La Semaine Théâtrale

Vous suivez cet utilisateur Inscrit Il y a 7 ans 3 critiques Ajouté par 1 internaute Ajouter cet utilisateur
Ses critiques



Vous êtes du même avis que "La Semaine Théâtrale" et souhaitez être tenu informé
de ses prochains commentaires, Ajoutez cet utilisateur et Suivez-le.

Ses critiques



Théâtre classique: La Danse de mort

-À voir ce que nomme Strindberg « petit enfer » au paradis de la Reine Blanche !
10/10

Le petit enfer n'est pas toujours là où on l'imagine, il est surtout visible quand il est trop tard, lorsque l'on est à l'intérieur, clos de toute part par des flammes monstrueuses, que l'on a soi-même alimentées. La Danse de mort n'est pas chose aisée. Bien souvent, elle s'inscrit dans une folie incontrôlable. Mais quand celle-ci est chorégraphiée par un metteur en scène de renom, génie de la pensée pas toujours entendu ni intenable, ici en la personne de l'incroyable Stuart Seide, on peut se dire que le théâtre de qualité peut aussi éclore, se mouvoir, se créer dans un lieu privé. C'est évidemment ce qui arrive avec l'association des deux ; de la pièce et de son lieu, La Reine Blanche. Et ce qui pourrait paraître comme une gageure est en réalité une entreprise audacieuse qui mérite tout le confort de l'écoute, de notre compréhension, voire de notre soutien. En ces temps où l'art du théâtre semble acculé aux portes de l'enfer, ouvrir celles de La Reine Blanche, c'est comme entrevoir le paradis. Mais attention, toujours se méfier de ce que l'on peut y trouver ... le bien, comme le mal. Rassurez-vous, ici, on ne parlera que du mal en bien. Car pour revenir au sujet de la pièce de Strindberg, il faut reconnaître qu'il s'agit là d'un morceau particulièrement dérangeant à certains égards, tant sur le plan textuel que sur celui de l'inter-soumission entre les protagonistes, égrené au fur et à mesure jusqu'à éclatement de la vérité ; celui du jeu recommençant. 25 ans. 25 ans qu'ils se côtoient, se murmurent des mots d'amour et s'engueulent, en vociférant, bien sûr ; c'est bien connu, au plus gueulard revient le mérite. Car dans La Danse de mort, force est de constater que la douceur du ton est reléguée très souvent en arrière, ricochant en colère sur les parois sombres d'un chez soi sinistre. Et ce n'est pas en s'apprêtant à fêter leurs noces d'argent, que chacun va aiguiser ses ambivalences, selon s'il est en bonne ou mauvaise posture. Et c'est là que Strindberg parvient à maintenir l'équilibre de sa pièce. Il est militaire, stagnant dans la boue du remords, pris entre deux feux, elle est une ancienne actrice, qui semble-t-il, n'a pas franchement connu les planches. À défaut donc d'avoir été ce qu'ils auraient pu être (ou dû être), ils vivent leur rôle à la maison. Ce qui leur permet de trouver des prétextes à s'entretuer, dès qu'ils ressentent l'envie d'être leur possédé. Et autant dire qu'en matière d'interprétation, Jean Alibert et Helene Theunissen, nous offrent ici un formidable jeu, finement savoureux, très étudié, jamais approximatif. Il faut dire qu'ils sont merveilleusement bien soutenus par Pierre Baux et Karin Palmieri, que l'on aurait aimé voir davantage. Bien sûr, comme il s'agit de fêter leurs noces d'argent, arrive l'ami, le tiers qui va enrayer la machine. Et là encore, Stuart Seide a bien fait de choisir Pierre Baux, intense dans son rôle victimaire, épatant par son attitude lymphatique, parfois au bord de la complaisance de l'autoflagellation. Un ami dont les affres d'une séparation avec ses enfants vont devenir l'arme de la perversité grandissante chez ses hôtes. Autant dire que Stuart Seide a réussi son pari. D'autant que la scénographie, le son, les costumes et le maquillage ont été étudiés avec soins, sans fard inutile, juste dans la continuité subtilement lumineuse d'un sujet épatant !
# écrit le 01/10/17


Comédie: Les jumeaux vénitiens

-Courez voir Les Jumeaux Vénitiens !
8/10

C'est une histoire de gémellité malheureuse, au siècle où le monde est devenu une terre de révoltes, où l'on pressent les dangers et les ravages de ces changements, mais aussi des histoires d'amour à coeur ouvert, si ouverts les coeurs qu'ils ne laissent aucune place au hasard ; d'emblée, on devine ce qui va advenir de ces êtres à la destinée d'un classicisme théâtral parfois excessif. Et à vrai dire, peu importe, puisque l'excellente mise en scène permet ces extravagantes aérations sans qu'elles mettent en danger la qualité de la pièce. Car force est de reconnaître que Goldoni signe là un de ses textes les plus plaisants à entendre, même s'il lui manquera toujours le droit à l'étourderie dont Shakespeare savait s'accommoder. Si les intrigues sont d'une facture classique, maintes fois usitées, il serait malhonnête de ne pas évoquer le double rôle joué par Maxime d'Aboville. En effet, tantôt jumeau idiot, tantôt jumeau réfléchi, le jeune acteur maîtrise ici l'art du dédoublement comme peu d'acteurs savent le faire. Subtil caboteur, jamais il ne cherche à en faire trop, sachant exactement où se situe la justesse, assurant ainsi au fil conducteur de la pièce la maîtrise idéale du rythme. Non pas que ses partenaires n'en soient pas capables, mais parce que la thématique qu'ils servent est avant tout un dispositif servant de révélateur à un personnage en proie à une rocambolesque destinée. Lisez par vous-même ; Zanetto et Tonino, séparés à leur naissance, ont une soeur, elle-même ayant été abandonnée dans son couffin. Un trio que la vie aurait dû évidemment empêcher de se rencontrer, et que pourtant la vie elle-même va permettre ; il est vrai que la vie aime se jouer des pauvres âmes au coeur d'artichaut. À l'instar de ces deux frères, toujours séparés vingt ans plus tard, cherchant à convoiter leur dulcinée respective. Forcément dans la même ville – sinon ce ne serait pas drôle -, provoquant quiproquos, emballements, amours et désamours, fuites, duels, vertiges et mort, le tout possible grâce à des êtres avares et mesquins. Si Jean-Louis Benoît parvient à imbriquer les rôles les uns dans les autres avec une acuité formidable, il est regrettable de constater combien le jeu s'avère un tantinet inégal, de même que l'on peut ressentir une misogynie latente chez Goldoni lui-même. Rassurez-vous, pas au point de se demander si l'on fait bien d'y aller ou non. D'autant qu'il est à noter la merveilleuse scénographie de Jean Haas, monumentale et délicate, baignée dans les teintes harmonieuses et élégantes du créateur lumière Joël Hourbeigt. Et à ce propos, reconnaissons au Théâtre Hébertot son droit à la noblesse du genre pour permettre à des spectacles de qualité de rencontrer un public trop souvent soumis à des propositions appauvries par un théâtre privé qui ne se renouvelle pas, du moins plus assez. Aussi, ne serait-ce que pour cette leçon offerte par de talentueux et rares créateurs, oui, un seul mot d'ordre s'impose : Une pièce de Carlo Goldoni - Adaptation et mise scène Jean-Louis Benoît - Avec Maxime d'Aboville – Olivier Sitruk – Victoire Bélézy - Philippe Berodot – Adrien Gamba-Gontard – Benjamin Jungers - Thibault Lacroix – Agnès Pontier – Luc Tremblais - Margaux Van Den Plas - Costumes Frédéric Olivier - Collaboration artistique Laurent Delvert Anne Champaigne
# écrit le 24/09/17


Théâtre contemporain: Tristesse Animal Noir

-À découvrir évidemment !
8/10

Que se passe-t-il dans la tête de l'auteure Anja Hilling pour faire le tour d'un sujet sans jamais s'y brûler, comme si elle demeurait imperméable à toute combustion du corps par l'esprit ? Car si sa matière verbale est dense, riche, à la fois crue et bavarde, elle semble être une matière froide, quasi clinique, qui ne parvient jamais à se fixer ni sur la chair des personnages ni dans leur regard. Pareille à la volonté d'un égo qui, pour se donner de la valeur aux yeux des autres, créé une distance de prétention, rendant invisible tout ce qui fabrique un être humain. Il est vrai aussi que ce texte est avant tout construit comme un récit, parfois monocorde, parfois traité sous forme de dialogue, qu'il n'est pas à situer dans la veine bien vivante des Lagarce, Koltès et autres. Bien au contraire, il est dans celle de la déconstruction, de la dégéocalisation des rapports, les faisant disparaître alors qu'ils viennent à peine d'éclore. Par chance, cette prodigieuse ineptie pour un texte de théâtre est traitée différemment par Grégory Fernandes, qui a su mettre son jeune talent au service d'un vrai théâtre de reconstruction après un feu destructeur. Le feu dans ce texte n'étant pas forcément celui auquel on pense. Plutôt que d'évoquer la première partie de la pièce, qui malheureusement souffre d'un traitement trop rapide, comme si dans l'esprit même du metteur en scène elle n'avait que l'importance d'une absurde et inutile situation – ce qui n'est pas tout à fait faux -, il serait intéressant de s'attarder sur les charnières entre les autres parties. Puisque c'est à ces niveaux que les personnages sont les plus vulnérables, qu'ils se disloquent en même temps que se volatilisent leurs confidences dans l'espace confiné d'un feu de forêt sur le point de s'achever, après avoir consumé de malheureuses petites existences. Ainsi, passons-nous du tableau des six amis dans l'errance d'une sombre nature au goût de cendre, à celui d'une fête salvatrice puis apocalyptique, en passant par l'impulsion des désirs ardents jusqu'alors non-dits ou très peu vécus. C'est d'ailleurs ce que l'on retiendra le plus dans cette histoire ; les associations des sentiments intimes par individus interposés. Puisque l'auteure ne va jamais jusqu'au bout, pas vraiment, ou alors pour faire mourir trop tôt la crudité de ses mots. D'ailleurs, peut-on regretter que Grégory Fernandes préfère les faire ressortir à renforts de sons, judicieux, mais trop omniprésents, de vidéo pas toujours heureuse, de procédés maintes fois utilisés dans des mises en scène de ses paires, dont certaines ont influencé ce surrégime dramatique. À l'image de cette nudité moyennement assumée, comme s'il avait pris conscience qu'une sophistication scénique excessive affaiblissait le sujet, sans toutefois vouloir le corriger. Et après tout, pourquoi lui en vouloir ; ils sont jeunes, bien que loin de la quarantaine suggérée par l'auteure, et par conséquent veulent consumer de la chair à défaut des mots. Quoi qu'il en soit, il est évident que nous assistons à l'émergence d'une véritable troupe, pleine de promesses, de convictions, de certitudes (espérons pas trop), qu'il faudra suivre de près. Sous condition toutefois, qu'à l'avenir, leurs choix se portent sur des textes contemporains capables de faire ressortir et leurs atouts organiques et leurs engagements intellectuels. En clair, qu'ils prennent des risques et non pas la voie d'une esthétisation primant sur le sens. À découvrir évidemment ! Une pièce d'Anja Hilling - Traduction de Sylvia Berutti-Ronelt en collaboration avec Jean-Claude Berutti - Mise en scène et scénographie - Grégory Fernandes - Assistante à la mise en scène - Claire Barrabès - Dramaturgie - Raphaël Thet - Lumières - Stéphane Deschamps - Vidéo - Julien Dubuc - Son - Samuel Mazzotti - Costumes - Émilie Hug – avec Claire Barrabès – Clément Beauvoir - Laurent Cogez - Grégory Fernandes - Pascal Neyron - Yoann Parize - Marie Quiquempois et Lou Wenzel Anne Champaigne
# écrit le 24/09/17




Recherche avancée

Le
Heure de la Séance:

Prix souhaité :

Type de sortie :

Titre d'événement :

Artistes :

Capacité de la salle:


Nom de la salle :

Ville ou code postal :

Type de Public :

plus de critères
Trier les résultats par :




Les Thématiques