Dès la première minute, nous sommes débarqués, bien loin de Vérone, sur une île peut-être, dans une maison isolée et presque insalubre... Les comédiens entrent en scène : une famille bourgeoise, étriquée, conformiste qui peu à peu rencontre les occupants excentriques, cyniques et mystérieux. Vincent Marbeau signe une première mise en scène sobre et dynamique, saisissant le drame qui se joue avec subtilité : ce n'est pas la mort qui est tragique mais la vie. Alors, tour à tour, on rit, on a peur, on enrage, on pleure... Les comédiens rythment le " choeur " des personnages : il n'y a ni bons ni méchants, tous nous émeuvent. Aurore-Julia et Christelle-Jeannette nous offrent deux visages éternels de la femme, violents et poétiques. Lydie-Mère et Bernard-Beau-Papa campent des figures parentales aux antipodes l'une de l'autre, autoritaires ou laxistes. Marco-Frédéric et Vincent-Lucien incarnent les visions masculines de l'amour, sereines ou cyniques. On en déteste certains pour mieux aimer les autres et tout se brouille si bien qu'on aime aussi ceux qu'on jugeait mauvais. Peut-être est-ce ça la morale de la pièce ? Ne préjugeons pas ! Chacun se débat dans sa vie pour lui donner un sens, pour trouver la flamme qui donne l'élan à nos pas, des ailes à notre destin. Ne les jugeons pas, nous sommes chacun d'eux. # écrit le 05/07/15