pourquoi je tiens à parler d'elle. Si non, allez toute affaire cessante voir cette comédienne formidable (je pèse mes mots : formidable, ça veut dire considérable, stupéfiant, géant, sensationnel, bon j'arrête, vous avez compris). Josefa (création collective), c'est une comédie étonnante dont le sujet est le théâtre lui-même, et qui nous montre (et nous démontre) qu'une bonne interprétation ne peut se réduire à une bonne élocution, une bonne diction, un texte bien récité avec une belle voix, mais que le corps (le physique), d'une part, l'écoute d'autre part, sont des éléments fondamentaux. Et ce n'est pas seulement dit, évidemment, c'est montré, incarné, par Émilie Pinédo et Cédric Mérillon, merveilleusement complices, impressionnants de justesse, dans un jeu très dynamique plein de trouvailles marrantes. La mise en scène est redoutablement efficace et originale. Quand je serai ministre de la culture, je rendrai obligatoire Josefa pour tous les élèves des cours d'art dramatique, qu'on se le dise ! Et ce n'est pas Émile Salvador qui va me contredire, lui qui martèle cela à ses élèves au conservatoire du XVème arrondissement (avis aux amateurs !). # écrit le 07/02/13
-Excellent 2/1/13 POIL DE CAROTTE, de Jules Renard, mise en scène de Michel Pilorgé et Jean Philippe Ancelle, au Lucernaire. Je crois que c'est Jules Renard lui-même qui a fait l'adaptation de son roman pour le théâtre, en 1900. Il s'agirait d'un roman autobiographique, et, si c'est vrai, c'est terrible. Ce pauvre Poil de carotte est détesté par sa mégère de mère et mal aimé par son maladroit de père, dans une ambiance familiale délétère, à peine adoucie par la petite bonne qui vient d'arriver. " Nous ne t'avions pas désiré ", lui avoue son père, et le pauvre garçon (16 ans) pense parfois au suicide. Deux répliques donnent un aperçu de l'horreur : " tout le monde ne peut pas être orphelin " dit au début Poil de carotte, et un peu plus tard, il donne sa propre définition de la famille : " c'est la réunion sous un même toit de gens qui ne peuvent pas se sentir ". C'est interprété par des comédiens excellents, aussi bien que la version de la Comédie Française, que nous avions admirée en février dernier. On a le vertige en pensant que Jules Renard ait pu subir cela dans son enfance ; on comprend mieux que cet humoriste ait pu se définir comme " un homme de bonne mauvaise humeur ", qu'il ait pu créer des expressions comme " rire à chaudes larmes, pleurer à se tordre ", et qu'il ait pu dire " il faudrait un mot qui serait à " larmes " ce que " sourire " est à " rire ". # écrit le 02/01/13
-Excellent 22/8/12 Un air de famille, d'Agnès Jaoui et Jean-Pierre Bacri, au Funambule Montmartre, mise en scène de Pauline Macia. On les avait déjà vus à la comédie des trois bornes l'année dernière, mais c'est une pièce tellement drôle qu'on y est retourné, au Funambule cette fois. Et on n'a pas été déçus : on a beau la connaître presque par coeur, cette pièce (on avait aussi vu le film de Cédric Klapisch, avec les auteurs, Jean-Pierre Darroussin et Catherine Frot, un must), on rit toujours autant. # écrit le 16/09/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
-Tchekhov +++ 26/8/12 L'ours et Une demande en mariage, d'Anton Tchekhov, par la compagnie Russian Tango, à la Comédie Saint Michel. Ces deux farces en un acte de Tchekhov sont souvent montées ensemble, car elles ont le même thème : la réconciliation (et le mariage) après une violente dispute. Il s'agit d'argent dans la première, et de propriété foncière dans la seconde. Louise Tchalikian, Jérémie Haik et Stéphane Djordjevic, mis en scène par Roman Turek, ont choisi d'accentuer le côté farcesque de l'affaire, et on s'amuse bien (eux aussi apparemment). D'ailleurs, on ne s'ennuie jamais à la comédie Saint Michel # écrit le 16/09/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
-Un Tchekhov à voir 3/9/12 La demande en mariage & L'ours, de Tchekhov, mise en scène de Sophie Parel, à l'Essaïon (compagnie " Mademoiselle S. "). A la fin de la demande en mariage, Natalia et Lomov, qui sont tombés dans les bras l'un de l'autre et vont se marier malgré leurs continuelles disputes, continuent de s'engueuler à propos de leurs chiens. Au demeurant, c'est un bon spectacle que celui de l'Essaïon, et le public ravi a remercié les comédiens de cinq rappels enthousiastes. Je ne ferai donc pas mienne non plus la dernière réplique de l'Ours, quand Madame Popova, qui vient de tomber amoureuse de son créancier après une longue engueulade : " je vous déteste ! ". (Question perso en passant : pourquoi dit-on " tomber amoureux " plutôt que " monter amoureux " ?) # écrit le 16/09/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
-Un inconnu à connaître 11/9/12 Inconnu à cette adresse, avec (aujourd'hui mais ça changera en octobre) Richard Berry et Franck Dubosc, au théâtre Antoine, mise en scène de Delphine Malherbe. Au départ, c'est un roman de Kressmann Taylor. Comme j'avais aimé le livre, c'est avec un peu de méfiance que je suis allé voir la version scénique, mais j'ai été très vite rassuré : c'est très fort. D'abord parce que le sujet est dramatique : la correspondance entre deux grands amis marchands d'art, Max à San Francisco, juif, et Martin en Allemagne où Hitler vient de prendre le pouvoir (on est en 1932). C'est très fort aussi parce que c'est remarquablement interprété, ce qui n'était pas évident dans la mesure où les comédiens lisent à tour de rôle les lettres qu'ils s'écrivent, et ça aurait pu être très statique. Mais il s'agit de deux comédiens formidables qui ont su éviter le pathos larmoyant, et on est pris par le drame. Finalement, la version théâtre est aussi bonne que le roman. # écrit le 16/09/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
-A ne pas manquer 14/9/12 Le journal d'Anne Frank, au théâtre Rive Gauche. Éric-Emmanuel Schmitt, qui a fait la transposition pour la scène, a réalisé un très beau travail ; la mise en scène (Steve Suissa) et la scénographie sont inventives et bienvenues, les décors (Stéphanie Jarre) sont remarquables, et l'interprétation est à la hauteur de ce difficile sujet, Francis Huster en tête. Je craignais un peu l'émotionnel facile : on en est loin. Ce n'est pas une simple lecture du célèbre journal, c'est incarné, vivant, et profondément humain. # écrit le 16/09/12 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Ce texte magnifique de Jean Giraudoux est merveilleusement bien mis en valeur par des comédiens remarquables, au premier rang desquels Vincent Gauthier dans le rôle principal. # écrit le 21/08/12
Mathieu Madénian dans A pleurer de rire
T.T.Q (Trahie, Trompée, Quittée)