Patrick Goulet

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Théâtre contemporain: Le Silence des lendemains

-Louanges aux comédiens
8/10

Pièce interprétée par 6 comédiens, de différentes générations, dont la qualité se révèle excellente, de telle sorte qu'on peut considérer qu'ils ne jouent pas, qu'ils n'interprètent pas leur personnage mais SONT les personnages ! L'action se situe à Limoges en 1960, soit 15 ans après la fin de la dernière guerre. Par ordre d'entrée en scène. Clara-Marie Durand EST Hélène, une lycéenne forte en thème, juive (le détail a son importance pour le sens de l'action), moquée (de nos jours, on écrirait "harcelée") par ses camarades. Elle vit cela très mal et ce, d'autant plus qu'elle prend conscience que ses parents lui cachent un secret, un secret de famille, ce qui l'amènera à se révolter, les bousculant par de violents propos réalistes. À la suite de cela, ses parents lui livreront le secret familial. On sent chez Clara-Marie Durand un fort tempérament qui devrait lui permettre d'ÊTRE de forts personnages de théâtre. Elle lance sa voix, ce qui est rare pour les jeunes comédiens : même au fond d'une grande salle, on l'entendra. Jade Lenoir EST Agnès, une autre lycéenne qui ne partage pas le comportement des harceleuses et tente de se rapprocher d'Hélène. Il s'agit d'une jeune fille de "bonne famille" (contrairement à Hélène), son père est juge. De prime abord, Hélène refuse énergiquement l'attention que lui porte Agnès mais progressivement celle-ci va "apprivoiser" sa camarade et les deux lycéennes deviendront amies (Nicole Gros, l'auteur et metteur en scène, a très bien rendu l'évolution du rapport entre ces deux personnes). Par son éducation petite bourgeoise, Agnès/Jade Lenoir est plus posée qu'Hélène, davantage mesurée et retenue. Fille unique, comme sa camarade, ses parents cultivent aussi le non-dit, si dévastateur pour l'enfant. Sous la bénéfique influence d'Hélène, elle va se rebeller mais par une froide colère maitrisée un moment, sans jamais toute fois déborder outre mesure, "éducation oblige"... Isabel de Francesco EST la mère d'Hélène, femme au foyer (comme tant d'épouses dans ces années-là), souffrant de sa condition, des tâches répétitives pour la tenue de la maison et passant le reste de son temps à attendre le retour de sa fille et de son époux. Nous le comprenons lors d'une longue scène sans la moindre parole, exclusivement par des expressions de visages et des attitudes corporelles d'Isabel de Francesco /mère d'Hélène. Les rapports tendus avec sa fille Hélène la désespère. Elle nous révèlera dans le détail la raison de sa souffrance lorsque, bien plus tard, elle se confiera enfin à sa fille. Michel Mora EST le père d'Hélène, lui aussi se trouve en butte aux propos de sa fille. Par d'imperceptibles postures et petits commentaires, on se doute néanmoins qu'il s'agit du "chef"... de famille. On en a plus tard la confirmation : son épouse le craint, il refuse qu'elle travaille (elle était couturière), il s'oppose à l'arrivée de la télévision chez lui. On ne connait pas son métier, en revanche, dès son retour du travail, Michel Mora/père d'Hélène exige de diner avec son épouse et sa fille. Il sera à l'origine de la révélation à sa fille du secret de famille. On s'aperçoit alors qu'il est un père aimant, plein de sollicitude envers sa fille Hélène. Bernard Sender EST le père d'Agnès, nous faisons sa connaissance, ainsi que de son épouse, au moment où il s'apprête à tancer sa fille. Il montre sans aucune délicatesse qu'il "commande" : interrompant son épouse sans ménagement. Il reproche à sa fille Agnès/Jade Lenoir d'être rentrée tard (alors qu'elle en avait la permission) et la blâme de délaisser les livres pour la télévision ; on s'aperçoit qu'il s'agit d'un réactionnaire, d'un homme du passé, d'un autre monde. C'est dans cette scène qu'on constate que sa fille vousoie son père (le "vous" d'une enfant en vers ses parents caractérise bien le milieu dans lequel elle vit ou survit...) et qu'on sent sourdre en Agnès/Jade Lenoir une sourde colère froide évoquée plus haut. Anne Barthel EST la mère d'Agnès – grande bourgeoise (rien que par son ton et son aspect, cela saute aux yeux) voire peut-être aristocrate ayant épousé un roturier –, jusqu'à ce jour, elle a joué l'hypocrite rôle de sa classe : soutenant son époux de juge pour défendre et préserver LA FAMILLE. Le spectateur découvre ce couple au bord de la rupture. Sous prétexte de reprocher à son mari l'indifférence et la froideur qu'il observe vis-à-vis de sa fille, Anne Barthel/mère d'Agnès décide d'une franche et ferme explication avec lui. Et là, nous sommes témoins (plutôt que spectateurs j'écris témoins, tant la scène est criante de VÉRITÉ, de RÉALITÉ), nous sommes témoins invisibles et voyeurs d'une gigantesque engueulade dans un couple de "la haute". Le juge/Bernard Sender tente de se dérober, son épouse/Anne Barthel l'en empêche presque physiquement. Oh ! là, pas d'insultes ni de mots grossiers, ce n'est pas le style de la classe, de cette classe. L'échange s'effectue à fleurets mouchetés mais leur mouche est si fine que le fleuret pénètre jusqu'à la garde. Anne Barthel et Bernard Sender habitant avec tant de vraisemblance leur personnage que nous jouissons de ce qu'enfin ce juge "prend dans le portrait". Nous apprenons qu'il fut en fonction durant l'Occupation, c'est-à-dire entre 16 et 20 ans auparavant (les magistrats devaient prêter serment à Pétain) ; qu'à la Libération, maintenu à son poste, il aurait été indulgent envers des collabos criminels. Nous n'en saurons pas davantage (contrairement au secret de famille des parents d'Hélène qui nous est révélé dans le détail), nous sommes laissés dans le flou, un peu sur notre faim par comparaison avec l'autre couple. Cependant, rien ne nous empêche de supposer, d'imaginer ; peut-être est-ce d'ailleurs le souhait de l'auteur... À la suite de cette scène Anne Barthel/mère d'Agnès va se confier à sa fille mais celle-ci, avant d'écouter sa mère, de recueillir ses paroles, explose de colère. Apaisant sa fille, la mère entonne, en français, le refrain "ma faute" concernant son indéfectible soutien qu'elle apporta à son époux dans le passé. Finalement, ne nous est pas confié grand-chose : chez ces gens-là, le dit demeure toujours enrobé de non-dit... Elle révèle néanmoins à sa fille la décision qu'elle a prise mais que je ne livrerais pas... ni le dénouement... venez donc voir la pièce... J'ai assisté à plusieurs représentations de celle-ci et, à chaque fois, chacun des comédiens a incarné son texte avec TOUJOURS LA MÊME INTONATION désirée par l'auteur et metteur en scène, Nicole Gros, LE MÊME TON. Essayez donc de répéter, ne serait-ce qu'une simple phrase d'un dialogue, en reprenant sans cesse la même inflexion de voix : vous n'y réussirez pas. Les comédiens, eux, ils y parviennent : ils SONT les personnages. Cette pièce est représentée dans la petite salle. Au premier rang, le spectateur – discrète petite souris de l'action – peut, incommensurable privilège, presque toucher les personnages, je veux dire les ÊTRES VIVANT devant lui. Au sortir du spectacle, rencontrant les comédiens, on se rend compte qu'aucun d'eux n'est dans la vie le personnage de la pièce. On est à la fois déçu et considérablement émerveillé. Ils nous apparaissent comme tout un chacun alors que 10 min auparavant, ils ÉTAIENT les personnages, preuve de leur excellence. C'est cela la magie et le mystère des comédiens de théâtre. MERCI AUX COMÉDIENS !
# écrit le 07/05/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Seul(e) en Scène: Baudelaire... Vivant !

-Baudelaire bien vivant !
Théâtre du Nord-Ouest "Baudelaire vivant" Seule-en scène de Laurent Jérôme Jeudi 14/11/2023 à 18 h 30 J'ai d'abord reconnu du Baudelaire et puis je me suis rendu compte que Laurent Jérôme ajoutait, intercalait entre les oeuvres du Poète ses propres propos d'homme du 21e siècle en résonance avec le créateur du 19e siècle. Soudain, j'eus l'illumination : il ne s'agissait pas de Laurent Jérôme commentant Baudelaire mais Baudelaire lui-même présent sur scène et nous interpelant. Un moment, Laurent Jérôme leva les bras et croisa les mains derrière sa nuque : son visage était celui de Baudelaire ! L'affiche du spectacle ne mentait donc pas, ce soir-là, au théâtre du Nord-Ouest, Baudelaire était vivant avec sa belle noirceur éclatante ! Allez le rencontrer, si ce spectacle est reprogrammé en 2024 !
# écrit le 16/12/23


Théâtre classique: Huis clos

-"Huis clos"
10/10

Superbement interprété ! De la qualité de la Comédie Française.
# écrit le 20/03/16




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