Ses critiques -Une comédie sympathique et bien jouée Le pitch : Georges découvre un matin que toutes les résidences autour de chez lui portent les prénoms de ses ex-compagnes. Tandis qu'il s'interroge sur ce mystère, il voit l'annonce d'une nouvelle construction " Villa Émilie ". A partir de là il va être obsédé par l'idée de rencontrer cette Émilie que le sort semble lui promettre. Ce n'est sans doute pas le texte théâtral du siècle, mais avec la mise en scène alerte d'Éric Bu (qu'on ne présente plus) et la présence de bons comédiens, dont l'inénarrable Grégori Baquet dans le rôle de Georges, c'est un spectacle qui tient la route, du boulevard teinté d'absurde, ce qui, somme toute, est assez original. # écrit le 23 Juillet
| Théâtre contemporain: Arthur M. -Spectacle difficile, à tous les sens du terme 9/10 Douloureux. Il n'y a que douleur dans l'histoire de cet Arthur Monin qui semble subir et faire subir lui-même une violence qu'il n'a pas choisie. Jean-Paul Rouvrais explique s'être inspiré de l'oeuvre de Francis Bacon : autant dire que, si l'on cherche une comédie rigolote où on va bien se marrer, ce n'est peut-être pas le meilleur choix ! Le récit de cette vie de souffrances est morcelé, et il commence par la vieillesse pour reculer jusqu'à la première enfance, les premières violences, les premières peurs. Arthur Monin, au début de la pièce, se sait atteint de la maladie d'Alzheimer : sa personne même se morcelle, il a oublié son nom, et ne lui reviennent que les débris désordonnés de sa pauvre vie. La culpabilité, la responsabilité est au coeur de la réflexion : pourquoi m'a-t-on fait souffrir ? Pourquoi ai-je fait souffrir à mon tour ? David Bottet, dont je connaissais déjà le travail (dans des domaines nettement plus légers : Un couple presque parfait, Une paire de gifles et quelques claques), offre ici une performance qui ne peut que forcer l'admiration. La mise en scène, la scénographie et la musique (jouée " live " par deux musiciens) achèvent de faire de ce spectacle quelque chose de très beau et de très affreux en même temps. Bref une réussite. # écrit le 23 Juillet
| -Une comédie profonde et drôle sur un sujet sensible 10/10 Le pitch : une enfant de 7 ans, pour redonner le goût de vivre à sa maman qui a voulu se suicider, commence à rédiger une liste de tout ce qui est génial dans le monde, tout ce qui vaut la peine de vivre... Quand je vois ce genre de sujet, je suis sur mes gardes, parce que ça peut tomber très vite dans le larmoyant nunuche... sauf que ce sont Catherine Hauseux et Stéphane Dorat qui sont aux commandes, que je suis depuis des années, et qui sont des valeurs très sûres. Risque zéro donc pour moi. Le public, un peu effrayé, est largement mis à contribution, appelé sur scène pour venir jouer une vétérinaire, un psychologue scolaire, un père aimant, un amoureux, un professeur d'art dramatique. C'est une manière très futée d'aborder le problème du suicide dans notre société, avec profondeur et délicatesse, et drôlerie aussi (et faire rire avec le suicide... il faut y aller quand même !...). Catherine Hauseux est géniale, comme d'habitude. Stéphane Dorat, qui signe la mise en scène, et qui joue en alternance les jours impairs, est génial, comme d'habitude. Bref je recommande très chaudement ! # écrit le 23 Juillet
| -Spectacle tonique et sympathique 10/10 Trois comédiens et un musicien. L'idée : raconter la vie de Molière en empruntant les dialogues aux pièces de Molière (en indiquant chaque fois, vite fait, la référence précise). On y voit comment Jean-Baptiste Poquelin refuse sa destinée de tapissier pour devenir comédien, comment il convainc peu comme tragédien, comment il part en tournée sur les routes de France, comment il revient à Paris pour y rencontrer le succès, comment ce succès est aussi un scandale ; on y croise son père, le grand tragédien Montfleury, son premier protecteur le Prince de Conti (ainsi que son cheval), Louis XIV, Lully, un dévot de la compagnie du Saint-Sacrement de l'autel, le jeune Jean Racine, ses compagnons de troupe, des journalistes, des courtisans, des médecins. C'est drôle, super bien foutu et très bien joué. Un " TTT " de Télérama amplement mérité (c'est cela qui avait orienté mon choix). # écrit le 23 Juillet
| -Spectacle survitaminé sur l’histoire de la danse hip-hop 10/10 Séverine Bidaud avec quatre autres danseurs explique, avec une véritable érudition, l'évolution de cette danse populaire, avec vidéos historiques à l'appui. L'on apprend par exemple que le célèbre moonwalk de Michael Jackson date... de 1955 !... L'on apprend aussi que ce type de danse, très technique, est extrêmement codifié, comme la danse classique, chaque type de pas ou de mouvement ayant un nom, souvent lié à son histoire. Les danseurs sont vraiment excellents. C'est drôle, c'est vif, on a envie de sauter dans tous les sens en sortant de la salle. Bref je recommande chaudement ! # écrit le 23 Juillet
| -Comédie drôle et profondément humaine 10/10 Pour ceux qui auraient passé ces dernières trente années dans une grotte du Népal et ne connaîtraient pas Manuel Pratt, sachez que c'est un artiste avec une palette XXL, allant de spectacles désopilants (dont on sort avec les abdos douloureux à force de rire) à des spectacles évoquant les couloirs de la mort aux Etats-Unis, les viols d'enfants, la torture pendant la guerre d'Algérie, l'enfer de la prostitution, etc. (où l'on rit nettement moins...). Ce spectacle met en scène un pauvre type, M. Mounier, surendetté et vraiment pas très futé, qui vient demander un nouveau prêt à sa banque, pour nourrir sa famille, alors qu'il est désormais interdit bancaire. Il est reçu par la conseillère de l'agence (merveilleuse Ludivine Vincent), froide, pragmatique, inhumaine, arriviste, qui n'en a pas grand-chose à faire de la misère des autres. Je ne veux pas spoiler la pièce, mais ce pauvre type maladroit, qui ne ferait pas de mal à une mouche, va se voir obligé de faire une prise d'otage. Dans ce spectacle Manuel Pratt réussit la prouesse d'alterner l'émotion et le rire, toujours sur le fil du rasoir : je ne vais pas vous faire le coup de cette " mâle gaieté, si triste et si profonde que, lorsqu'on vient d'en rire, on devrait en pleurer ", mais il y a vraiment de cela. Ce pauvre Mounier, aux rêves étroits et aux aspirations minables, est bête parce qu'il est pauvre, et pauvre parce qu'il est bêtement humain, un naïf très touchant. Et la banquière, derrière ses airs de battante, est une femme désespérément seule, sans amoureux, sans enfants. L'on ne sait lequel des deux a le plus raté sa vie... Bref, je recommande chaudement ! # écrit le 23 Juillet
| -Comédie drôle et néanmoins profonde et mélancolique 10/10 Très franchement, les spectacles autour des problèmes de couples, j'ai tendance à les fuir : ce sont en général des scènes convenues, qu'on a vues mille fois, sans aucune surprise, et qui suscitent un ennui mortel... sauf qu'il y a là Amaury de Crayencour, un artiste que je suis depuis la création du Porteur d'histoires (soit depuis plus de dix ans). Zéro risque donc pour moi (ma lâcheté devant la prise de risque me consterne...). Il s'agit d'une suite de seize sketches, ou seize rounds pour reprendre l'image pugilistique. C'est très bien écrit, très fin dans l'analyse, très pertinent. C'est souvent très drôle, mais certains passages sont également assez désespérants : je pense qu'on ne peut goûter tout à fait la saveur douce amère de ce spectacle que si l'on a dépassé quarante ans, qu'on a connu les doutes, les séparations, les divorces, etc. Il va sans dire qu'on peut aussi être plus jeune et adorer ce spectacle, remarquablement joué par Amaury de Crayencour et Jina Djemba. La mise en scène et la scénographie sont impeccables, et la musique, très souvent en mineur, ajoute ce qu'il faut de mélancolie et de douce tristesse. Mais qu'on ne s'imagine pas, d'après ces remarques, qu'il s'agit d'un spectacle triste : toute sa force est dans le subtil dosage entre le rire et l'émotion, et finalement c'est une impression de bonheur qui se dégage de tout cela, le bonheur né des mille aspects d'une vie de couple, avec ses hauts et ses bas. # écrit le 23 Juillet
| -Peu mieux faire... 5/10 Sentiments très mitigés sur ce spectacle... Commençons par ce qui est positif : la scénographie et les éclairages sont très bien, la mise en scène de Benoît Soles aussi, si l'on met de côté la direction des acteurs... L'histoire (un groupe de jeunes à la recherche de la pierre philosophale, avec des alternances entre les scènes au présent et au passé) est très confuse. Ça lorgne du côté du Porteur d'histoires d'Alexis Michalik... mais en moins bien... Mais surtout c'est le jeu des acteurs qui m'a empêché d'entrer dans le spectacle : c'est très souvent surjoué, maladroit, on dirait presque un spectacle d'amateurs... ce qui est d'autant plus surprenant de la part de Benoît Soles. # écrit le 23 Juillet
| -Une comédie très drôle et intelligente 10/10 C'est très très drôle ! Beaucoup d'autodérision dans la façon dont les acteurs font des " propositions ", se font juger par leurs collègues avec cette fausse bienveillance où chacun tire la couverture à soi. L'inénarrable Julien Buchy joue un cabotin, qui tire sa gloire d'avoir été finaliste aux championnats de fables de Château-Thierry ; Pierre-Antoine Billon est un comédien venu dépanner, après la défection d'un acteur, et qui ne connaît RIEN aux fables ; enfin Jérémie Le Louët, dans le rôle du metteur en scène à l'autoritaire bienveillance, pousse très très loin l'autodérision. Le public est mis à contribution, pour donner lui aussi son avis sur les prestations des acteurs. C'est vraiment très drôle et très intelligent, et je recommande chaudement ! # écrit le 23 Juillet
| -Un OVNI théâtral génial ! 10/10 Comment rendre compte de ce spectacle génial ?... Le pitch: " Le Mont Analogue " est un roman français inachevé de René Daumal. Cette oeuvre mythique a marqué des générations d'artistes, de scientifiques, de philosophes et d'aventuriers. C'est l'histoire d'une mystification, d'une fuite, d'une quête, d'une expédition, d'une ascension ou plus précisément d'une élévation. Le narrateur se propose, dans une thèse en forme de canular, de démontrer l'existence d'une montagne plus haute que toutes les autres cimes du globe, qui serait le passage entre le monde des vivants et l'au-delà. Ce sommet inconnu, situé sur une île au milieu du pacifique sud, serait demeuré caché grâce à une " coque d'espace courbe " qui le rendrait invisible à nos regards incrédules. Là-bas, vivrait une communauté de gens qui, à travers les siècles, a fui la folie du modernisme et cherché un nouveau modèle de société. Des aventuriers partent à la recherche de cette montagne sacrée, la trouvent et, durant l'ascension, disparaissent dans l'inachèvement du roman. Une fois qu'on a dit ça, on n'est pas plus avancé pour rendre compte de cet OVNI théâtral. Je vais quand même essayer, mais je ne promets rien !... Jérémie Le Louët joue constamment avec les conventions du théâtre pour mieux les pervertir : lui-même on ne sait jamais s'il est le personnage en train de monter une expédition ou le metteur en scène en train de monter son spectacle... En fait, les deux !... Et en même temps ! De même le théâtre est envahi par des vidéos " en live ", avec toutes sortes de caméras, y compris une caméra sur mât robotisée qui permet d'avoir des vues d'en-haut... Je n'ose songer à la grosseur du camion pour transporter tout ça !... Bref c'est un spectacle très original, très bien joué, complètement bordélique (du moins en apparence), mais très profond en fait, et très drôle. Une totale réussite ! Courez-y ! # écrit le 23 Juillet
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