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Danse contemporaine: Au creux de mon silence

-Comme les anciennes mystères...
Je laisse aux autres le rôle d'exprimer leur joie et leur enthousiasme pour un très beau spectacle, émerveillant dans son inventivité sans cesse, et dans son énergie débordante du début jusqu'à la fin. A mes yeux, il ne s'agit pas d'un simple divertissement. Il s'agit d'un voyage de l'âme d'une femme artiste à travers les péripéties de la vie, et me rappelle les mystères de l'ancienne Grèce. Il me semble que ce spectacle opère à peu prêt de la même façon que ces mystères, où à travers une expérience des scènes successives orchestrées avec des plus belles lumières et musiques on vivait une sorte de voyage spirituel pour arriver à une vérité robuste qui ne serait jamais accessible à la raison toute seule. Un vécu poétique plus fort et plus illuminant que n'importe quelle philosophie cérébrale et alors anémique. Danseuse sans pareille, chorégraphe visionnaire, artiste expérimentée mais toujours à la quête de réinvention et de redécouverte, avec ce spectacle Géraldine Lonfat nous offre, en effet, une distillation de sa vie d'artiste. Pas au niveau des banalités de la vie quotidienne, mais au niveau de ce grand voyage spirituel auquel aucun de nous ne s'échappe. Mais comment le vivre, dans un monde où la vulnérabilité du corps peut nous laisser presque mort sans nous donner la grâce de partir, nous obligeant plutôt de faire quoi? Reconstruire? Meme renaitre? Tu crois? Eh bien, oui, insiste-elle. Il y a un chemin, selon Géraldine Lonfat, à renaitre et reconstruire la vie, à rallumer la flamme de l'espoir et de la joie, plus brillante que jamais, c'est à dire---en dépit de tous les échecs qui peuvent arriver, avec tout ce qui n'est pas comme il doit être dans le monde, avec toutes les imperfections et tout le mal qui semble régner trop souvent, avec tout ce qui peut nous ronger de l'intérieur et nous battre de l'extérieur (car il ne s'agit pas ici d'une fausse narration sucrée du défi actuel)---vivre. Et si vous voulez savoir comment, vous n'avez qu'à laisser vous séduire chaque étape de son chemin revécue étape par étape réimaginé d'une façon kaléidoscopique où une femme seule sur scène semble remplir toute la salle avec la force et la complexité de toute une compagnie de danseuses sur scène---sans perdre pour autant l'intimité intensive d'une âme soeur face à vous qui voudrait vous prendre à part et vous confier la chose la plus importante qu'elle pourrait vous dire...qu'elle a apprit au risque de sa vie même. Si tout cela ne vous dit rien, l'inventivité de scène après scène, la force de toute cette beauté corporelle et artistique en action, tant de belles images et musique et lumière pendant que l'artiste se métamorphose d'une façon qui coupe le souffle encore et encore, rendent ce spectacle un qui vous ne voulez vraiment pas manquer. Si vous aimez la danse, il faut le voir. Si vous pratiquez la danse, c'est une leçon. Si vous n'aimez pas pas particulièrement la danse ou, comme moi, ne le comprend pas terriblement bien non plus, vous aussi vous risquez d'être bouleversé tout de même...
# écrit le 11 Mai , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Comédie: Opération Matriochka

-Un beau texte, des prestations excellentes
Ceux qui connaissent les oeuvres précédents de Benoit Marbot savent qu'il est un auteur exceptionnel qui nous livre des histoires des rapports intimes pleines de passions entre les personnages situés dans le contexte des événements historiques. Depuis le chef d'oeuvre de La Valse avant la Nuit (bataille de Verdun) en passant par le très actuel Sniping Zone (Sarajevo) jusqu'à, maintenant, Opération Matriochka... Marbot ne s'arrête pas de chroniquer l'évolution de notre humanité intime au sein des grands événements de l'histoire. " Nous nous pouvons pas nous échapper à l'histoire " a dit le président américain Lincoln ; Marbot nous montre comment. Je n'ai pas suivi toute l'évolution de son écriture, mais il me semble que cette fois ci, son art avance dans le sens qu'il traite des sujets assez graves (la guerre en Ukraine, le destin d'une fille de ce pays) dans un style comique---un nouveau défi artistique qui suggère que l'auteur continue à faire évoluer et enrichir son travail. Encore et encore il y a des tournants de l'histoire qui seraient purement drôle dans une pièce qui était simplement comique, mais qui ont encore une dimension de gravité autour. Les comédiens sont tous excellents, jouant dans un style naturel et aisé qui rend les complications de l'histoire facile à suivre. L'expérience et le talent de Pierre-Antoine Lenfant et Théo Hurel est plus qu'évident. Ils gèrent aisément tous les tournants de l'histoire qui vont révéler des aspects du caractère de chacun insoupçonnés à partir du début de l'histoire. C'est à dire, Marbot a eu le bon sens de faire un casting des comédiens qui sauraient jouer sa pièce. Entre eux, on ne peut pas manquer de remarquer que Sofia Maria Efraimsson, une fois de plus, nous livre une prestation sans pareil, vibrante, nuancée. Elle sait évoquer notre pleine sympathie et la garde jusqu'au bout, en dépit des surprises qu'elle dévoile au fur et au mesure qui nous montre que cette pauvre belle femme est plus compliquée qu'on aurait peut-être pensé. (N'avons-nous tous un peu tendance à simplifier notre compréhension des réfugiés comme s'ils n'étaient pas aussi complètement humaine, et alors, compliqués, que nous?). Et sa façon d'articuler les critiques des français que Marbot met dans sa bouche sont encore plus hilarantes grace à la sincérité avec laquelle elle les articules. Finalement, puisque la femme est au centre de cette histoire, la force motivante pour tout ce qui se passe enfin, il fallait une comédienne qui sait imposer sa présence, dont on a du mal à détourner le regard dès qu'elle entre sur scène. Avec son jeu de comédien instinctif et approfondi, Efraimsson réussit le coup comme si rien ne serait plus naturel que ce mélange de comédie et du sérieux. Quel plaisir délicieux de voir un des personnages si bien imaginé par Marbot si bien incarné par Efraimsson. Si vous aimez l'écriture dramatique, si vous aimez un bon jeu de comédien, et si vous aussi vous vous demandez parfois, comme moi, mais comment est-ce que nous continuons à vivre nos vies quotidiennes si mesquines en même temps que les gens se massacrent et sacrifient leurs vies à l'autre bout de notre cher Europe---courrez, courrez pour aller voir cette pièce.
# écrit le 03/11/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Théâtre contemporain: Quelque part dans cette vie

-Le maitre
Admettons qu'il y en a qui pense que le théâtre sérieux, l'art du jeu de comédien, les vrais artistes, ne se trouvent pas dans les grands théâtres privés, car, "ça c'est de la commerce." Arditi et Devos nous montrent qu'au moins dans ce cas, ce n'est pas vrai. Je doute qu'il y a un comédien dans toute la France qui vive et respire aussi naturellement, instinctivement, et avec tant de crédibilité, que Pierre Arditi. Malgré toutes les années qu'on le connaît, tous les roles qu'il a joué, dès son entré sur scène, on le prend pour le personnage, et cela ne s'arrête pas pour un instant pendant cette histoire qui est un vrai défi pour l'homme. Le profondeur dans lequel il se plonge pour incarner ce vieil homme sur le point de mourir était si évident qu'à la fin de la pièce, pendant les saluts, on voit que ce n'est que progressivement que son visage et ses yeux perdent l'angoisse et la souffrance du personnage; on le voit revenir à lui-même peu à peu, et avec difficulté, il s'est oublié autant. Devos se tient très bien face à lui, avec une concentration sous son charme comme un couteau enrobé dans un fourreau de soie... Tout le reste, n'est que la logistique de ce qui arrive quand deux artistes de haute qualité se rendent à une histoire entrainante... Bravo, et merci pour une expérience hors norme...
# écrit le 20/04/18 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com


Théâtre contemporain: Louise au parapluie

-Captivant et émouvant
10/10

Comme une grande chanteuse, transforme une mélodie modeste en air d'opéra, Myriam Boyer transforme la vie d'une femme modeste en un moment du théâtre émouvant qu'on n'oubliera pas bientôt. Elle vit, et on vit avec elle, la vie d'une femme modeste dans un village modeste avec des aspirations on ne saurait plus modestes. Accroché dès son premier pas sur scène, grace à sa façon de vivre au lieu de simplement jouer, je me suis trouvé encore et encore ému au point de sentir l'approche des larmes, sans les verser. Elle touche un objet, un objet assez banale, et toute la vie autour de cet objet parait et prend charge de la salle et de nous tous. Aristote a dit qu'on pourrait savoir qu'une tragédie était bonne si, juste en entendant une courte description de l'action, vous ressentiez de la pitié et de la peur. Le pauvre, il ne comprenait rien de la force de ce que créent les comédien(ne)s qui maitrisent leur métier. Aucune description de l'action de cette pièce pourrait vous faire vivre la vie de ce personnage né de la génie et la sacrifice d'égo de Boyer. Il faut y aller. Alors, ne ratez pas l'opportunité. Une expérience comme cette pièce nous rappelle, et nous apprend si on ne le savait pas encore, combien le jeu de comédien est magnifique quand l'artiste dépasse l'artifice en faveur du vécu et de la vérité. Quant à la pièce, son portrait de la vie de cette femme ouvrière, ses joies ses tristesses sa conviction, a peut-être plus de force que toutes les pièces "engagés" ou idéologique qui prétend parler de la vie de la classe ouvrière. Merci à Myriam Boyer pour des moments inoubliable vécu pour nous tous grace à elle. (Et oui, il y avait bien des bravos à la fin!)
# écrit le 26/10/19


Théâtre classique: Mademoiselle Julie

-Excellent...
10/10

Surtout envouté par la prestation de Sofia Efraimsson dans le role de la bonne qui explose tout à la fin de la pièce. Son jeu instinctif, puissant, et vrai était épatant!
# écrit le 12/03/17


Théâtre contemporain: In My Other Life

-théatre résolument d'aujourd'hui et de demain
M.e.s. et pétillante comedienne Julie DeLaurenti et son équipe enthousiaste (la délicieuse Tiffany Hoffstetter et l'intrigant Clarence Tolkey) nous offrent une belle soirée de vignettes écrites par le célèbre auteur irlando-americain Shanley. Il est bien rare de voir, dans l'univers des petits théatres, autant d'attention détaillée à chaque aspect de l'expérience théatrale, des costumes au décor au surtitres... Leur enthousiasme est contagieux. L'écriture est du premier ordre. Et l'enjeu de cette experience on ne saurait plus 21ème siècle semble d'etre, dans leur mains et à travers leur engagement passionné, la recherche de la vie, la vraie, la vie qui importe quelque chose, merveilleuse, emportante, irréductible à une formule ou une définition, une vie qui insiste d'etre vécue pleinement, par toute une nouvelle generation, obligée de la réinventer de nouveau, faute de ne pas avoir hérité grande chose dans ce domaine de la part de ceux qui leur précedaient. Moi je suis sorti de la salle incertain d'exactement quel était le message de ce spectacle, ou meme s'il y avait un message d'une façon conventionnelle, mais convaincu de la solidité artistique de ce que ces jeunes talents avaient insisté qu'il fallait créer, qu'il fallait vivre. Et cela m'a rassuré qu'au moins dans cette instance, il y a une lueur d'espoir pour l'avenir du theatre à Paris dans les mains de ceux et celles qui vont le construire à l'avenir... Si tu veux voir la promesse de l'avenir un peu en avant, c'est une belle façon de le faire.
# écrit le 13/05/14




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