Ses critiques -CHEF-D’ŒUVRE 10/10 Daguerre a encore frappé, et ça cogne fort ! Au risque de paraître un peu excessif, je crois qu'on peut raisonnablement parler de CHEF-D'ŒUVRE... J'avais assisté à la lecture de la pièce l'année dernière, et je savais déjà que ce serait un excellent spectacle. Mais là... J'ai un peu de mal à trouver les mots (ce qui pour un ancien prof de français est quand même la honte). C'est un théâtre populaire au sens le plus noble du terme, un théâtre humaniste qui défend des valeurs, sans sombrer dans le mièvre ou le didactique. Je n'ai pas encore parlé du sujet de la pièce. C'est l'évocation de la vie dans les bassins houillers du Nord, avec ses joies et ses peines, avec ses histoires d'amitié qui dépassent les antagonismes de nationalités ou de races, ses histoires d'amour, dans cette vie fragile où guette la mort noire. Cela pourrait être un peu gnangnan, bons sentiments de pacotilles... sauf que c'est Jean-Philippe Daguerre qui écrit, avec le talent et la belle humanité qu'on lui connaît. Et c'est GRAND. La scénographie est magnifique, la mise scène aussi magistrale que discrète (Daguerre n'est pas du genre à en faire trop pour qu'on voie le travail du metteur en scène) ; et surtout les comédiens sont extraordinaires, chacun dans sa partition... Trois d'entre eux jouent de l'accordéon en direct sur scène (je ne sais pas s'ils ont été recrutés en fonction de leur connaissance de l'instrument, ou s'ils s'y sont mis pour le spectacle, mais en tout cas c'est bluffant). Une mention spéciale tout de même pour l'immense Jean-Jacques Vanier, d'une extraordinaire présence, drôle et émouvant dans le personnage de ce Sosthène qui espère ne pas mourir de la silicose qui le ronge avant la finale de la coupe de foot : la force émotionnelle du spectacle lui doit beaucoup (ce salaud m'a fait pleurer...). # écrit le 23 Juillet
| -Un très bon spectacle 7/10 Le pitch : Une rencontre. Un soir, dans un restaurant. Et toute une vie possible à deux rêvée le temps d'un dîner. Le temps d'un baiser par-dessus la table. Mais il leur faudra malgré tout faire avec l'absence l'un de l'autre. La fille se fait faucher par une voiture à la sortie du restaurant ; et le garçon va chercher toute sa vie à rencontrer l'âme soeur qu'il a perdue. C'est un spectacle très mignon, mais plutôt destiné à un public de trentenaires ou de quadragénaires. A mon âge avancé, ces histoires de couples qui veulent fonder une famille, je les regarde plus avec un amusement ému qu'avec une réelle émotion : ce sont des choses qui sont loin derrière moi. Une fois cela dit, les deux acteurs sont très bien, la mise en scène de Fabio Marra est très bien aussi, et c'est un très bon spectacle pour bien finir sa journée. # écrit le 23 Juillet
| Théâtre contemporain: Dom Juan -Un comédien exceptionnel 10/10 J'avais vu la première version du spectacle en 2021. Beaucoup de choses ont changé, mais c'est toujours aussi bien. Il n'y a plus l'éloge du cannabis au début, qui était très drôle (peut-être une nécessité de raccourcir le spectacle pour entrer dans le créneau horaire ?). L'idée c'est de réactualiser Molière, sans le trahir, pour le rendre accessible à tous ceux qui se sont fait chier au collège et au lycée avec les pièces de Molière, et qui ne veulent plus en entendre parler (moi le premier !). Et chaque fois que la troupe fait une " scolaire " dans les quartiers dits " défavorisés ", ils font un malheur ! L'idée est de situer l'action dans une banlieue parisienne (du genre 9-3), il y a des passages en rap, il y a quelques ajouts (très drôles) au texte de Molière (comme par exemple quand Dom Juan est poursuivi par les gitans de Montreuil !). En général c'est le genre de spectacle que j'aurais tendance à fuir, mais Tigran Mekhitarian est bourré de talent, aussi bien en tant que metteur en scène qu'en tant que comédien ; son jeu est carrément fabuleux, vraiment, et en un claquement de doigts il embarque la salle. Il y a dans sa diction quelque chose qui rappelle parfois Jouvet (ce n'est pas un mince compliment venant de moi). Les autres comédiens sont excellents aussi : Marie Mahé, Etienne Paliniewicz et Soulaymane Rkiba (irrésistible en Sganarelle : il m'a même fait intervenir !). Et en invité vidéo, il y a même Jean-Pierre Daroussin qui joue le rôle du père de Dom Juan ! A la fin la salle est debout. # écrit le 23 Juillet
| -Très joli spectacle, très dépaysant 9/10 Un très joli spectacle, très dépaysant, entièrement en chinois (!) mais un panneau explique au début en quoi consiste l'histoire, et finalement on arrive à suivre (cela dit, quelques surtitrages ne seraient pas de trop quand même...). Très belle scénographie, danses pleines de grâce, beaux costumes, c'est un régal pour les yeux. # écrit le 23 Juillet
| -Un spectacle sympathique 6/10 Une petite fille dont le père est mort s'imagine faire avec lui tout ce qu'ils n'ont pas eu le temps de faire : faire du bateau, visiter l'Amérique, aller sur la Lune... Il y a des petits intermèdes musicaux, un peu ambiance boyscout. C'est gentil, mais je m'attendais à un peu plus de profondeur ou d'épaisseur : c'est plutôt un spectacle pour enfant... # écrit le 23 Juillet
| Théâtre contemporain: Antigone -Magnifique 10/10 Dieu sait si je suis pointilleux dès qu'on touche à une oeuvre grecque... mais ce spectacle est une franche réussite ! On peut même dire que tout est parfait. Les costumes sont modernes, et c'est un guitariste électrique qui assure la musique en live ; ce genre de truc a tendance à me hérisser, sauf qu'ici cela fait sens, Créon est le modèle intemporel du despote plein de démesure, qui ne veut rien entendre (ça m'a fait penser à un président actuel). Le prologue explique très clairement l'argument mythologique, il est dit par le coryphée (magistralement interprété par Romain Arnaud-Kneisky, au phrasé et à la voix envoûtants). Le rôle d'Antigone semble avoir été écrit pour Hoël Le Corre dont le troublant physique androgyne correspond bien à cette jeune fille virile qui ne veut plus se cantonner au rôle effacé des femmes dans la Grèce antique. Les autres comédiens sont excellents, chacun dans sa partition (Yann Guchereau assumant à la fois le rôle pathétique d'Hémon et celui comique du garde). Le guitariste sait se faire discret, sans effets techniques faciles, si bien qu'on oublie qu'il ne s'agit pas d'une bande son. Et la mise en scène de François Ha Van, quelque moderne qu'elle soit, vient rafraîchir ce vieux mythe sans sombrer dans les anachronismes ridicules. # écrit le 23 Juillet
| -Un spectacle sensible sur la différence 10/10 Le pitch : Chaque mardi, depuis quelques temps, Marie-Pierre vient s'occuper de son père veuf, dans le quartier où elle a grandi. Elle passe la journée avec lui, fait son ménage et son repassage. Le mardi, Marie-Pierre et son père, vont à Monoprix. Ils prennent de quoi nourrir le père jusqu'au mardi suivant. On les connaît ici. On les regarde. On regarde Marie-Pierre surtout. Tous les yeux sont tournés vers elle quand elle fait les courses avec son père. C'est que Marie-Pierre, avant, s'appelait Jean-Pierre... Un spectacle sensible sur la différence, le regard des autres, la souffrance et la délivrance d'être enfin ce qu'on est au plus profond de soi. Ceux qui connaissent un peu la question savent qu'on ne " choisit " pas de changer de genre : ce n'est pas un caprice, c'est une épreuve douloureuse et difficile. Thierry de Pina qui joue ce seul(e) en scène a l'intelligence de ne pas en faire trop, ni de tomber dans la caricature ou le militantisme, mais de rendre compte de ce que c'est de nos jours d'oser se montrer " telle qu'elle ". A noter (excusez du peu) que les costumes sont de Jean-Paul Gaultier. Thierry de Pina, à la fin du spectacle, nous apprend que ce spectacle, qu'on pourrait croire destiné à un public averti, tourne en fait beaucoup dans les collèges et les lycées, où il trouve une écoute dont on ne se serait peut-être pas douté. # écrit le 23 Juillet
| -Une pièce sur un homme qui ne fut rien... 7/10 L'évocation du gigolo de Karl Lagerfeld et amant d'Yves Saint-Laurent, Jacques de Bascher. Le comédien Gabriel Marc est tout à fait excellent, mais j'ai franchement eu beaucoup de mal à m'intéresser à ce dandy arrogant et fat, sommet de superficialité et de snobisme, qui ne vit que dans l'apparence et l'image qu'il va laisser de lui à la postérité. Qu'a-t-il fait de sa vie exactement qui mérite qu'on se souvienne de lui ? Il a baisé avec Karl Lagerfeld et Yves Saint-Laurent, et de nombreux autres... Un RIEN qui s'étonne au moment de mourir de ne RIEN laisser derrière lui... # écrit le 23 Juillet
| -Sympathique et gentillet 6/10 Spectacle d'ombres et de marionnettes. Le pitch : L'histoire d'un moine nu, d'un empereur, d'un général et d'un éléphant sur la vie, la mort et les insectes... C'est sympathique et gentillet, mais ça ne casse pas trois pattes à un canard... Dombrovská Pavla et Vémola Luděk ont un accent tchèque à couper au couteau qui fait que parfois on ne comprend pas tout. La connaissance du français est assez approximative aussi : tous les passés simples sont en –a : " je parla, j'écouta... ", ce qui est rigolo. # écrit le 23 Juillet
| -Un spectacle fort sympathique, sur une idée originale 10/10 Le pitch : Le concept est simple : une carte digne d'un grand restaurant et le spectateur choisit son propre menu théâtral parmi une déclinaison d'entrées classiques, de plats burlesques et de desserts contemporains, sans oublier menu enfants et autres mets inattendus... Au total, un menu théâtral gastronomique en 6 services, avec une sélection d'auteurs cultes et de textes incontournables à la carte, le tout dans une ambiance de bistrot authentique et élégant où le service est au moins à la hauteur des plats proposés, pour ainsi offrir la plus gourmande des dégustations ! 1 Menu 3 Comédiens 22 Scènes 49 Personnages 162 Combinaisons possibles Un spectacle fort sympathique, sur une idée originale. Une fois que les spectateurs ont choisi ce qu'ils veulent déguster, il reste une trentaine de secondes aux comédiens pour se préparer... ce qui demande une certaine organisation ! A côté de scènes classiques très connues, j'ai même découvert des choses que je ne connaissais pas. Comédiens jeunes et dynamiques, dans un lieu nouveau cette année : la cour derrière le théâtre du Roi René. C'est plein à craquer (j'ai acheté la dernière place qu'il restait). # écrit le 23 Juillet
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