Pinkychou

One man show: Lolla Wesh dans Le stand-up drag

-Lolla superstar
Comme beaucoup, j'ai ri en voyant les nombreuses vidéos de Lolla Wesh sur les réseaux sociaux, où, " maquillée à la truelle ", elle nous alpague avec son " coucooooou " rauque si caractéristique. Mais je ne m'attendais pas à rire autant en assistant à son spectacle: cynisme, humour noir, humour absurde, mime, dad jokes et bien sûr le burlesque cher à Tom de Montmartre, autre personnage incarné par Tom Dardis sur scène; les blagues et situations s'enchaînent: aucun répit pour le public. Rôdée à l'exercice, Lolla Wesh enchaîne blague sur blague sans s'essouffler, avec une vulgarité assumée, mais toujours engagée. Gaye, travailleuse du sexe, folle et drag, elle offre dans son spectacle une critique du genre comme système et de l'hétérosexisme comme oppression, partant d'une citation d'Arthur Dreyfus, " Il faut en finir avec le malheur d'être gay ", pour arriver, sans le nommer, à la même conclusion de Rosa von Praunheim dans un de ses films : " Ce n'est pas l'homosexuel qui est pervers mais la société dans laquelle il vit ". Et Lolla Wesh ratisse large pour dénoncer le patriarcat et déconstruire les masculinités – gayes comprises, assenant le public de références académiques sans qu'il ne s'en rende compte : masculinité hégémonique (Raewyn Connell) et homosociale (Michael S. Kimmel), hétéronormativité (Adrienne Rich, Monique Wittig) et homonormativité (Lisa Duggan, David M. Halperin), homophobies intériorisée et ordinaire (Daniel Borrillo), insultes et sexisme (Laurence Rosier, Didier Éribon), discriminations et intersectionnalité dans les communautés LGBT+ (Damien Trawalé, Tim Bergling)... Avec pédagogie et bienveillance, l'" encyclopédale " aborde également des thèmes propres aux minorités de genre et sexuelles, telles que la santé sexuelle, la consommation de produits psychoactifs, la (sur)consommation sexuelle, la santé mentale... Se mettant à nu dans un final simple mais surprenant en ce qu'il créé une rupture avec ce qui précède, la frontière qui sépare Lolla Wesh de son interprète Tom Dardis semble mince sinon inexistante. Lolla n'est pas un personnage, ni une facette de la personnalité de Tom : le drag est à peine une armure d'artifices, mais davantage un avatar, une forme excentrique adaptée à la scène et permettant à un trentenaire homosexuel de communiquer avec une audience sur son vécu et ses espoir, et, à travers Lolla, sur ceux de ses pairs, pour que plus jamais il n'y ait de malheur d'être gay.
# écrit le 20/03/23 , a vu cet évènement avec BilletReduc.com