Je ne vais pas aller dans le sens des autres spectateurs. L'idée de base est de parler de l'après-guerre avec ses restes de conflit, sa reconstruction (des relations humaines et amoureuses sur la base des hommes et des femmes qui ont survécu), son état d'esprit : jalousie, homophobie, amour.... Maintenant, c'est une succession de scènes comme le titre l'annonce mais c'est trop narratif, bien joué dans l'ensemble mais auquel je n'ai pas adhéré. Le texte est finalement pauvre à moins que la mise en scène n'ai pas su le mettre en valeur. Le nombre de comédiens n'est pas gage de succès. # écrit le 11/06/11
C'est toujours difficile de venir voir une pièce d'homo. On crains les clichés et les facilités. Ici, c'est du Copi donc de l'assumé. Enfin, j'espère. Ainsi, la pièce est rageuse. Rageuse contre la mort, rageuse contre la vie. Les vivants sont malmenés car la vie est trop courte (ou devenue trop courte à cause de la maladie) et qu'il faut en profiter : le petit jeune est dragué, "une dernière fois...", la chanteuse est lobotomisée, le vieux copain est mis dans le formol. La mort est refusée : Cyrille, le malade, meurt mais renaît pour mieux mourir encore. Les situations sont grotesques mais sous ces habits, il y a des réalités qu'il est possible de décoder. La critique des apparences, des postures des homos, des habitudes des hétéros machos de préférence, des femmes éconduites... Émerge un fils caché, petite fleur dans le désert. D'où vient-il ? Pourquoi ? Les choses sont-elles si simples et si simplement classables ? La mise en scène et tout le reste (lumière, décors...) est virevoltant pour proposer une soirée des plus joyeuses et sonnant vrai malgré des répliques pas faciles à caser sans que ça tombe à plat. Beau travail pour cette dynamique qui fait d'un drame, une partie de plaisir. # écrit le 10/04/11
Comme les quatre comédiens jouaient de la même manière, j'en conclue qu'il s'agit d'un choix de conduite d'acteurs. Au lieu de vivre le texte, il était (presque) récité. Selon le programme, les quatre personnages correspondent à la même personne dans quatre situations différentes de sa vie (ou quatre facettes). Est-ce pour cela qu'il ne fallait pas qu'il y ait d'humanité dans les échanges ? est-ce pour cela qu'il fallait tuer l'échange ? as-t-on besoin de telle démarche conceptuelle ? Le texte est intéressant. Il ne se passe rien sur scène mais en général ce type de pièce nous tient en haleine : tel le désert des tartares, on attend quelque chose qui ne vient pas ou trop tard. Ici, on attend rien et quand survient le suicide de l'homme marié, on en est surpris. "Tiens, il se passe finalement quelque chose !". Pas d'attente, pas d'haleine. Rien, on attend sagement la fin de la représentation. Noyé dans un texte débité comme un boucher débite sa viande, on se rend à peine compte du drame, de la jalousie de la femme du propriétaire, ni de l'inconsistance de la jeune épouse qui ne sait pas ce qu'elle veut. Pas plus des états d'âme du mari. Le seul moment d'éclaircie, c'est la partie chantée où on se réveille un peu en se disant : "tiens voilà l'heure de la pub" puis on se recouche. On disait que Claudel était élitiste, je dirais plutôt que le metteur en scène est conceptuel. En un mot, j'aimerai qu'on m'explique cette mise en scène. # écrit le 19/03/11
Jeener, le metteur en scène, montre ici qu'il n'est pas nécessaire de faire dans l'artifice pour proposer une pièce remarquablement interprétée. Certes, le sujet de la pièce est bon, une comédie, et n'a rien à voir avec le traditionnel Père-Fille-2 prétendants. Le texte est retord car il joue sur la contrainte qu'une femme (la soeur) peut exercer sur le père (son frère) au moyen de l'argent qui rend le père obligé de trouver des solutions de rechange à son plan machiavélique au point de se faire prendre dans son propre piège. L'intérêt de la pièce vient surtout de la qualité de l'interprétation où Sourdive, le père, est un comédien de grand talent sachant faire oublier le contexte pour mieux jouer sur les sentiments, la perversité, la filouterie, le sacrifice ("je suis fait"), la mauvaise foi... En retour, les quatre autres comédien(ne)s, ne manquent pas de savoir-faire : la soeur qui rit sans se forcer (imitation ou pour de vrai ?), la fille, charmante et sincère, le prétendant multi-facettes (comédie, musique, chant - déjà remarquable dans le Garçon de chez Véry) et la bonne, espiègle. Bref, des échanges d'une grande volupté, mine de rien. On se demande, non pas quelle est la fin car on s'en doute, mais par où va-t-on passer pour y arriver. En un mot, de la fraîcheur, de l'expérience et une grand plaisir pour les spectateurs et les comédiens. # écrit le 08/03/11
C'est une des rares fois où je trouve une interprétation très "aérienne", d'une légèreté très agréable. Je m'explique : sans crier, en prenant le temps quand il faut, avec quelques envolées lyriques comme une femme (une cocotte ?) sait le faire, avec toute l'onctuosité que sait donner un amant désireux ou encore avec toute la souplesse dont sont habitués les domestiques... Deux pièces donc, courtes, qui mériteraient d'être développées par l'auteur. Le metteur en scène fait avec. L'interprétation est ainsi le centre d'intérêt de ce spectacle. On peut simplement regretter quelques mots massacrés par le domestique-peintre puis américain dans la pièce suivante. Comme on est pris par la diction du texte (l'écoute), cela se voit même si les "rattrapages" masquent quelque peu ces ratés de prononciation. Sur le fond des textes, la première pièce est une belle satyre de la "haute" qui a du mal à accepter que les domestiques puissent être savants. Puis qui se fait des "histoires" alors que la raison du subterfuge (domestique-peintre) est toute simple et sans volonté de vol, meurtre (qui est une évidence vu de la "haute" vis à vis des domestiques comme il se doit)... La seconde pièce traite plutôt de la femme-objet-de-tous-les-désirs des hommes (coté homme) et de l'attrait de l'argent (coté femme), soit d'une façon discrète par la "haute" (argent ou sécurité mais sans réel amour dans tous les cas), soit d'une façon crue par la domestique qui ne peut pas faire autrement vu sa condition, comme il se doit. Bref, toutes les couches de la société et tous les sexes sont mis à l'indexe. C'est bien mais simplement un peu court. # écrit le 26/02/11
Je ne me suis jamais autant ennuyé et je me suis posé la question si les chansons avaient pour but de faire une pose dans le texte ou si le texte servait d'intermède entre les chansons. En cherchant bien, je n'ai pas trouvé de lien entre la chanson qui suivait ou qui précédait et le texte du moment. C'est plutôt du collage sans franchement du rapport. Il n'y a pas de mise en scène ou si peu. Si le texte est de Hugo, sa mise en scène ne permet pas d'en mesurer la porté, noyé qu'il est par la volonté d'en faire un spectacle au point que j'ai fini par avoir des difficultés pour me concentrer et l'écouter. Les chansons sont bien interprétées (heureusement car il s'agit de chanteurs lyriques et là je ne suis pas très exigeant) mais faire un patchwork entre différentes opérettes en sortant des airs de leur contexte pour les coller sur un texte d'Hugo, j'ai du mal à croire dans cette couture. Bref, je n'ai pas aimé et ne j'y ai pas trouvé d'intérêt. Ce n'est pas le cas de tous les spectateurs. Tant mieux. # écrit le 20/02/11 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com
Voici une variante des deux candidats-maris pour même jeune fille : c'est la fille qui choisi le mari et le père se transforme en oncle (et non en amant). Le sentiment global, c'est qu'il y a une réelle volonté d'en faire quelques chose et une bonne entente dans la troupe. Maintenant, il y a quelques ratés (dans la musique notamment) mais c'est quand même entraînant. On joue avec le physique des comédiens : le jaune qui imite jackie chan, le black très Mahattan... C'est surtout bon enfant. Le metteur en scène tente de sortir des sentiers battus et il y a de la bonne volonté de la part des comédiens. # écrit le 20/02/11
Les comédiens maîtrisent leur texte et le restituent bien mais cela n'est pas suffisant pour faire un bon spectacle. Il n'y a rien qui permette de trouver son compte : le sujet est intéressant (dire la vérité en tout temps et tout lieu) mais d'autres pièces l'ont traité de meilleure façon. La mise en scène est sans imagination et d'un quelconque. On s'ennuie. Certes, les comédiens nous intéressent à cette affaire mais c'est beaucoup trop stéréotypé. L'auvergnat est bien un auvergnat au cas où on pourrait en douter et ainsi de suite pour les autres rôles. Peu de finesse dans le jeu, à l'image de la mise en scène. # écrit le 16/02/11
-Une expérience pour qui veut découvrir une musique de la seconde période du XXième
8/10
Un constat : la mezzo-soprano doit être terriblement bonne comédienne car le texte, ni la musique suffisent. C'est bien ce mélange texte - musique - interprétation qui fait la qualité de la prestation. Un autre constat : il faut être terriblement ouvert à toute proposition pour accepter d'écouter une femme au téléphone pendant 40mn se plaindre d'être trahie, le souhaiter dans le même temps alors qu'on aurait tendance à lui flanquer des baffes si cela se passait dans le RER. C'est la magie de l'art et du spectacle. Les 3 textes sont forts, autour de la femme qui veut sans vouloir, qui se plains sans se plaindre, allez, en tant qu'homme, je peux dire : qui tente d'exister aux yeux de son homme. Coté textes, c'est très bien écrit, très sincère et réaliste. A croire que Cocteau ait eu une multitude de maîtresses. Coté musique, c'est très représentatif de cette période des années 50/60 (me semble-t-il). Ca m'a donné un peu l'impression d'être l'ancêtre du rap des années 2000 : texte fort et musique un peu répétitive, texte plutôt parlé et sans trop d'air. L'interprétation est éblouissante, sincère et pleine de vie. Stéphanie d'Oustrac maîtrise parfaitement tous les registres : chant, sentiment, gestuelle, émotion... Bref ce que sait faire une femme amoureuse, déçue et terriblement en quête de reconnaissance. Une bien bonne soirée mais un peu trop élististe ? # écrit le 12/02/11
-Un texte, des comédiens et une mise en scène, un intrus
7/10
Cherchez l'intrus.... Le texte est fort, très bien écrit. On l'a dit plein de folie. A lire l'histoire des empereurs romains des premiers siècles, et notamment la vie de Néron, cela ne semble pas tant éloigné de la réalité. Les comédiens sont tous bons en commençant par Putzulu. Certes, au début, un peu d'ennui mais le coup de gueule de Caligula m'a réveillé. La suite est vivante, sans excès dans les voix, ce qu'il faut. De la douceur par moment. Sur le décors, je n'ai pas du tout été sensible aux petites tables, aux petites chaises, peut-être pour montrer qu'ils étaient encore des enfants ? Ce que je peux dire, c'est que l'ensemble est de qualité comme toute production à l'Athénée. L'éclairage est toujours remarquable grâce à l'équipe technique et son savoir-faire. Là où est l'intrus, c'est la mise en scène. On se serait cru à la comédie française dans les temps anciens : lourd, pesant, poussiéreux. Au début, les comédiens parlent chacun leur tour, en prononçant bien leur phrase, avec le même temps d'attente entre deux comédiens. Rien de vrai, tout de figer par une mise en scène sclérosante. Par la suite, les comédiens font avec cette mise en scène qui ne met en valeur, ni les comédiens, ni le texte. Il m'est arrivé de fermer les yeux pour apprécier le texte et les intonations. La vue était facultative car peu nécessaire. Et pourtant le travail de l'équipe est énorme. Dommage que la mise en scène n'ait pas mieux servi cette troupe et Camus. # écrit le 12/02/11