Ses critiques -Le chant des oiseaux.....une pure et délicate poésie sonore 8/10 Une version lyrique d'un conte oriental du 12ème siècle (du persan Farid Al -Din Attar ) qui a séduit Michaël Levinas puisqu'il en a composé la musique et le livret -à partir de l'adaptation en français de Jean-Claude Carrière- pour une 1ère création en 1985 Un conte qui narre la longue et difficile migration d'une nuée d'oiseaux de toutes sortes, à la recherche du " Simorgh ", un personnage mythique, mystérieux roi des oiseaux .....sous la houlette d'une Huppe, leur guide, aussi déterminée qu'inquiétante. Cette longue quête fera découvrir à ceux des oiseaux qui auront surpassé leur hésitation de départ, n'auront pas abandonné en route, ou ne seront pas morts d'épuisement au cours du voyage, un important secret : " le Simorgh n'est pas ailleurs, il est sur la terre, au sein des coeurs raffermis par les épreuves ". Une trentaine d'années après, le théâtre de l'Athénée -Louis Jouvet ouvre ses espaces (scène et salle) à une nouvelle production. L'ensemble " 2e2m ", 8 musiciens sous la direction musicale de Pierre Roulier -tous sur scène – , nous livre une partition enrichie par des effets de réverbérations sonores réalisés en direct. On est enveloppé d'une atmosphère de rêve, singulière, via des inter-actions entre la musique jouée sur scène et celle provenant d'une structure électro-accoustique dont je ne saurais vous décrire le mécanisme mais dont le résultat est merveilleux et bluffant. La Huppe, Raquel Camarinha, soprano sait jouer de sa voix parlée, chantée, hurlée.... La mise en espace, plus qu'une mise en scène, de lilo Baurest pleine de grâce. Musiciens participant à l'avancement du récit par du mime, assez inattendu et plein d'esprit, de beaux jeux de lumières, des accessoires et " costumes transformables", des éléments de décor minimalistes de belle esthétique, une symphonie de gestes, des taches de couleur viennent apporter leur support aux 2 comédiens, " les oiseaux " et " le narrateur " qui nous donnent récit des différentes étapes de l'aventure. Je n'en dis pas plus car cet univers poétique, qui fait vivre devant nos yeux cette conférence des oiseaux, est comme le Simorgh à découvrir par soi-même dans la belle salle du Théâtre de L'Athénée..... # écrit le 08/04/18
| -Périclès ou le chaos..... 7/10 Periclès, prince de Tyr (vu au théâtre des Gémeaux à Sceaux ) En mettant en scène Périclès Prince de Tyr, une pièce dite mineure de Shakespeare, l'anglais Declan Donnellan, metteur en scène qui a ses habitudes au Théâtre des Gemeaux, s'est lancé un défi..... Un défi qu'il lance d'ailleurs à nous spectateurs tout autant.... puisqu'il nous invitera (nous qui ignorons tout de cette pièce, seule connue des " spécialistes " du grand William) à entrer dans une histoire rocambolesque aux rebondissements aussi multiples qu'invraisemblables ..... Mais au début, on ne le sait pas encore.... Une mise en scène centrée sur une " unité de lieu " tout à fait inattendue (et sans doute déroutante pour beaucoup de spectateurs) puisque tout démarre, et se passe, dans une chambre d'hôpital où se trouve alité, avant notre arrivée en salle, un comédien dont on ne sait pas encore (mais le saura-t-on vraiment au fil du spectacle) qui il est. Du personnel médical (avec accessoires et gestes appropriés) et un entourage familial se relayant à son chevet, semblent préoccupés par son état...tandis que la radio à son chevet laisse entendre une émission récente de France culture (je l'ai reconnue !). Un environnement qui laisse à penser qu'il s'agit d'une personne dans un état de coma, que l'on veille heure par heure....en essayant de réveiller sa conscience.. Des débuts de spectacle, durant lesquels je me suis dit " encore une chambre d'hôpital.....une nouvelle mode ??? " -après la Tempête cette année ou, Cyrano, voici quelques années...etc.- Et puis le malade se dresse, la radio s'éteint, et nous y sommes.....La pièce démarre. Quelques éléments sonores ou visuels viennent changer l'atmosphère. Ils nous invitent à imaginer.... A-t-il recouvré ses esprits, son coma est-il fini ? ou bien, nous donne-t-on l'occasion d'entrer dans sa tête, et dans ses délires ? Un récit picaresque de la veine de la farce et du théâtre de tréteaux va se jouer devant nous. Avec des épisodes comiques, mais aussi de la tension dramatique. On est un peu perdu car l'histoire est incroyable, les épisodes s'enchaînent, les acteurs incarnent plusieurs personnages dans le récit. On nous convie à une sorte de voyage en chambre : le long périple, plein d'aventures aussi désastreuses les unes que les autres, du Prince Périclès qui, fuyant une situation dramatique et contre son honneur, se trouve enferré dans une succession de situations improbables. Tout va de mal en pis ! Le destin lui est défavorable ! Et il se laisse engloutir par l'adversité. Tout y est : tempêtes, mariage, naissance, naufrage, morts violentes, trahisons, captivité, exploitation d'une jeune innocente, mise en esclavage, tournois de chevaliers, intervention bénéfique des dieux.....Bref tout cela, sans le moindre support de moyens audiovisuels, tels que ceux que certains metteurs en scène actuels affectionnent... et qui pourraient contribuer à situer les aventures.. Les aventures s'enchainent entrecoupées par le retour " à maintenant et ici " On est à nouveau à l'hôpital pour de brefs instants! Ceci permet de passer ensuite à l' épisode suivant... Peu à peu le sens fait jour..... Un destin funeste sur lequel le héros n'a pas de prise et surtout, contre lequel il ne fait rien. Il se laisse engloutir par l'adversité , le désespoir (d'où la léthargie et la chambre d'hôpital et le coma ???) Une famille déchirée : le prince , son épouse morte et sa fille réduite à l'esclavage qui vont se trouver réunis -eux 3-, ressuscitée -l'épouse- et délivrée -la fille- par l'intercession d'une déesse bienveillante. La destinée s'est retournée mystérieusement ! L'intervention du magique, du merveilleux ! Finalement peu importe que l'on ait tout compris ou non, que le propos soit crédible ou pas, que le fantastique prenne le dessus ou non sur la réalité, qu'il s'agisse d'un grand Shakespeare ou pas, que le récit ne soit pas aussi magique et merveilleux qu'il aurait fallu, que la mise en scène soit trop conceptuelle et dépouillée.....moi je me suis laissée prendre et ai apprécié ce spectacle assez insolite. Les comédiens s'en tirent bien et j'ai passé une soirée plutôt agréable mais je ne suis pas sûre qu'il en ait été ainsi pour toute la salle... D. Donnellan fait souvent plus l'unanimité sur ses spectacles. Les temps changent ! # écrit le 29/03/18
| -Notre innocence …..pas tant que cela ! 8/10 Au début du spectacle, un choeur -à l'antique- de 18 jeunes gens et filles, qui scandent longuement (avec talent, c'est impressionnant !) à la face des générations d'avant (le public ? -jeune pourtant ce soir-là dans sa majorité-) son désespoir, sa fureur, son impuissance, ses accusations, privés qu'ils sont , disent-ils, de toutes perspectives, de tout avenir.....et qui ne se reconnaissent pas dans ce à quoi leurs aînés, les générations d'avant, s'accrochent, ont cru, leur ont transmis ou les obligent à vivre.... C'est rude, c'est excessif, c'est parfois drôle, c'est bien ficelé, même si sans doute un peu long. C'est en tout cas un morceau de bravoure admirable que ce choral à l'unisson avec variations rythmiques (sans chef d'orchestre !). Bravo ! Ces jeunes qui se perdent dans les excès pour ne pas penser, pas désespérer trop, pas ressentir trop cruellement, ou pour ne pas sombrer...ni.... pour avoir à s'engager, ou à tenter de changer les choses.. jusqu'au moment où la tragédie survient et ils n'y sont pas préparés. A la fin du spectacle, un souffle, du rêve, de l'imaginaire, un jeu de lumières , de voiles, de pénombres, de silhouettes, d'ombres .....et l'irruption d'une petite fille, réelle ou irréelle, orpheline peut-être, avec l'ouverture des possibles : de l'émotion, de la poésie, de l'onirisme...Tout n'est peut-être plus si noir....ni perdu.....De l'espoir renaît ! Entre temps, la confrontation à la mort, aux questionnements âpres que suscite un suicide. Et, des manifestations d'incrédulité, d'indifférence, d'égoïsme, de culpabilité, de lâcheté, d'inquiétude, de prudence, de fureur, de faux semblant, de générosité -intéressée ?-, de dégoût, d'agressivité, d'irresponsabilité..... Les échanges sont durs, sans concessions, violents, dans une langue crue, directe, sans artifices. Les rôles (des archétypes ?) sont bien définis ! Chacun des protagonistes en apprend un peu plus sur lui-même, sur ce qu'il n'a pas fait, n'a pas voulu voir, croyait savoir et dont il se contentait, sur ce dont il se vantait, sur ce qu'il aurait pu faire, ou, sur le malheur, que par son indifférence, son cynisme ou sa lâcheté, il a précipité... Et nous, on voit se dessiner une personne ou un personnage, " la suicidée ?"... dont ses copains, apprentis-comédiens comme elle, en fait ne savaient pas grand-chose, même ceux qui se pensaient proches d'elle, parce qu'au fond cela les arrangeait bien....Réalité, fiction s'entremêlent. Chacun son trip, son histoire, sa vie, son mode de survie....et sa façon de " compagnonner " ! Ce spectacle aux formes et aux écritures multiples constitue un beau travail. Ces jeunes s'en sortent très bien et ont des talents nombreux. " Notre innocence " m'a plu, intéressée, émue. Je n'ai pas vu le temps passer. 2H15 sans entracte. J'ai été captivée. Wajdi Mouawad a eu raison d'encourager ces jeunes à se dépasser et à dépasser le traumatisme vécu, à travers ce spectacle qu'il a conçu pour eux et avec eux. Ensemble ils ont " fait quelque chose " de ces événements tragiques (cf.les vraies morts : le suicide du copain de Mouawad lors de sa jeunesse au Québec et, la crise cardiaque de la camarade de promo des jeunes, disparue elle aussi prématurément). Le deuil a pris ici une forme collective inattendue et c'est bien ! # écrit le 22/03/18
| -Sidi Farès -fin des années 80- quelques temps avant la plongée dans les années noires de l’Algérie 9/10 Avec trois fois rien, un décor minimaliste, quelques cageots de plastique, des cordes à linges, des bouts de vêtements, trois acteurs excellents -ils sont vraiment très bons et de surcroît accueillants et généreux- nous jettent à la face les drames qui ont traversé les vies des algériens et soulevé la jeunesse: les interdits de toutes sortes, la tradition au déficit des femmes, le carcan de la société, la censure, la pénurie plus ou moins organisée, et son corollaire, le quotidien très compliqué, la corruption, les intimidations policières, les compromis des gens de pouvoir, la violence. Par petites touches, avec émotion, humour, tendresse, vivacité, se joue devant nous le drame d'une jeunesse sacrifiée. Une jeunesse qui malgré tout aime, se passionne, ne se soumet pas, ose se révolter et lutte. Une évocation puissante qui en dit beaucoup. Il y a aussi le charme des petites scénettes avec accent et gestuelle appropriés. L'humour alors n'est pas loin, une forme de résistance qui aide à supporter un quotidien oppressant et/ou à déjouer la stupidité des serviteurs du pouvoir. # écrit le 05/01/18
| -A la recherche d'un "Antifaust" perdu...." 3/10 Beaucoup d'ennui. Que veut on dire au juste? Quelques rares scènes -qui démontrent que les comédiens -eux- sont bons et pourraient être mieux employés. Dommage qu'ils soient embarqués dans un travail sans cohérence, totalement illisible, laissés en roue libre....L'impro comme seul mode d'expression ne conduit pas forcément à une oeuvre théâtrale. Il faut savoir élaguer, être critique sur ce qui a été produit, refaire, clarifier, donner du sens, penser aussi que l'on ne joue pas que pour soi, éviter les poncifs ou les facilités, viser à l'intelligible. Le théâtre c'est une activité exigeante qui demande un sens autocritique aiguisé. C'est le rôle du metteur en scène/ "auteur" de faire cela... Bref, c'est ennuyeux. Le Public aimerait comprendre où l'on veut en venir et ce que l'on veut faire entendre et percevoir. Surtout que c'est très long...Beaucoup s'échappent en cours de route. Quelques uns dorment. Le spectacle vivant et la création contemporaine, avec ce spectacle, sont bien mises à mal. Et c'est bien dommage.On aimerait qu'ils soient mieux défendus! # écrit le 18/11/16
| -Un Wilde trop respectable..... 6/10 Assez déçue par ce spectacle, tant vanté, car les critiques, celles des professionnels, comme les avis émanant du public s'exprimant sur Billetreduc, sont fort laudateurs. J'avoue que, pour ma part, je me suis un peu ennuyée.....et que je n'ai pas réussi à entrer dans ce spectacle. Sans doute parce qu'adapter un roman ne suffit pas toujours à donner au résultat de ce travail -certes honnête- la théâtralité qui convient. Sans doute, aussi, parce que tout m'a paru assez lisse et plutôt convenu....la mise en scène, le décor, les costumes, le jeu des comédiens, l'articulation des épisodes ... Il me semble qu'il aurait fallu plus de drame, plus de noirceur, plus d'extrême. On reste dans du très polissé....et de ce fait, en dehors de toute émotion, du moins je n'en ai pas ressentie....! Il a donc manqué du souffle et de l'extravagance pour que j'entre vraiment dans ce spectacle....où, me semble-t-il, les personnages n'étaient pas tout à fait crédibles (ainsi, par exemple, la descente dans les enfers du vice de Dorian n'est pas assez perceptible...ou, le caractère profondément méphistophélique de Harry pourrait être encore plus poussé) Je me réjouis toutefois pour les comédiens que le Public, lui, ait été plus convaincu que moi...et ait applaudi avec force car ils n'ont tout de même pas démérité. Et en lisant le roman, -je connaissais juste l'histoire- peut-être trouverai-je les clefs de ma réserve vis à vis de cette adaptation. A moins que ce ne soit ce texte là qui ne me parle pas..! Pourtant, je me souviens avoir été particulièrement touchée par d'autres textes de Wilde (par "De profundis, la Ballade de la geôle de Reading", par exemple, lors d'une lecture de ce texte par un comédien. # écrit le 31/07/16
| Comédie dramatique: La leçon -La leçon : un drôle de drame, burlesque et violent 9/10 Un professeur dans l'incapacité d'enseigner. Ses savoirs -désopilants et absurdes- désarçonnent l'élève. Une élève naïve, moins soucieuse d'acquérir des connaissances que d'obtenir un diplôme. Une servante inquiétante, lucide qui en sait long et qui met en garde. En vain! Yves Bressant qui l'incarne, est sidérant. Très vite la violence prend le pas sur les rapports courtois, positifs du début. La relation s'enraye et le drame se noue. Devant l'échec de sa pédagogie, le professeur devient de plus en plus impatient, tyrannique; il joue violemment de son autorité, maltraite et menace. La gradation de jeu de René Loyon est exemplaire. Face à lui, la jeune fille tente de se plier à des règles, de maîtriser un langage, des concepts, qu'elle ne comprend pas et, de donner satisfaction à son enseignant. Du moins au début.Puis son esprit et son corps se rebellent et essaient d'échapper à l'emprise. Une rage de dents grandissante la fait se révolter et affronter. Elle n'en réchappera pas! Excellente Jeanne Brouaye qui de jeune fille, fraîche, enthousiaste et pleine d'entrain, passe au statut de victime martyrisée par les monstruosités d'un sadique. "La leçon" devient un lieu d'angoisse absolue. Le professeur incapable d'établir un lien avec son élève et, de susciter sa coopération, ne se maîtrisera plus..! Le décor, une "boite" blanche, fermée, ajoute à l'inquiétude, de même que les interventions intempestives de la bonne ou, les objets présents sur scène. La mise en scène de Ch.Schiaretti dévoile avec pertinence l'envers du rire et de l'absurdité. # écrit le 01/07/16
| -Impresionnant et terrifiant 9/10 La pièce traite du scandale absolu que constitue la séquestration d'une petite fille par un presque-vieillard qui a décidé d'en faire son épouse, sa chose.Il est désolant d'ailleurs de penser que, quelques siècles après l'écrit de Molière, cette situation n'a pas encore disparu de notre planète. L'innocente Agnès, une quasi-orpheline, est maintenue, dès sa prime enfance, dans un état d'ignorance absolue et, mise à l'abri des tentations du monde. Arnolphe n'a rien trouvé de mieux que cette solution... radicale.. pour éviter, ce qu'il craint par dessus tout... et, qui l'a fait jusqu'ici renoncer à l'état matrimonial : une terreur obsessionnelle de la prise du pouvoir par les femmes. Ne plus être maître dans son ménage face à une femme instruite, capable de penser par elle-même ou, courir le risque d'être ridiculisé aux yeux du monde, en épousant une femme séduisante, frivole, dépensière qui l'exposerait au cocuage, C'est sa crainte absolue...Il sera pris à son propre piège. Quel régal que cette scène où Agnès, prisonnière et, contrainte par son Tuteur de lui lire les "maximes du mariage et devoirs d'une épouse" découvre avec une jubilation croissante, à travers tous les interdits dont elle prend connaissance, les voies de son épanouissement et de sa libération et entre en résistance.... L'actrice y est très juste. (on est loin, à cet instant-clef, de certaines interprétations d'Agnès, enfermées dans un jeu un peu nunuche..et c'est absolument superbe!. La lecture qu'a de cette pièce le metteur en scène Ch. Schiaretti est sans ambiguité et l'interprétation de R. Renucci est limpide et magnifique. A la fin, le cruel Arnolphe ne nous émeut même pas et, c'est bien normal! Comment pourrait-on l'être par un ravisseur de cette sorte...Et, Agnès, toute en intelligence et en finesse, en dépit de son manque d'instruction et d'expérience, sait jouer son coeur, son libre arbitre et s'affranchit de toute culpabilité. On s'en réjouit fort. Très beau spectacle -à découvrir absolument- pour votre grand plaisir, lors d'une tournée de la troupe des Tréteaux de France. Un travail d'une extrême qualité (mise en scène, jeu des comédiens, décors, costumes, éclairages!. Molière, avec cette pièce, a encore à nous dire et dans une très belle langue..... # écrit le 23/06/16
| -Les dérives de la spéculation financière : Balzac toujours d'actualité 9/10 Une mise en lumière des rouages d'une société rongée par la spéculation financière. Une société où l'on ne saurait vivre -bien- d'un emploi honnête et d'un salaire, qu'on méprise et qu'on raille...Les "perdants" de ce système économique n'y ont plus leur place. Brillante démonstration de Balzac avec une langue extrêmement efficace, aussi lucide qu'hilarante. On a grand plaisir à l'entendre. Et le propos est d'une telle acuité et d'une telle actualité... En effet, sans pour autant jamais envisager d'occuper un emploi salarié, on s'enferre, si l'on veut échapper à la ruine financière et sociale, .......dans toutes les sortes de duperies qui visent à assurer sa survie dans un monde parfaitement cynique. Les seules règles: duper, tromper, manipuler, faire appel à tous les artifices pour se sortir des situations les plus risquées, les plus périlleuses, et parer, dans l'extrême urgence, aux plus grandes catastrophes..... Du Grand Art! Et Mercadet est un maître en la matière! D'autant qu'il excelle à imaginer des opérations qu'il pare de toutes sortes d'attraits juteux et qu'il "vend" avec talent. Tout le monde court après l'argent. Mais il faut reconnaitre que, doté d'une grande finesse, d'un art consommé du jeu et de la comédie, et d'une excellente maîtrise de l'effet des rumeurs en Bourse, il peut compter sur les travers de son entourage (créanciers, spéculateurs, usuriers, apprentis-boursicoteurs...) dont il exploite habilement l'avidité, la naïveté, le désespoir, le calcul.....pour mener à bien ses opérations. Il n'hésite pas à faire de même avec ses proches, femme, enfant, domestiques, ami... Car tout le monde est pris dans les mêmes filets et "règles"de ce monde implacable et cynique. Très belle mise en scène de R.Renucci et excellent jeu des 10 comédiens, absolument parfaits. De très beaux costumes raffinés et des maquillages, des perruques qui rappellent Daumier Un rythme effréné, et effroyable, qui nous laisse pantelants. Sous le rire, le grotesque et la force du trait que permet le théâtre, perce l'effroi...! Les Tréteaux de France, CDN itinérant, qui pour une fois, et pour un mois, se sont arrêtés à Paris, à l'Epée de Bois sont à découvrir absolument. # écrit le 20/06/16
| -Une sortie de l'oubli un peu ratée: pièce inaboutie, dommage pour les acteurs et pour les 3 dandys dada! 5/10 Une excellente idée que d'avoir voulu sortir de l'ombre, Vaché, Crévan et Rigaut, ces 3 chevaliers dadaîstes, à la vie brève, "résistants" de la première heure à la"grande guerre" mondiale Une occasion, que l'on pensait prometteuse, de découvrir les trois dandys dada dont je n'avais jamais entendu parler. Le choix du mode cabaret pour cette évocation paraissait une bonne idée pour apporter un peu de fantaisie et de légéreté à une évocation qui s'annonçait grave, pessimiste et, sans doute, absurde et pleine de dérision. Celui de la scénographie aussi: une scénographie à grands moyens et plutôt réussie (décors, costumes, musique), d'autant qu'elle est bien servie par les excellentes Sophie Lenoir, Alexie Ribes et la chanteuse lyrique Aurore Ugolin, autant meneuses de revue que personnages à part entière dans la vie des 3 dadaïstes, tout comme par l'homme multi rôles, Stéphane Roger. Ils assurent tous les 4, superbement. Mais tout ceci -un peu convenu d'ailleurs- étouffe complètement ce pourquoi le projet semblait construit: ressusciter devant nous les 3 dandys. Le texte inabouti, décousu, mal construit, manque de percutance et, laisse en marge les 3 héros que nous ne découvrons pas véritablement, même si l'interprétation des artistes (Fau, d'Abboville, Lassince ) n'est pas à mettre en cause. Ils s'en sortent même plutôt bien et mettent autant d'entrain que la situation et la pièce le leur permettent. Mais on s'attendrait à un texte et une mise en scène qui se centrent davantage sur eux. et à une évocation plus approfondie et plus claire. On finit par s'ennuyer et par regretter qu'envahi par ce mode cabaret trop prégnant, l'hommage à ce trio ne soit pas rendu comme il le devrait....et que l'émotion comme le rire en soient quasiment absents. Il ne nous reste plus qu'à lire le programme.(plus explicite que ce qu'on a vu sur les intentions visées) ... et, à aller directement aux écrits des 3 dadas pour en apprécier la saveur, l'absurdité, la provocation, la noirceur désespérée, le cynisme et faire résonner en nous l'esprit dada. # écrit le 10/04/16
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